Les femmes en âge de procréer sont confrontées à plusieurs problèmes de santé. Parmi eux, le fibrome utérin. Selon l’OMS, le fibrome utérin touche 20 à 40% des femmes de 25 à 40 ans au niveau mondial. Au Burkina Faso, la maladie est motif de plusieurs consultations gynécologiques et d’interventions chirurgicales. Même s’il est considéré comme un mal bénin par les praticiens, il n’en demeure pas moins que ses complications peuvent être cause de stérilité.
« J’ai commencé à avoir des douleurs vives au bas-ventre ainsi que des règles très douloureuses. Je me suis donc rendue à l’hôpital et le gynécologue m’a demandé de faire une échographie. C’est l’échographie qui a révélé la présence des fibromes. J’ai donc subi une intervention chirurgicale pour les retirer. Malheureusement l’intervention n’a pas réglé le problème. J’avais toujours des règles abondantes et le ventre qui grossissait comme si j’étais enceinte. Le gynécologue m’a dit de revenir pour une deuxième intervention qui impliquait l’ablation de l’utérus. J’avais refusé car je voulais un troisième enfant. Face à la douleur et à l’hémorragie qui était devenue permanente, j’ai décidé de revenir pour la deuxième intervention. Je ne pourrai plus avoir d’enfant comme je le désirais ». A l’image de dame O.D., mère au foyer, elles sont nombreuses les femmes qui voient leur vie chamboulée et leur désir d’enfant mourir du fait des fibromes. Véritable problème de santé publique, les fibromes sont des tumeurs bénignes, c'est-à-dire non cancéreuses, qui se développent au niveau de la paroi utérine. Leur nombre et leur localisation peuvent varier d’une femme à l’autre, de même que leur taille (allant de quelques millimètres à plusieurs centimètres. Aussi appelés myomes ou fibromyomes utérins, les fibromes apparaissent généralement chez les femmes après l’âge de 30 ans avec des tailles variables. Plusieurs facteurs peuvent en favoriser l’apparition chez la femme. Il s’agit notamment du facteur hormonal : une importante sécrétion d’hormones sexuelles, en l’occurrence les œstrogènes, joue un rôle dans la croissance des fibromes. Le risque qu’une jeune fille dont la mère a souffert de fibromes en soit également atteinte est grand. Le facteur peut aussi être racial : les femmes de race noire font quatre fois plus de fibromes et de taille importante que celles de race blanche. Les jeunes filles ayant eu leurs premières règles avant douze ans présentent un risque. La ménopause, la nulliparité, l’obésité et la consommation d’alcool constituent également des facteurs de risques.
Dans la majorité des cas, les femmes souffrant de fibromes présentent des saignements abondants au cours des menstrues ou en dehors, qui entraînent souvent des vertiges ou une anémie grave. A cela s’ajoutent des douleurs vives au ventre ou au bas-ventre ou encore des pertes vaginales malodorantes. Les fibromes peuvent entraîner des troubles de la fertilité et, en cas de grossesse, un risque de fausse couche, ou d’accouchement prématuré. D’autres symptômes (envie fréquente d’uriner, constipation, rapports sexuels douloureux…) ont également été signalés.
C’est généralement au regard d’un de ces symptômes que les femmes se présentent dans les centres de santé pour une consultation gynécologique. La suspicion de fibromes conduit le médecin à demander une échographie qui permettra de déterminer la taille et l’emplacement du ou des fibromes et d’offrir le traitement approprié. A ce niveau, il faut noter qu’il n’est pas nécessaire de traiter les fibromes asymptomatiques, chose que certaines patientes ont souvent du mal à comprendre et à accepter. Pour les autres fibromes, généralement de taille importante, la chirurgie constitue le principal recours. Elle permet de retirer les fibromes tout en préservant l’utérus, donc la possibilité de grossesses futures. Malheureusement, cette intervention ne met pas la patiente à l’abri d’une réapparition des fibromes. La seule solution pour éviter une récidive est l’hystérectomie ou ablation de l’utérus, généralement réservée aux femmes qui ne souhaitent plus enfanter. Plusieurs femmes opposent de la résistance au traitement par intervention chirurgicale. La raison en général ? La peur, surtout celle de ne plus pouvoir enfanter. Pour réduire les facteurs de risques et permettre un dépistage précoce, Professeur Françoise Millogo, gynécologue, conseille aux femmes en âge de procréer de faire au moins une, voire deux, consultations gynécologiques par an. Ce qui permettra par la même occasion d’effectuer les dépistages des cancers féminins tels celui du sein ou du col de l’utérus. Il ne faut pas non plus hésiter à consulter un médecin chaque fois qu’est constaté l’un des symptômes ci-dessus cités. Pratiquer également une activité physique régulière est également conseillé, car les femmes physiquement actives y seraient moins sujettes que les femmes sédentaires ou obèses.
Armelle Ouédraogo (Stagiaire)