Tout est parti d’une publication du directeur de publication du journal culturel Africa Stars dans laquelle il s’interrogeait sur les raisons qui freinent un décollage véritable du showbiz burkinabè. Des interrogations jugées offensantes par certains artistes au nombre desquels Donsharp de Batoro et même certains journalistes culturels. Radars Info Burkina (RIB) est allé à sa rencontre pour mieux comprendre sa réaction.
Radars Info Burkina : Vous avez vivement réagi à la publication du journaliste culturel Tibiafouba Madiega, qui a suscité la polémique. Pouvez-vous nous expliquer votre réaction ?
Donsharp de Batoro (DB) : Il y a de l’affirmation dans les interrogations de Madiega et nous sommes curieux de savoir les critères et les statistiques sur lesquels il se fonde pour dire que le showbiz burkinabè ne décolle pas. Cela d’autant plus que selon les Faso Music Awards (FAMA), il est le meilleur journaliste culturel de l’année donc il est très suivi par des artistes. D’ailleurs de tels propos sont une mauvaise forme de communication pour la culture burkinabè.
RIB : Pourtant nous constatons une faible présence des artistes burkinabè dans les médias internationaux de renom et sur certaines grandes scènes, voire des salles de prestige !
DB : Je pense qu’il faut nuancer les choses car certains doyens tels que Wango Roger ou Zedess vous diront que les choses ont évolué ces dernières décennies. Avant, on nous disait qu’il n’existait presque pas de studio d’enregistrement, a fortiori une maison de production. Ainsi, pour enregistrer un album il fallait se rendre à Abidjan, au Ghana ou au Nigeria. Mais aujourd’hui les choses ont changé, il y a maintenant des studios et maisons de production partout. De plus, auparavant il était difficile pour un artiste de vivre de son art. Ceux qui achetaient des motos étaient les plus vus, alors que de nos jours nous avons plusieurs artistes qui sont très sollicités et sont toujours partis pour des prestations dans le monde. Mais s’agissant des chaînes, aujourd’hui ce ne sont pas forcément les meilleurs qui passent sur les chaînes les plus suivies, elles ont leurs tendances et si vous n’êtes de cette tendance il est difficile pour vous de voir vos productions passer sur ces chaînes-là. Alpha Blondy, Youssou N’Dour, Angélique Kidjo ne passent sur trace TV mais ils ont des grands succès et jouent partout dans le monde. Et aujourd’hui nous avons Dicko Fils, Floby et plein d’autres artistes qui font actuellement de grandes tournées et vendent l’image de notre pays mais ne font pas de tapage sur les réseaux sociaux ou dans les medias. En effet, concevoir une musique ou un clip juste pour des vues sur YouTube croyant que les vues sur YouTube suffisent pour être sollicité, c’est de l’illusion. Car aujourd’hui, on a des possibilités d’acheter des Like et vues sur Internet.
RIB : Que reprochez-vous aux journalistes culturels et quel est votre appel à leur endroit ?
DB : Pour l’image de notre culture et de notre pays, nos journalistes doivent se former. Quand un journaliste culturel n’a pas le minimum de formation, il ne peut pas vendre l’image du pays. Madiega aurait pu répondre à ma question avec ses preuves plutôt que de la considérer comme un règlement de comptes.
Propos recueillis par Pema Neya (Stagiaire)