Depuis quelques années et à l’initiative de l’association Réel Canada, est célébré tous les 18 avril, le jour du cinéma canadien. Pour marquer cet événement cette année, l’ambassade du Canada au Burkina Faso, a décidé de la projection du film « Hochelaga » qui signifie « terre des âmes » au CENASA, à Ouagadougou. Du réalisateur canadien François GIRARD, ce film raconte sous l’angle des premières nations, et à travers différents moments marquants, l’histoire de Montréal en particulier et du Canada en général. Ce voyage en terre canadienne, a été l’occasion pour les cinéphiles burkinabè d’en savoir davantage sur la culture canadienne.
Le public qui a fait le déplacement dans la soirée du 18 avril a eu droit à une immersion d’une heure et quarante minutes dans l’histoire de Montréal, la métropole francophone du Canada. En effet, le film « Hochelaga » ou « terre des âmes » du réalisateur canadien François GIRARD, a été projeté au CENASA sur l’initiative de l’ambassade du Canada au Burkina Faso, et ce, à l’occasion du jour dit du cinéma canadien. Cette projection se passe dans le cadre de la journée du cinéma canadien qui est à sa cinquième édition. Mais, l’événement n’est célébré que depuis deux (02) ans hors du Canada. Célébrer cette journée au Burkina Faso qui abrite la capitale du cinéma africain revêt pour l’ambassadeur tout un symbole.
Sorti au Québec au Canada le 19 janvier, « Hochelaga ou terre des âmes », est un film de brassage et d’immersion culturels qui accorde une place importante aux premières nations et reflète ipso facto la diversité canadienne d’aujourd’hui.
Lancé l’été dernier au Festival des films du monde de Montréal et présenté en grande pompe dans le cadre des célébrations du 375e anniversaire de la métropole, « Hochelaga ou terre des âmes » retrace l’histoire de la ville à travers quelques périodes importantes. C’est un film d’ampleur qui réussit très bien son pari de marier l’histoire à l’émotion. On y navigue entre présent et passé, mais la spiritualité qui règne à travers le film fait en sorte que le récit reste bien fluide. En effet, les points forts du film sont la cinématographie impressionnante, les costumes et les décors riches et les histoires, à travers les siècles, qui bouleversent. Ceci Suite à un affaissement de terrain majeur qui coûte la vie à un joueur de football en plein match au stade Percival-Molson, l’archéologue mohawk Baptiste Asigny (Samian) entreprend des fouilles sur le site avec son équipe. Ses découvertes d’artefacts lui permettent d’aller à la rencontre des bâtisseurs de la ville. Sébastien Ricard incarne un Patriote poursuivi par les Anglais, Emmanuel Schwartz joue un coureur des bois amoureux fou d’une Amérindienne mais accablé par la maladie et Raoul Max Trujillo est un prophète des Premiers Peuples qui souffle un vent de spiritualité à travers le récit. Si le jeu de Samian, d’Emmanuel Schwartz et de Sébastien Ricard est très convaincant, on peine à s’attacher à certains autres personnages, comme la veuve du joueur de football, qui n’ajoute pas grand-chose au récit si ce n’est qu’une touche d’émotion à un film déjà suffisamment émouvant, ou encore Jacques Cartier (Vincent Perez) dont la rencontre avec les Iroquoiens s’avère intéressante, mais manque d’aplomb.
Son excellence Edmond WEGA, ambassadeur du Canada au Burkina Faso
Pour l’ambassadeur du Canada au Burkina Faso, son excellence monsieur Edmond WEGA, l’histoire du Canada est faite d’un mélange de cultures et d’inclusion qui sont à l’origine de sa grande richesse et qui se manifeste dans la multitude de langues qui sont parlées dans le film. « Le message du film est que si les cultures sont différentes, elles n’en sont pas moins riches et complémentaires les unes des autres » explique-t-il.
Les cinéphiles dont des officiels (qui ont rehaussé le prestige de la séance) qui sont sortis nombreux pour l’occasion, n’ont pas boudé leur plaisir à assister à cette projection cinématographique. « Il met en exergue l’historique diversité culturelle de la ville de Montréal. Une ville d’abord habitée par les Iroquois avant que les Européens ne débarquent au seizième (16e) siècle. D’où la grande diversité qui continue de caractériser la ville et le pays jusqu’à nos jours », explique Mahmoud BALBONE pour qui le scénario est des plus intéressant. Quant à Ivan SAWADOGO, il apprécie un film « très intéressant dont le scénario est fait de sorte à ce que même ceux qui n’ont pas de notions de l’histoire du Canada en retirent quelque chose. Des périodes charnières comme la colonisation française, la découverte des fusils et la révolte des Patriotes sont évoquées ».
Des remarques dithyrambiques qui ne sont pas vraiment une surprise vu le prestige de son réalisateur. En effet, « Hochelaga, terre des âmes », a été huit (08) fois nominé au prix Ecrans canadiens pour sa qualité visuelle, et sa trame sonore. Mieux, l’œuvre qui est une sorte de compilation de 750 ans d’Histoire du Canada que les fouilles de l’archéologue Mohawk Baptiste Asigny remettent au goût du jour grâce aux différents objets qu’il exhume. Signe de sa grande de sa grande valeur mémorielle, il a été plusieurs fois projeté lorsque la ville de Montréal qu’il évoque, fêtait son 375e anniversaire. Preuve que les Canadiens eux, l’ont adopté comme un miroir de leur histoire et de leur patrimoine.
Même si ce grand film n’a pour le moment pas remporté les prix de meilleur film et de meilleure réalisation, il a tout de même été l’objet de nombreuses nominations techniques telles que celle de direction artistique, d’images, de costumes et de maquillages. Il faut noter qu’avant même sa sortie en salle, il a reçu plusieurs grandes tapes dans le dos. En effet, il représentait le Canada dans la course à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère et récoltait dans la même semaine huit (08) nominations aux Prix Écrans canadiens.
Soumana LOURA
