Les partis politiques se créent pour la défense d’un idéal collectif. Ils se doivent d’incarner une conception de l’économie et des relations sociales. Les contenus des programmes de ces derniers doivent être une réponse aux aspirations du peuple et le fruit de la réflexion de leurs militants. Or, il se trouve qu’au Burkina Faso, les partis politiques sont créés autour d’un individu et non d’un idéal. Pour bon nombre de formations politiques au Faso, l’alternance est une valeur peu promue, ce qui met à mal leur institutionnalisation.
L’une des causes de l’insurrection de 2014, c’est bien la question de l’alternance démocratique tant réclamée par les partis d’opposition. Ces derniers reprochaient des choses au parti au pouvoir d’alors, pourtant eux-mêmes ne sont pas exempts de critiques. Un regard panoramique sur le paysage politique de notre pays montre en effet que la classe politique est dirigée majoritairement par des personnes d’un certain âge. Même s’il y a de rares jeunes qui sont au-devant de quelques partis, ils sont aussi immobiles à leur poste. Cet état de fait n’encourage pas la frange jeune à s’intéresser à la chose politique, alors que ces derniers sont les plus nombreux de la population burkinabè. Convaincus qu’ils n’auront pas d’alternative pour faire passer leurs idées et leur façon de voir la vie de la nation, ils se rétractent. De ce fait, les mêmes personnes proposent les mêmes idées qui ne cadrent souvent pas avec les réalités de la masse. A certaines rencontres politiques, il n’est pas rare d’entendre dire : « C’est moi qui ai créé le parti », ou encore : « En attendant, c’est moi qui suis le président et c’est moi qui décide » à tout bout de champ par des pères fondateurs de certains partis politiques. Le parti politique ne doit pas être une propriété privée avec un possesseur qui peut en faire ce qu'il veut. Il doit au contraire être une institution qui survit à un éventuel infarctus de son fondateur et poursuit un idéal au-dessus des intérêts personnels et égoïstes.
Nous pensons humblement qu’un parti politique doit savoir recruter, séduire les jeunes pour pouvoir les attirer car, il ne faut pas l’oublier, la jeunesse est majoritaire dans notre pays. Enfin, un parti politique doit être capable de se retenir de lorgner ou de s’abreuver à la poche de celui qui l’a « accouché » ou compter seulement sur la subvention de l’Etat pour survivre. Il est difficile de demander à une personne de passer son temps à financer un parti et d’accepter de laisser une totale indépendance aux membres de le diriger comme bon leur semble. Après tant d’années d’expérience de la démocratie, il est grand temps que les leaders politiques pensent à une véritable alternance au sein de leurs partis. Car cela ne fera que les renforcer et les rendre plus institutionnels.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné