Les Kundé, les Faso music awards (FAMA), les douze Personnalités Culturelles de l'Année (12PCA), la nuit de la Célébration des artistes nationaux de l'année (CANA) sont autant de cérémonies de récompenses des artistes musiciens et de distinctions des professionnels du métier de la musique au Burkina Faso. Pour avoir une lecture de ces cérémonies et savoir leur part de contribution au développement de la musique, Radars Info Burkina a rencontré des acteurs dudit secteur.
Parmi les cérémonies de récompenses des artistes musiciens, la plus ancienne ce sont les Kundé, qui sont à leur 20e édition cette année. Selon Youssef Ouédraogo, journaliste et promoteur des FAMA, ces cérémonies sont une vitrine de promotion de la coulure de façon générale. « Donc si ces évènements n’existaient pas, il fallait les créer. Les Kundé ont réussi à booster la production musicale au Burkina Faso et c’est la même chose pour les autres évènements qui sont nés après, notamment les FAMA en 2014, les 12 PCA en 2013 et les CANA en 2019. Grâce à ces cérémonies, il y a eu beaucoup de partenariats qui sont nés entre des structures du Burkina et celles d’ailleurs ainsi que des collaborations artistiques. Au niveau des FAMA, nous jetons notre dévolu sur les différents métiers du secteur de la musique. Nous pensons que l’artiste n’est que l’aboutissement d’une chaîne. Et les maillons de la chaîne, nous les prenons en compte», a-t-il soutenu.
Mais quels sont les défis que ces différentes cérémonies doivent relever pour le bien-être du secteur de la musique ?
Youssef Ouédraogo répond à cette question en évoquant d’abord la crédibilité. « Toute cérémonie de récompense ne vaut que par sa crédibilité. Pour être crédible, il faut un bon jury de présélection, avoir des critères fiables, un jury compétent pour sélectionner, et un autre jury compétent pour désigner les lauréats. Le deuxième défi, c’est au niveau économique. Ces événements aujourd’hui ont besoin d’être accompagnés par des mécènes, des sponsors. En effet, c’est mieux d’accompagner ces trophées avec des enveloppes de sommes importantes, des dons en nature qui pourront impacter positivement la vie des lauréats. Le troisième défi, c’est la qualité de la production musicale, la vitalité et la vivacité du secteur de la musique. On ne peut pas faire un événement si le secteur même n’est pas dynamique. Autrement, vous risquez de récompenser chaque année les mêmes personnes. Pour que le secteur soit dynamique, il faut l’accompagnement de l’Etat », a expliqué le promoteur des FAMA.
Le journaliste culturel Hervé David Honla, promoteur des 12PCA, tout en reconnaissant le bien-fondé de ces événements, a souligné que ce qui va les différencier, c’est leur crédibilité, la persévérance ainsi que la constance de leurs organisateurs.
«Ces cérémonies ont leur raison d’être. Dans la forme, cela est à saluer. Mais il faut toujours du professionnalisme. N’importe qui ne doit pas être membre d’un comité de sélection. N’importe qui ne connaît pas la chose musicale», a indiqué pour sa part l’artiste slameur Donsharp de Batoro, qui mettra sur le marché du disque son 5e album le mardi 25 février prochain.
Sosthène Yaméogo est musicien et enseignant de musique. Bien que d’accord avec l’idée des récompenses, il a posé quelques questions sur le sujet : «Quel est le professionnalisme qui est mis en amont et en aval de ces récompenses ? Dans la musique, il y a un grand domaine qui est la recherche musicale. Le deuxième volet le plus important, c’est la formation musicale. Ensuite, il y a la production musicale et la promotion musicale. Jusque-là, j’ai l’impression qu’on récompense tous ceux gravitent autour du showbiz ou de la production. Je crois qu’il y a beaucoup d’autres volets qu’on occulte. Après la récompense, est-ce qu’il y a des perspectives ? Le showbiz au Burkina se passe en vase clos et n’épouse pas tous les autres domaines que j’ai évoqués. On ne peut pas développer un secteur en occultant ces domaines ».
Un artiste musicien s’est plaint de certaines cérémonies qui sont faites pour récompenser des amis. «Est-ce que les griefs de cet artiste sont justifiés ? Dans un certain cas oui. Quand on regarde l’organisation de certaines cérémonies, on a l’impression que les critères ne sont pas préalablement définis. En plus souvent quand on regarde les comités d’organisation de certaines cérémonies, où parfois on a l’impression que l’événement est lié à une seule personne, on peut douter aussi de la crédibilité non seulement des nominés et mais aussi des différents lauréats », a conclu Youssef Ouédraogo.
Aly Tinto