L’artisanat est un secteur dynamique au Burkina Faso. Le pays abrite d’ailleurs depuis 1988 le plus grand salon africain d’exposition d’œuvres artisanales. Un secteur qui intéresse les touristes mais qui est au ralenti ces dernières années à cause des attaques terroristes que vit le pays depuis 2016. Radars Info Burkina est allé à la rencontre de quelques artisans.
Les objets en bronze font partie des produits que l’on rencontre dans les ruelles de la capitale. Des objets qui sont utilisés pour orner des salons ou en guise de trophées ou de prix pour récompenser des lauréats lors des cérémonies. Bref, le bronze fait partie du décor de la ville de Ouagadougou.
Au quotidien, les artisans sont à l’œuvre dans leurs ateliers pour la production, l’entretien et la vente de leurs œuvres. Au village artisanal de Ouagadougou, on rencontre plusieurs d’entre eux. Traoré Michael travaille dans un atelier où il fabrique et vend des objets en bronze.
C’est un métier qu’il exerce depuis plus de 6 ans. « Nous achetons le bronze avec des jeunes qui le récupèrent sur des objets usés. Ensuite nous le fondons sous l’effet du feu. Après, nous le coulons dans la maquette en cire de miel et en argile de l’objet que nous voulons produire avant de le nettoyer pour faire ressortir son éclat », nous explique-t-il.
Après la fabrication des objets souhaités, place à leur mise en vente. « Nos clients sont essentiellement des touristes européens. Nous avons aussi des acheteurs locaux mais ils sont moins actifs que les Européens », nous confie Traoré Michael.
A proximité de l’atelier de Michael se trouve celui de Hamidou, un autre jeune qui exerce ce métier depuis 2000. Après avoir mis fin à ses études, Hamidou Sawadogo intègre un atelier de bronze. Il y passe douze ans à apprendre et à travailler pour son patron.
Depuis 2012, il est désormais son propre chef. Dans son atelier, plus cinq personnes travaillent au quotidien pour satisfaire sa clientèle : «Depuis 2012, j’ai mon propre atelier dans lequel j’emploie 5 personnes à temps plein. C’est un secteur que je trouve rentable. Grâce à ce métier, je participe à des expositions en Afrique mais aussi en France et en Allemagne. Je suis également sollicité en Europe par des instituts et des touristes pour des séances de formation. »
Cependant, ce secteur est confronté à des problèmes d’écoulement ces dernières années. Selon les artisans que nous avons rencontrés, c’est un domaine très extraverti. La consommation nationale étant faible, la grande partie des objets sont achetés à des coûts intéressants par des touristes occidentaux.
Mais les attaques à répétition des groupes terroristes ont un impact négatif sur le tourisme national. Des répercussions ressenties par les artisans. « Notre métier est en difficulté à cause des attaques terroristes qui font chuter l’afflux des touristes. Ainsi, ceux d’entre nous qui n’ont pas la chance d’aller exposer à l’extérieur du pays ne s’en sortent plus », nous confie Hamidou Sawadogo.
Ils déplorent également ce qu’ils qualifient de marginalisation de leurs produits lors du Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou, créé il y a plus de 30 ans pour valoriser et exposer leur savoir-faire. Ils estiment que d’autres activités sont mises en lumière au détriment de leurs œuvres. « Le SIAO n’est plus l’affaire des artisans, ce sont des commerçants et des concerts seulement des artistes qui occupent les lieux. Alors que l’idée du départ était de nous aider à écouler nos produits. »
L’artisanat en est secteur important qui emploie plusieurs personnes à travers le pays. Selon des archives, des artisans burkinabè sous la révolution ont laissé des traces de leurs œuvres à Cuba pour témoigner de la qualité des relations qui existaient entre ces deux peuples. L’artisanat est une vitrine pour l’image du pays à l’extérieur. Il mérite donc le soutien des Burkinabè et de leur Etat.
Péma Néya