L’Union nationale des sociétés coopératives de producteurs de coton du Burkina (UNPCB), a tenu ce vendredi 16 février 2017 à Bobo-Dioulasso, une conférence de presse au cours de laquelle elle a fait le bilan de la saison cotonnière 2017-2018.
« Nous estimons, après des sorties dans les champs et plusieurs concertations entre acteurs de la filière coton, que l’heure est venue de communiquer pour éviter les amalgames », a tenu à préciser le président de l’Union nationale des sociétés coopératives de producteurs de coton du Burkina (UNPCB), Bihoun BAMBOU. Le point sur la campagne agricole écoulée, la problématique du coton génétiquement modifié était entre autres le menu proposé à la presse.
Une campagne peu reluisante
En ce qui concerne la campagne cotonnière 2017-2018, l’Union note que l’espoir d’une bonne campagne qui était né chez les producteurs s’est vu quelque peu freiné à partir de fin août 2017. « Des aléas climatiques matérialisés par des poches de sécheresses prononcées ont été enregistrés dans plusieurs zones agricoles. S’en sont suivies des attaques parasitaires de haute intensité. Ce qui a sans doute causé des effets néfastes sur le cycle des cotonniers, partant des rendements aux champs et sur la production globale qui s’est trouvée en deçà des attentes des vaillants producteurs », a argumenté dans son discours liminaire le Secrétaire général de L’UNPCB, Sibiri Yaya DAO.
L’UNPCB, pour pallier la situation, a initié une sortie de terrain dans toutes les zones cotonnières. Le conseil d’administration a ensuite entrepris des actions se résumant en des rencontres avec les acteurs de la filière coton. Au terme d’une série de concertations élargie, l’Union des cotonculteurs s’est engagée à :
- situer les producteurs sur les causes de la mauvaise campagne agricole 2017-2018 ;
- trouver une formule pour réduire de moitié les crédits des intrants ;
- ne pas mettre en exergue la caution solidaire de cette campagne ;
- échelonner le reste du crédit des producteurs de cette campagne sur deux à trois ans ;
- s’il y a un prix d’achat complémentaire du coton graine, il ne doit pas être frappé par le crédit des intrants de cette campagne.
- ne pas mettre en place les intrants qui ont fait l’objet de polémique sur le terrain avec les producteurs et chercher des intrants de qualité et surtout les insecticides.
L’UNPCB émet une réserve au sujet du coton made in Monsanto
Le coton génétiquement modifié (CGM) est loin de faire l’unanimité au Burkina Faso. Le marché des négoces est exigeant quant à la qualité des fibres et de la couleur du coton. Monsanto, la firme américaine, proposait aux cotonculteurs burkinabè des fibres courtes qui remettaient en cause le label envié des producteurs du Faso. En collaboration avec les acteurs de la filière coton dont l’UNPCB, l’Association interprofessionnelle de coton du Burkina (AICB) a décidé de la suspension temporaire du CGM au profit du conventionnel.
L’UNPCB au cours de cette rencontre, a précisé qu’elle est pour la culture du CGM à condition qu’elle prenne en compte les critères du marché international, c’est-à-dire du coton avec des fibres longues. « Nous voulons des OGM qui font l’affaire des producteurs. Depuis que nous avons abandonné le CGM, la fibre du Burkina est recherchée. Nous répondons aux normes que les clients recherchent. Nous souhaitons produire du coton génétiquement modifié conforme aux caractéristiques du coton conventionnel que nous emblavons en ce moment », souligne le premier vice-président de l’UNPCB Yacouba KOURA.
Le président de l’UNPCB, Bihoun BAMBOU, par ailleurs meilleur producteur de coton du Burkina Faso, estime que les cotonculteurs, contrairement aux messages véhiculés par des frondeurs, doivent s’acquitter de leur dette. L’union négocie avec ses partenaires, les banques et l’Etat en vue de trouver des solutions appropriées aux préoccupations de ses membres. Elle envisage de mettre en place des commissions de clarification des impayés internes et externes sur décision de l’AICB. L’UNPCB compte aussi faire des plaidoyers pour bénéficier du soutien des plus hautes autorités afin de soutenir la filière coton. « La filière coton n’a pas besoin de confrontations, ni de violence mais a plutôt besoin de concertations et de dialogues. C’est la voie choisie par le conseil d’administration de l’UNPCB qui est en contact permanent avec ses démembrements pour porter leurs doléances et préoccupations au niveau des partenaires », a conclu le secrétaire général de l’Union Sibiri Yaya DAO.
Yéssy BAKO