Nous sommes dans un monde où les technologies de l’information et de la communication sont très développées. Le téléphone portable intervient beaucoup dans les relations entre les êtres humains. Mais quelle place cet outil occupe-t-il dans la vie de couple ? Doit-il être un bien conjugal ou personnel ? Pour trouver des réponses à ces interrogations, nous avons rencontré Jean Bosco Kaboré, psychothérapeute, conseiller conjugal.
Avant de recueillir les réponses du conseiller conjugal, nous avons posé à quelques femmes et hommes la question sur le sujet.
Selon Mariam Ouédraogo, commerçante, « une femme qui veut préserver son foyer ne doit pas s’aventurer à consulter l’historique des appels ainsi que les messages du téléphone de son époux. Mais si la femme décroche un appel à 21 h, la suspicion s’installe. Il faut que l’homme sache qui a appelé sa femme à cette heure. Mais si c’est l’époux qui décroche un appel tardivement la nuit je pense que ça ne doit pas poser problème. L’époux, lui, peut recevoir des appels à tout moment mais une femme c’est rare qu’elle reçoive des appels à des heures tardives. Même si c’est quelque chose d’urgent en famille, ses parents vont d’abord appeler son époux. Quant aux SMS, si la femme est fidèle à son mari, ce dernier peut fouiller son portable sans problème. Mais la femme ne doit pas fouiller le portable de son époux ».
De l’avis d’Issaka, un mécanicien quinquagénaire, dans un couple, personne ne doit pas chercher à vérifier les appels et la messagerie de l’autre, cela pour éviter les conflits liés à l’usage du téléphone. Le portable doit rester individuel. «Par exemple, l’homme peut avoir une femme comme patronne. Cette dernière peut l’appeler et si l’épouse du monsieur décroche et immédiatement elle injurie ou profère des menaces, son mari peut perdre son emploi », a-t-il estimé.
Mais que dit le conseiller conjugal sur le sujet ?
Pour Jean Bosco Kaboré, pour un couple convaincant et convaincu de sa relation, tout ce qui est matériel a pour but de l’aider à bien mener sa vie. «Le couple doit profiter de ces choses pour rechercher l’équilibre et l’harmonie. Ce que l’autre possède, on l’exploite pour l’équilibre du foyer. Donc le portable, c’est une bonne chose ; il permet au couple de communiquer, de se joindre à tout moment, de partager des expériences et d’en profiter pour l’équilibre et pour la vie d’harmonie. Le portable doit aider à comprendre le sens de la vie à deux. Il ne peut pas avoir un bien privé dans une vie privée. Une fois qu’il y a une vie privée, tout ce qui est bien est codifié par cette vie privée. C’est le niveau de maturité de la vie du couple qui va lui permettre de comprendre la place du portable. Dans un couple qui est mature et responsable, où il y a l’assurance, la sécurité, la relation est en bonne santé et solide, spontanément le portable devient la propriété de tout le monde », a argumenté M. Kaboré.
Il relativise cependant en précisant que tout dépend de la conception de la relation dans le couple. « Il y a des gens qui sont juste mari et femme comme un couple administratif. Dans ce cas de figure, le portable est privé mais quand on est époux et épouse, le portable devient un bien commun parce que dans ce cas, il y a la transparence, pas une relation de méfiance».
Il conseille aux jeunes de chercher une relation authentique, mature et responsable. « Ne pas vivre une relation de suspicion, d’inquiétude. Il ne faut pas programmer la méfiance. Aujourd’hui je rencontre beaucoup de difficultés en la matière. Beaucoup de demande de divorce parce qu’à cause du portable il y a eu des problèmes. Et tout ça parce qu’il y a eu des faux départs. Quand on veut se marier, il faut apprendre à se séparer de certaines choses et même perdre certains avantages extérieurs et économiser son énergie pour le bien- être du foyer », a conclu Jean Bosco Kaboré.
Aly Tinto