Depuis l’apparition du coronavirus au Burkina Faso, les activités culturelles ont été suspendues sur décision du gouvernement. Ainsi, il n’y a plus de spectacles ni de concerts et ce, jusqu’à nouvel ordre. Certains artistes, pour éviter de tomber en léthargie, font des lives, des directs et composent même des chansons. Douti Tanya Bikienga, alias Miss Tanya, jeune artiste burkinabè évoluant dans l’AfroTrap, est de ceux-là. Elle a ainsi composé le week-end dernier une chanson intitulée « Bass M’buuda ». Ce nouveau titre est, selon elle, sa manière de contribuer à la lutte contre le Covid-19 et contre le terrorisme.
Sortie le week-end dernier, la chanson « Bass M’buuda » aborde des sujets comme le terrorisme et le Covid-19. « Bass M’buuda » signifie en français « laisse mon peuple ». C’est, à en croire l’artiste, une manière pour elle de dire stop au terrorisme et au Covid-19. « Je dis dans cette chanson stop au Covid-19 et au terrorisme », précise Miss Tanya, qui dit avoir préféré composer une chanson pour apporter son soutien au peuple Burkinabè, particulièrement au personnel soignant et aux forces de l’ordre, plutôt que de faire des lives ou des directs. A la question de savoir pourquoi, elle répond qu’elle n’a simplement pas voulu en faire.
Dans le titre « Bass M’buuda », la jeune artiste sensibilise également les citoyens au respect des mesures barrières, encourage ceux qui sont souffrants et rend hommage aux personnes décédées des suites du Covid-19 et du terrorisme. « Bass M’buuda » est chanté en français et en mooré. En seulement une semaine, ledit titre est déjà à 16 000 vues. C’est la preuve, si besoin était, que le message de l’artiste passe bien. A travers cet opus, Tanya dit vouloir aussi rester en contact avec ses fans et rester présente sur la scène artistique. Son actualité, à l’en croire, est en stand-by pour le moment en attendant la reprise des activités culturelles. S’agissant de son programme après-Covid-19, l’artiste répond que la décision revient à son staff. « Avec mon Staff, on verra si on doit réaliser un single ou tout un album », dit-elle. Pour Miss Tanya, même si les activités culturelles sont suspendues, il ne faut pas baisser les bras mais continuer à vivre. Elle invite par ailleurs chaque citoyen au respect des mesures barrières.
Trois entreprises culturelles, à savoir Vision parfaite, No Limit Consulting et Ikam Burkina, dans ces moments de confinement, ont initié le « Covid-Live ». Il s’agit de faire des concerts live qui sont diffusés uniquement sur les réseaux sociaux et les sites Internet des artistes qui ont pris part au concert. Une autre particularité de ce concept, c’est que tout se déroule dans une salle pratiquement vide mais avec un décor « féerique ». L’un des initiateurs, Kenzo, à l’état civil Maurice Zoungrana, directeur de Vision parfaite, nous en dit plus.
Le manager et directeur de « Vision parfaite », Kenzo, à l’état civil Maurice Zoungrana, le président des managers du Burkina, responsable de la structure « No Limit Consulting », Ibrahim Zerbo, et le directeur général d’Ikam Burkina, Issouf Balima, ont initié Covid-Live, un modèle d’expression artistique unique. Le concept a permis de divertir en ces temps de confinement et de couvre-feu mais aussi de sensibiliser aux mesures de protection pour stopper la propagation du coronavirus.
De quoi s’agit-il exactement ? Pour le directeur général de Vision parfaite, c’est un ensemble de concerts live qui sont réalisés et qui seront diffusés uniquement sur les réseaux sociaux et les sites Internet des artistes qui ont pris part à ces concerts et les partenaires du projet. « Ces concerts se sont déroulés dans une salle quasiment vide mais avec un décor féerique », a-t-il déclaré. A l’en croire, une dizaine d’artistes ont été associés à ce projet innovant au Burkina Faso. Des artistes comme Freeman Tapily, Nourat et bien d’autres sont déjà passés. Pour Kenzo, l’un des concepteurs de cette idée, le bilan est satisfaisant car, d’après lui, le concept avait pour but essentiel de répondre à un double besoin. « Premièrement il s’agissait de combler un vide et de poursuivre les créations et les expressions artistiques dans ces moments de confinement. Deuxièmement, il était aussi question de créer une large tribune pour sensibiliser les gens aux mesures préventives du coronavirus afin de limiter la propagation du virus », s’est-il réjoui.
