mardi 3 décembre 2024

Récentes réquisitions : Le collectif envisage d’ « utiliser tous les moyens légaux pour refuser ces réquisitions punitives ».

papsanou uneAu cours d’une conférence de presse tenue le lundi 6 novembre 2023 à Ouagadougou, les organisations partie prenante au meeting du 31 octobre dernier ont dénoncé et condamné la récente vague de réquisitions visant certains de leurs membres, des leaders d’opinion, des journalistes ainsi que des hommes politiques. Ils exigent « l’annulation pure et simple desdites réquisitions » et disent tenir « le capitaine Ibrahim Traoré et son MPSR 2 pour responsables de toute atteinte à l’intégrité physique et morale » de leurs camarades et de tous les citoyens victimes de ces « pratiques répressives ». Ils entendent, par ailleurs, « utiliser tous les moyens légaux pour refuser ces réquisitions punitives ».

 

La religion des conférenciers du jour est faite : ce sont exclusivement « ceux qui émettent des avis critiques vis-à-vis de la gestion du pouvoir qui sont concernés par les réquisitions » et « cela n’est pas l’esprit de la loi. Ces réquisitions ne respectent ni l’esprit de la loi encore moins le besoin de la lutte contre le terrorisme ».

Ils poursuivent : « La loi dit que c’est sous l’expression des besoins de la lutte contre le terrorisme qu’on émet les réquisitions. Par exemple, le président de l’ODJ est professeur titulaire de sociologie. Jusqu’à l’émission de sa réquisition, nous n’avons pas appris que dans le cadre de la lutte, il y a un besoin spécifique de recrutement de professeur titulaire de sociologie pour aller au front ».

Refuser les réquisitions n’est-il pas un manque de patriotisme ?

Bien au contraire, selon ces organisations ! « Il faut que les gens évitent de croire que la lutte contre le terrorisme, c’est ceux qui sont au front. Non ! L’enseignant qui est à Ouagadougou, qui fait ses cours, les médecins qui sont à Yalgado et soignent les blessés qui reviennent du front, luttent contre le terrorisme ».

papsanou 2À la question de savoir pourquoi c’est maintenant qu’ils exigent l’annulation des réquisitions d’autant plus qu’il y en a eu plusieurs dans le passé, Nicolas Ouédraogo répond : « Nous avons entrepris de créer une coalition qui sera un regroupement ayant une certaine force afin de donner de la voix sur des dérives que nous estimons qu’il faut dénoncer ici et maintenant. Nous ne pouvons pas continuer à nous taire ». Yempani Lankoandé, secrétaire général adjoint du bureau exécutif national de l’Organisation démocratique de la jeunesse du Faso d’ajouter : « Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Nous avons pris le temps d’observer. Ce sont les faits qui nous permettent de voir que les réquisitions ne sont pas faites conformément à l’esprit et à la lettre de la loi. C’est bien que ça soit maintenant ».

Ils ont appelé leurs militants et sympathisants « à s’organiser pour résister à l’arbitraire et à toutes formes de manifestation d’injustice et à rester à l’écoute de tout mot d’ordre que recommanderait l’évolution de la situation ».

Cette exigence d’annuler les réquisitions sera-t-elle entendue ?

En tout cas, Yempani Lankoandé, secrétaire général adjoint du bureau exécutif national de l’Organisation démocratique de la jeunesse du Faso l’espère car il estime « qu’il y va même  de la valeur accordée à ces réquisitions ».

Les organisations syndicales plaignantes entendent attaquer la décision en justice

Les organisations syndicales et de la société civile disent avoir pris contact avec leurs conseils pour  voir quelle action judiciaire entamer parce qu’elles sont, disent-elles, attachés à l’État de droit. « On n’exclut rien ! Nous allons utiliser tous les moyens légaux en fonction de l’évolution de la situation pour refuser d’être embastillés de la sorte. Pour avoir exprimé notre opinion, nous n’allons pas accepter cette punition. C’est hors de question. Il y va de l’avenir de la nation. et de la victoire dans cette guerre contre le terrorisme. Nous ne pouvons pas continuer à nous taire… nous allons nous assumer », ont martelé les tenants du crachoir.

papsanou3Par ailleurs, les conférenciers ont dénoncé « l’attitude partisane du président de la délégation spéciale de la commune de Ouagadougou, Maurice Konaté », lui reprochant d’avoir refusé leur meeting du 31 octobre 2023 et dans le même temps autorisé la tenue d’un meeting à d’autres organisations de la société civile, mais aussi d’avoir été « silencieux face aux menaces » contre leurs organisations.

Pour eux, « si tous les citoyens sont égaux devant la loi, il y a là, du deux poids deux mesures. Nous avons l’impression qu’il y a certains citoyens qui ont le droit de faire tout ce qu’ils veulent, même sans tenir compte de loi, et qu’il y a d’autres, même si leurs actions sont conformes à la loi on leur refuse ; ce n’est pas acceptable. C’est plutôt cette gouvernance qui permet aux uns de tout faire et qui bafoue les droits des autres qui est source d’aggravation de la fracture sociale ».

Et de renchérir que « si les actions des autorités font  qu’il y a déjà des catégories de citoyens, nous croyons que c’est un très mauvais signal envoyé dans la lutte contre le terrorisme »

C’est une douzaine de personnes qui ont reçu récemment des notifications de réquisition. Il s’agit, entre autres, de : Zinaba Rasmané, Bassirou Badjo, Issaka Lengani, Ablassé Ouédraogo, Gabin Korbeogo, Ladji Bama. Ils sont réquisitionnés pour une durée de quatre mois allant du mardi 7 novembre 2023 au 6 février 2024. « Le conditionnement se fera d’abord dans la région du Centre-Nord et le déploiement sera fait dans le grand Ouest du pays », a précisé Zinaba Rasmané, l’une des personnes réquisitionnées

Flora Sanou

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