Le film « Non-loti » d’Abdoul Bagué, un jeune réalisateur burkinabè, a été projeté au Marché international du cinéma africain et de la télévision (MICA) à l’occasion du cinquantenaire du FESPACO. Il a suffi d’un extrait de 39 minutes de ce film pour convaincre les cinéphiles de la pertinence du thème y abordé.
Le film « Non-loti » est une fiction d’1h30 mn environ qui expose une situation : celle des résidents des zones d’habitats spontanés, encore appelées zones non loties, en raison du difficile accès au logement au Burkina Faso. Avoir un logement décent est un luxe au pays des hommes intègres. C’est pourquoi certains n’ont d’autre choix que de trouver refuge dans des zones qui ne sont pas encore viabilisées. Il faut savoir que ces zones ne bénéficient pas d’un aménagement urbain. Entre le problème de voies, d’eau courante, d’électricité, de centres de soins, ces habitants semblent être des exclus de la société. Le comble est que ceux qui décident de leur venir en aide se révèlent souvent être en réalité des loups déguisés en agneaux.
« Non-loti » est un film qui retrace le désarroi des habitants de ces zones. Un entrepreneur a racheté tout un quartier précaire en vue de le détruire pour y réaliser son projet immobilier. Adama, un des employés qu'il a licencié auparavant, avec l'appui des habitants du quartier, a décidé de s’opposer au déguerpissement des résidents, dont lui-même fait partie et cela, au péril de leur vie. Une situation qu’il n’est pas rare de voir dans la vraie vie.
Selon le réalisateur, l’objectif de ce long métrage qui dépeint le quotidien de certains Burkinabè, c’est d’interpeller qui de droit sur le sort des habitants de ces zones d’habitats spontanés après les déguerpissements. Entre émotion et sentiment de révolte face cette injustice notoire, ce film prône des valeurs indispensables à la cohésion sociale et au vivre-ensemble tel le pardon, l’humanisme dans les affaires et la réconciliation.
Selon Abdoul Bagué, ce film est un projet de série qu’il compte étendre, après le Burkina Faso, au Niger, au Mali, au Togo et à la Côte d’Ivoire, des pays également concernés par ce problème de logement.
Cette projection a connu la présence d’un membre du mouvement de la solidarité pour le droit au logement, qui n’a pas manqué de féliciter et d’encourager le réalisateur et toute son équipe pour leur travail.
Rendez-vous est donc pris pour la sortie officielle de ce film, prévue le 08 avril 2019 au ciné Neerwaya.
Edwige Sanou