Honorine Zoma, plus connue sous le sobriquet de Nourat, une des artistes ayant participé au Covid-Live, s’est dit honorée d’avoir été associée à cette expérience qui s’adapte au contexte. « C’est un grand coup dans le milieu artistique car il fallait développer de nouvelles idées pour que les artistes puissent rester en contact avec leur public », a-t-elle soutenu. Elle a souligné que c’était une belle initiative et a salué les initiateurs car le concept a permis de sensibiliser la population. Amza Gane, alias Amzy, et W. Timothée Arthium Soubeiga, alias Toksa sont en pleins préparatifs pour leur passage ce soir à partir de 20 h au Centre national des arts, du spectacle et de l’audiovisuel (CENASA). Pour eux, l’initiative est à saluer à sa juste valeur. « C’est un beau concept car il nous permet de retrouver nos habitudes, même si ce n’est pas totalement la même chose », a-t-il dit. « C’est une super idée », lance Toksa. Pour lui, il s’agit de divertir tout en sensibilisant. « C’est vraiment bien réfléchi », a-t-il terminé.
Dez Altino, à l’état civil Tiga Wendwaoga Désiré Ouédraogo, et son personnel entretiennent une relation d’équipe. C’est du moins ce qu’il a confié à radarsburkina.net au cours d’une interview qu’il a bien voulu nous accorder le mercredi 06 mai 2020 à son domicile, au quartier Cissin de Ouagadougou. L’homme du « Wend ya Wendé », sans langue de bois, est aussi revenu sur le début de sa carrière et le fameux épisode de son admissibilité au concours d’entrée à l’école nationale de douane.
Radars Burkina : Présentez-vous.
Dez Altino: Je suis Dez Altino ; Tiga Wendwaoga Désiré Ouédraogo à l’état civil. Je suis artiste musicien, auteur-compositeur, interprète burkinabè, le prince national, le prophète de la joie. L’homme de « Wend ya Wendé ».
RB : Quelle relation entretenez-vous avec vos danseurs et toute votre équipe ?
DA : Entre mes danseurs et moi, c’est une relation de travail et surtout d’équipe. Parce qu’au-delà des danseurs, il y a le personnel qui est composé du manager, du Dj, du technicien, du photographe et du chauffeur. J’ai à ma charge une dizaine de personnes, sans compter mon équipe live.
R.B : Est-ce que le contrat qui vous lie est respecté par les deux parties ?
DA : Le contrat qui nous lie est respecté parce que les danseurs et danseuses sont payés par prestation. Donc autant de prestations, autant d’argent. Au-delà de ça, il y a d’autres avantages qu’ils ont, mais c’est de prime abord ce qui nous lie et jusque-là, tout va bien, aucune partie ne se plaint.
RB : Dites-nous combien ils gagnent à peu près par prestation.
DA :Je ne peux pas dévoiler ce qu’ils gagnent, car c’est leur salaire et le dévoiler pourrait ne pas leur plaire.
RB : Parlez-nous justement de la vidéo que vous avez réalisée avec eux sur le coronavirus ?
DA : L’idée de cette vidéo est venue de moi. Je n’avais même pas prévu un titre sur le coronavirus. C’est sur un coup de tête, un soir où j'étais confiné chez moi, que j’ai commencé à fredonner au son avec ma guitare en compagnie avec ma fille. A un moment, je me suis demandé pourquoi ne pas faire une composition. J’ai proposé cela à mon équipe parce que les gens ont l’habitude de nous voir mais pas avec tout notre staff. J’ai écrit le texte et dès le lendemain, avec le personnel nous avons commencé la programmation. C’était pour faire de la sensibilisation.
RB : Avez-vous conscience que la vidéo est susceptible de leur ouvrir des portes. Quel a été votre intention en réalisant cette vidéo avec eux ?
DA : Pour moi, c’est mon équipe et j’ai fait ça sans arrière-pensée. Si cela peut leur ouvrir des portes, c’est tant mieux. Quand tu travailles avec quelqu’un, tu souhaites qu’il gagne assez pour pouvoir s’épanouir.
RB : Certaines artistes ont invoqué la crise du COVID-19 pour limoger leurs danseurs ou ont tout simplement refusé de les payer. Qu’en pensez-vous ?
DA : Oui, en effet, certains l’ont fait. Personnellement, je pense qu’à cause de la pandémie on ne devrait pas limoger des gens. De toute façon tout doit continuer après la pandémie. Pour moi, c’est le moment d’être au contraire plus solidaire parce que si on l’est avec les voisins, la population, on doit l’être davantage avec ses collaborateurs directs. On ne peut pas dire tout ce que l’on fait mais jusque-là, il n’y a aucun souci entre mon groupe de travail et moi.
RB : Quels seront les sentiers de Dez Altino après la pandémie ?
DA : C’est reprendre en main tout ce qui était prévu par rapport aux prestations. On a des promoteurs qui nous font beaucoup confiance. Beaucoup avaient donné des avances pour des prestations. Des mois après, personne n’a réclamé quoi que ce soit. On a même appelé certains pour leur renvoyer les avances perçues, ils ont tous dit non. En plus de cela, j’avais programmé des concerts live à Ouagadougou et avec la Camerounaise Lady Ponce à Paris dans la salle Olympia. Il y avait, en effet, beaucoup de projets ; pour moi c’est une expérience, car l’homme propose et Dieu dispose. Ça ne devrait rien changer dans tout ce qu’on avait prévu.
