Ouvert en 1962, le musée national du Burkina Faso est une vitrine de la culture burkinabè. Situé sur l’avenue Charles-de-Gaulle, il y est collectionné et exposé des objets rares et précieux, témoins de la richesse de l’histoire et du patrimoine socioculturel du pays des hommes intègres. Cependant, cette finalité du musée national est mise à mal, tant il semble être bien plus un lieu de réjouissance que de collection d’objets rares.
D’une manière générale, la politique d’un musée consiste non seulement à protéger l’œuvre patrimoniale mais aussi à essayer de l’enrichir et à la diffuser dans le cadre d'une politique culturelle juste et adaptée aux besoins et aux demandes. Constitué d’un bâtiment administratif et
de quatre pavillons d’exposition, le musée national abrite plusieurs catégories d’objets d’art.
Quand nous nous rendîmes sur ce lieu culturel par excellence, grande fut notre surprise de constater la forte affluence au parking, toute chose qui devrait traduire la fréquentation du musée national. Mais notre joie ne fut que de courte durée car nous nous sommes rendu compte que tous ces gens dont les engins étaient garés au parking n’étaient en réalité que des clients du maquis-restau du musée. Nous décidons de patienter quelque temps pour mieux comprendre la situation. C’est à un va-et-vient de motos et de voitures que nous assistons, mais rares sont ceux des visiteurs qui partent au musée pour voir les objets d’art.
Il faut le reconnaître, le musée national qui, à ses débuts, avait pour mission de conserver, de gérer, d’enrichir les collections semble être plus un maquis qu’autre chose. Un musée est avant tout un lieu vivant pour présenter, animer des collections d’objets rares. Combien sont ceux qui partent aux musées qui sont véritablement intéressés par les objets d’art ? De l’avis d’un occupant des lieux, rares sont ceux qui entrent dans l’objectif de visiter les objets d’art malgré la présence des bâtiments érigés avec une architecture à vous couper le souple.
Outre cela, ce périmètre de 29 hectares est transformé en saison pluvieuse en véritables champs de culture. Arachide, maïs, mil, tout y est cultivé au vu et au su des responsables de ces lieux. Il faut rappeler que cette institution a été réalisée à coût de millions, il y a donc lieu d’en prendre soin en ce sens qu’elle représente un héritage pour la nation entière.
Une réflexion des professionnels des musées s’impose afin de réorienter la mission première du musée. De plus, de nouvelles mesures doivent être prises afin de redynamiser la fréquentation des musées au Burkina Faso, dans la mesure ils pourraient contribuer au renforcement dans l’éducation et à la revalorisation du patrimoine culturel national.
Edwige Sanou