Avec le mixage culturel, des stylistes modélistes aux idées ingénieuses confectionnent à leur guise des modèles d’habits à base de Faso dan fani pour qui le souhaite, sans considération du rang social ni de l’appartenance ethnique. Il se trouve cependant que dans certaines ethnies, le type de tissu utilisé, le style de broderie et de couture sont fonction de la classe sociale. De nos jours, avec le glissement de la tradition vers la modernité, quelles sont les valeurs que l’on doit préserver ? Lisez plutôt !
Pour Georges de Baziri, styliste modéliste, « aujourd’hui le Faso dan fani est très apprécié partout dans le monde. C’est le tissu africain le plus cher et le meilleur de nos jours ». En tant que styliste modéliste, ce créateur utilise énormément ce tissu africain. Que ce soient des modèles d’habillement africains ou occidentaux, il en coud à ses clients. En matière de valeur communicative de ces tissus, il dit ne pas être très regardant.
Idemaba, styliste modéliste également, déclare que pour lui, ce sont les modèles qui dictent le choix des tissus suivant les motifs. Il précise que généralement, ce sont les clients qui choisissent leur modèle et eux, ils les cousent. Concernant les valeurs, il dit ne pas accorder trop d’importance dans le choix des motifs, des modèles et de la décoration qui vont avec.
Au Burkina Faso, dans certaines communautés le port du Faso dan fani a une valeur communicative. C’est l’exemple de la communauté dagara où, par le passé, tout le monde ne pouvait pas s’habiller comme bon lui semblait. Dans cette communauté, il fallait être d’un certain âge pour être autorisé à s’habiller en Faso Dan Fani. Et même quand on avait l’âge requis, le port de certains modèles n’était pas autorisé, car réservé à une classe sociale donnée. Ainsi, les chefs coutumiers avaient des modèles uniques qui permettaient de les identifier. Que l’on soit du troisième âge ou pas, les modèles étaient spécifiques. Mais de nos jours, ces valeurs tendent à disparaître car même les modèles qui étaient destinés aux chefs coutumiers sont vulgarisés de sorte que l’on ne peut plus, en se basant uniquement sur son habillement, identifier la classe sociale d’une personne.
Si de nos jours on peut se féliciter du fait que le Faso dan fani suscite l’engouement, ce serait mieux si l’on arrivait à restituer ses valeurs ne serait-ce que par devoir de mémoire.
En rappel, c’est sous la Révolution que le port du Faso Dan Fani comme style d’habillement a été imposé aux Burkinabè. Depuis 2015, il a été remis au goût du jour par les autorités de la transition politique de même que celles issues des élections passées.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné