Le vovinam viet vo dao est un sport de combat utilisant les techniques à mains nues et à armes blanches. Composé de 60% de philosophie et 40% de techniques, ce sport spirituel et de techniques est un condensé des autres sports de combat tels que le jujitsu, l’aïkido, le judo, le karaté et le taekwondo. Actuellement au Burkina Faso, il a le vent en poupe au regard des médailles engrangées fin juillet en Belgique lors de la 5e coupe du monde. Malgré cette glorieuse, il faut noter que le viet vo dao burkinabè est enclin à des crises intestines. Divisée en deux camps, celui de Me Apollinaire OUEDRAOGO avec son association Tong nooma composée de 11 clubs et celui de Me Fernand OUEDRAOGO, président de la fédération burkinabè de vovinam viet vo dao, la famille du viet vo do burkinabè peine à s’unifier. Dans cette interview accordée à Radars info Burkina, Me Apollinaire OUEDRAOGO 5e dan, revient sur la pomme de discorde entre son association et la fédération. Pour lui, l’association Tong nooma est la seule structure qui pratique le vrai viet vo dao au Burkina Faso, l’autre camp ayant tronqué les techniques originelles.
Radars Info Burkina : Le Viet vo dao est un sport qui est peu connu au Burkina Faso, mais qui se comporte bien à l’international au regard des médailles engrangées ces derniers temps. Qu’est ce qui doit être fait pour une meilleure promotion de ce sport au Burkina Faso ?
AO : On a tous applaudi les médailles engrangées au niveau international du coté de la Belgique. Mais, le vovinam au Burkina Faso gagnerait à être uni. Avant, notre association qui est l’Association Vovinam tong nooma (Composée de 8 clubs à Ouagadougou et de 3 en provinces) et la fédération ne faisaient qu’une seule entité, mais à cause de certaines dérives, notre association a préféré s’écarter de la fédération. Nous sommes restés sur la voie originelle du viet vo dao, c'est-à-dire en étroite phase avec la ligne du grand maître Nguyen Loc dont le successeur est le feu patriache Le Sang. De nos jours, c’est le grand maître supérieur Nguyen Van Chien qui est l’unique 10e dan, portant l’unique ceinture blanche de l’école vovinam viet vo dao. Du côté de la fédération, il y a plusieurs 10e dan. Vous avez pu le constater avec le championnat de Belgique. Ce que l’école originelle du viet vo dao ne connait pas. La fédération suit un maitre qui s’appelle Me Nguyen Tran Dao 6e dan en son temps et qui avait aussi commencé à faire des championnats du monde de viet vo dao avec un agrément du ministère français des sports, parce qu’il réside en France. Pourtant, il avait coupé toute relation avec le Vietnam depuis des années. C’est à son championnat donc que la fédération a participé et a ramené des médailles. Nous ne pratiquons donc pas le même viet vo dao. L’école vovinam ne les reconnait d’ailleurs pas, car ne suivant pas la voie originelle du vovinam. Me Nguyen Tran Dao dont relève la fédération a quitté le Vietnam depuis longtemps et avait même coupé toute relation avec la source.
RIB : En conclusion, peut-on dire que la fédération qui a ramené les médailles ne pratique pas le vrai viet vo dao et n’a pas participé à la vraie compétition ?
AO : Bon ! On peut le dire comme cela, du moment où elle n’est pas avec la source et qu’on tente de le faire croire. Notre association fait partie de la fédération mondiale qui a été mise en place en 2008 donc j’ai été membre. Déjà en 2007, on avait pu inscrire le Burkina Faso pour la mise en place de cette toute première fédération
RIB : Alors qu’est ce qui s’est passé entre temps pour que ce jeune sport qui est tant méconnu soit entré en pleine division ?
AO : Une fois qu’on commence à voir des intérêts autres que le sport, cela ne peut qu’amener des divisions. En 2008 pendant les renouvellements de lignes et de fédération, on a voulu empêcher trois clubs sur les sept validés au plan national qui officiaient depuis longtemps, d’y prendre part, car ils venaient d’avoir leur récépissé selon les exigences du ministère des sports de l’époque. Cela a été la pomme de discorde. En son temps j’ai été désigné pour trouver le consensus avant les élections et je croyais avoir réussi. A l’Assemblée générale, le consensus a été balayé du revers de la main et le bureau a été mis en place en excluant les clubs qui venaient d’avoir leur récépissé. J’étais directeur technique national et j’ai préféré me retirer face à ce méli-mélo. D’autres clubs de Ouagadougou et des provinces ont aussi emboité mon pas et on s’est regroupé pour créer l’association Tong nooma. C’est par la suite que l’on a constaté que Me Nguyen Tran Dao est venu à Ouagadougou donner un stage international. J’ai alors compris que des gens ont travaillé à m’écarter, car ils savaient que j’allais m’opposer à cela, car c’est une voie sans issu : Me Dao ayant rompu depuis longtemps avec le Vietnam, c’est évident que les techniques originelles vont être tronquée.
RIB : Après la mise en place de la fédération, y a t-il eu des médiations pour ramener la cohésion autour de ce sport ?
AO : Il y a eu des médiateurs comme Me Christophe OUEDRAOGO du taekwondo qui a été désigné par le Mogho Naaba pour faciliter la cohésion. Il nous a été demandé de nous asseoir ensemble afin d’aménager un programme commun même si chaque camp a ses maîtres. Pour les compétitions internationales, je voulais que l’on se prête des éléments, mais je n'ai jamais eu l'occasion de m'asseoir avec la fédération pour en discuter. Devant Sa majesté, je me agenouillé par signe de respect et pour lui montrer ma bonne foi à trouver des solutions à la crise. Le président de la fédération actuel a donc conclu que je m'excusais auprès du Mogho Naba, parce que notre clan a tort. Quand nous sommes retrouvés, on n’a pas pu accorder nos violons, car la fédération veut que nous revenions école par école. Pourtant, si nous revenions école par école, nous allons nous insérer dans leur ligue et suivre obligatoirement leur programme. Ce qui veut dire que l’on ne pourra plus retourner à la source qui est le vrai viovinam viet vo dao. Après analyse donc, j’ai voulu qu’on revienne en tant que notre association afin qu’on évolue ensemble côte à côte dans la fédération. Toutefois, quand il s’agira d’international, on ira ensemble et quand il s’agira de championnat national, on peut arrêter un programme commun où les techniques à pratiquer sont connues. Aussi, comme souvent les techniques ne sont plus les mêmes, chaque partie envoie quelques unes de ses techniques pour le championnat. Quant à la subvention de l’Etat, on la partage en deux, mais cette proposition n’a pas rencontré l’assentiment de la fédération. Ce qui fait que jusqu’à présent, on est toujours divisé.
Propos recueillis par Candys Solange PILABRE/ YARO