RB : On dit que le prince national était enseignant avant de faire carrière dans la musique. Est-ce vrai ?
DA : (Rires, Ndlr). Non c’est trop dire. Je n’ai pas été enseignant en tant que tel mais j’ai fait mon Service national pour le développement (SND) comme enseignant à l’inspection de Titao. Après mon retour à Ouagadougou, je donnais des cours à domicile. J’encadrais des élèves dans les écoles privées en matière de théâtre. C’est peut-être pourquoi les gens disent que j’étais enseignant.
RB : Racontez-nous l’épisode de votre vie où vous avez failli être douanier.
DA : D’abord, j’étais plus attaché à la musique. Quand on m’a dit de faire le concours de la douane, j’étais dubitatif et j’avais même refusé de m’y rendre. A la dernière minute je m’y suis rendu et j’ai trouvé que tout le monde était dans la salle d’examen. Finalement j’ai composé et plus tard j’ai appris que j’étais admissible. Il fallait passer au sport qui était mon point fort parce que je pratiquais les arts martiaux. Malheureusement le jour des épreuves sportives, j’ai eu une petite déchirure. Mais je ne regrette pas car ma passion, c’est la musique.
RB : Avez-vous un dernier mot ou un appel à lancer ?
DA : Je dis merci à mes fans, à la presse qui m’a beaucoup sollicité ces derniers temps. A quelque chose malheur est bon parce qu’on n’avait pas le temps, on bougeait beaucoup. Merci aussi à tous ceux qui nous soutiennent et sont de cœur avec nous. Je souhaite un prompt rétablissement à tous les malades du COVID-19. Vivement que le Burkina vienne à bout de ce virus pour que les choses reprennent. Que Dieu nous bénisse. Wend y a Wendé.
Bill Aka Kora et Cendrine Nama se démarquent des autres artistes dans ce contexte de coronavirus. Ils organisent en effet des concerts live en direct sur Facebook. Une façon pour ces deux artistes de rester en contact avec leur public et aussi d’apporter leur contribution à la lutte contre la pandémie de coronavirus. La rédaction de Radars Info Burkina est allée à leur rencontre. Lisez plutôt.
Dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus, le gouvernement burkinabè a pris des mesures au nombre desquelles l’interdiction de tout regroupement de plus de cinquante personnes. La conséquence en est que les activités culturelles, les festivals et les concerts en vue ont été annulés jusqu’à nouvel ordre. Malgré la suspension de ces activités artistiques, Cendrine Nama et Bill Aka Kora ont décidé de ne pas rester les bras croisés. Ils organisent ainsi des concerts live sur Facebook dans le but de rester en contact avec leur public et c’est, disent-ils, leur manière d’apporter leur contribution à la lutte. « Pour moi, mes concerts live sont une manière de dire que nous devons rester connectés malgré tout et que c’est ensemble que nous allons vaincre la maladie. J’entends ainsi donner un peu de moi-même et me rapprocher de toute la communauté et de tous ceux qui croient en moi et qui m’accompagnent », affirme Cendrine Nama. Apporter un peu de musique et d’évasion à ceux qui sont confinés au Burkina et ailleurs, c’est l’objectif du fondateur du Djongo système, qui affirme : « Je profite de mes concerts live sur Facebook pour sensibiliser aux gestes barrières. Ça nous permet aussi, en tant que musiciens, d’échanger et de nous donner de petits moments de respiration d’une heure ou de quarante-cinq minutes ».
Cette initiative, les fans de ces deux artistes musiciens y adhèrent pleinement. Ces artistes publient des annonces sur le jour et l’heure sur leur page Facebook et le jour du live, les internautes se connectent pour suivre le direct. Bill Aka Kora déclare que lors des premiers concerts live sur Facebook, son staff a pu remarquer qu’il était suivi par au moins douze mille personnes. Il renchérit que plusieurs médias rediffusent leurs mini-concerts sur leurs plateformes. Cette initiative engage quelques petits frais mais pour nos artistes, c’est une façon de contribuer à la lutte contre le coronavirus. Un artiste est un griot qui relaie un message et c’est dans ce sens que la plus grande contribution que pourrait apporter un artiste dans cette lutte contre le Covid-19, c’est d’utiliser sa voix et son image pour sensibiliser la population aux gestes barrières, chose que nombre d’artistes font déjà. L’arrêt des activités culturelles, selon Bill Aka Kora et Cendrine Nama, c’est un moment d’introspection, de réflexion, de méditation et de redéfinition des objectifs de tout un chacun. Leur souhait est commun : l’éradication de la pandémie.