mardi 3 décembre 2024

Rentrée scolaire 2019-2020 : « Ce gouvernement ne fait que déplacer les problèmes, il ne les résout pas », Souleymane Badiel

rentrr uneLors du point de presse du gouvernement le jeudi 19 septembre dernier, le ministre de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales a fait le bilan de la mise en œuvre des accords gouvernement / partenaires sociaux du domaine. Il en ressort que tout est au bon fixe pour un bon démarrage de l’année scolaire 2019-2020. Pour en savoir davantage, Radars Info Burkina a rencontré le secrétaire général de la Fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l’éducation et de la recherche (F-SYNTER), Souleymane Badiel, qui nous livre sa version des faits.

Radars Info Burkina : Quel est l’état d’avancement de votre dossier ?

Souleymane Badiel : Les actions menées par notre syndicat n’avaient trait à aucune plateforme revendicative. Elles visaient simplement à rappeler au gouvernement le nécessaire respect de ses engagements. Ces engagements sont contenus dans le protocole d’accord signé par celui-ci et les syndicats le 27 janvier 2018. Les points d’achoppement étaient non seulement la question du statut valorisant de l’enseignant, mais aussi la correction de l’incidence financière des avancements et des bonifications. Le gouvernement avait amorcé une seconde phase de ces corrections quand notre lutte s’était durcie. De plus, il y a eu un début de rédaction du statut valorisant de l’enseignant. C’est d’ailleurs ce qui avait permis que soit levé le mot d’ordre donné à nos militants pour que les examens de fin d’année se déroulent dans de bonnes conditions, car le corps enseignant a toujours à cœur de préserver les intérêts des élèves. Si nous engageons des actions dont parfois les élèves sont les victimes collatérales, c’est toujours à notre corps défendant.

RB : A la veille de la rentrée scolaire, que pouvez-vous présenter comme acquis de votre lutte de l’année scolaire écoulée ?

SB : A l’orée de cette rentrée scolaire, nous faisons le constat que les avancées sur les points énumérés n’ont pas été significatives depuis les dernières actions du gouvernement en juin et juillet derniers. La preuve en est que la signature du projet de statut valorisant, pour laquelle le gouvernement avait promis de faire deux semaines après la fin des travaux, n’est toujours pas effective. Ce qui veut dire qu’à la date d’aujourd’hui, le statut valorisant n’est pas encore adopté. Pourtant, les travaux sont achevés depuis le mois de mai 2019. Ce dossier est un grand chantier sur lequel il y a des attentes énormes du personnel enseignant. En ce qui concerne la correction des indemnités, des avancements et des bonifications, depuis les mois de juillet, août et septembre, il n’y a pas eu de suite pour les éponger. Car, faut-il le rappeler, cela devait être fait depuis 2018 et l’année 2019 devait être une phase de correction qui devait se faire pour les indemnités. A la date d’aujourd’hui, les corrections en ce qui concerne les indemnités de logement et celles spécifiques ne sont toujours pas achevées chez beaucoup de personnes. La bonification n’est pas non plus une réalité chez nombre d’agents, or elle est liée à la question d’avancement. A la veille de cette rentrée, c’est ce constat que nous faisons. Evidemment, une des questions qui nous tiennent à cœur, c’est bien celle des infrastructures en lien avec celle des effectifs. En matière de recrutement et de formation du personnel, le constat est que cette année, il n’y a pas encore eu de recrutement d’enseignants du primaire, surtout ceux issus des ENEP, ni d’encadreurs pédagogiques aussi bien au primaire, au postprimaire qu’au secondaire. rentrr 2Vous voyez que véritablement il y a assez de chantiers qui ne sont pas encore déblayés à la veille de cette rentrée. Ce que je peux en tirer comme conclusion, c’est que le gouvernement n’agit que quand il y a le feu dans la maison. C’est pour cela que nous jugeons que c’est un gouvernement qui fait plus du dilatoire que de la recherche de solutions ou de stratégies pour véritablement résoudre les problèmes des travailleurs. Il fait semblant de travailler mais dès qu’il y a une période morte telles les vacances, les dossiers sont rangés dans les tiroirs. Le comité de suivi des engagements ne s’est pas réuni depuis le mois de juillet, car il ne se réunit que quand il y a des avancées. Mais jusqu’à présent, il n’y en a pas eu.

RB : Que prévoyez-vous comme action si rien n’est fait ?

SB : En matière de perspectives, nous pensons qu’il n’y a plus à discuter car le gouvernement a pris des engagements et il s’agit pour nous qu’il respecte ces engagements. Tout a été négocié et il s’est engagé à faire des choses dans des délais donnés.  Si ces délais expirent et que l’on constate que ces engagements n’ont pas été respectés, nous nous donnerons les moyens de l’’interpeller et cela peut se faire de diverses manières. La balle est dans le camp du gouvernement, nous ne sommes plus dans la logique de tenir des rencontres à n’en point finir mais qui ne nous font pas avancer dans la résolution des problèmes.

RB : Quel commentaire faites-vous des affectations spéciales ?

SB : Je suis au regret de dire que les autorités ne sont pas honnêtes sur cette question. Il y a de la malhonnêteté, du faux et de l’irresponsabilité dans la gestion de cette question. Si l’on revient en arrière aux mois de juin-juillet sur cette question, il avait été dit qu’il y avait un excédent de 18 mille enseignants au primaire et qu’au postprimaire les gens ne remplissent pas leur volume horaire. Mais c’est parce qu’un travail a été fait pour dévoiler ce mensonge qu’ils ont brandi cette question sécuritaire. Sinon à la base, cette raison n’avait pas été présentée. C’est de la poudre jetée aux yeux de l’opinion publique. Le constat que l’on fait, c’est qu’il y a un cafouillage monstre dans cette question étant donné que les organisations syndicales ont suspendu leur participation à ce processus. Et plusieurs organisations syndicales luttent pour que cette opération soit levée pour que nous puissions faire une rentrée scolaire sereine. Des actions ont permis un réajustement de cette opération. Et ce réajustement a fait montre du caractère répressif et de tout le manque sérieux qui a entouré cette question. Dans la zone de Ouagadougou, nous sommes à quatre listes qui sont sorties en trois semaines. Pas plus tard que le jeudi 26 septembre, il y a eu une liste qui est sortie et qui annule les autres listes en disant que ces affectations ne concernent pas les stagiaires et les responsables des bureaux de structures partenaires. Mais sur ladite liste, nous voyons des noms de personnes qui ne sont ni stagiaires, ni responsables de structures partenaires. Il y a des affectations pour réprimer simplement les travailleurs qui ne se soumettent pas aux desiderata de l’administration. Quand on examine la liste, le constat est que plus de 90% de ceux dont les noms qui y figurent sont des militants des organisations syndicales qui sont combatifs sur le terrain. Donc l’objectif de ces affectations, c’est davantage de réprimer que de procéder à une bonne gestion des ressources humaines.

Propos recueillis par Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné

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