Après quelques jours d’attente, le gouvernement Christophe Joseph Marie Dabiré est connu depuis l’après-midi de ce 24 janvier 2019. Au total, neuf ministres du gouvernement Paul Kaba Thiéba III quittent le navire et huit autres y font leur entrée. Cette nouvelle équipe qui doit faire face à la fronde sociale et relever les défis sécuritaires, marqués par la recrudescence des attaques terroristes, est composée de 32 membres, dont 2 ministres d’Etat et 4 ministres délégués. Les très sensibles portefeuilles de la Défense, de la Sécurité et de l’Economie sont confiés à de nouvelles têtes.
Quelques heures après sa prise de service, le nouveau Premier ministre, Christophe Joseph Marie Dabiré, a dévoilé la liste de son équipe gouvernementale. Comme il fallait s’y attendre, des changements ont été opérés à la tête de certains départements afin de répondre au mieux aux attentes des populations et des partenaires sociaux.
Dans cette première équipe de Christophe Dabiré composée de 28 ministres pleins et de 4 ministres délégués, on note l’absence de deux des caciques du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) : il s’agit de Simon Compaoré qui, dans les différents gouvernements Thiéba qui se sont succédé, avait le titre de ministre d’Etat, ainsi que de Clément Pingwendé Sawadogo, précédemment à la tête du ministère très sensible de la Sécurité et dont l’opposition réclamait le départ, pointant du doigt son échec à garantir la sécurité des citoyens. Il cède sa place à Ousséni Compaoré qui, on le sait que trop, hérite d’une patate chaude au regard du contexte sécuritaire actuel. Colonel de son état, le désormais ministre de la Sécurité a été commandant de la gendarmerie sous la révolution. Il devra travailler à rétablir la confiance et la collaboration entre population et forces de défense et de sécurité.
D’un ministre d’Etat, l’exécutif burkinabè passe désormais à deux. En effet, Moumina Chériff Sy, précédemment haut représentant du président du Faso, devient ministre d’Etat aux commandes du ministère de la Défense nationale et des Anciens Combattants. Il remplace ainsi le très controversé Jean Claude Bouda, dont la démission avait été longtemps réclamée par l’opposition politique qui estimait qu’il n’était pas à la hauteur des réalités sécuritaires du moment. Le désormais ministre d’Etat, ministre de la Défense nationale et des Anciens Combattants a le lourd devoir donc de redorer l’image du pays, longtemps secoué par le terrorisme. Tout en gardant son portefeuille ministériel qui s’élargit avec la cohésion sociale, Siméon Sawadogo porte aussi désormais la casquette de ministre d’Etat.
Dans le secteur de l’économie, l’oiseau rare, dame Rosine Sori/Coulibaly, cède sa place à Lassané Kaboré, précédemment directeur chargé de la surveillance multilatérale à la CEDEAO à Abuja, au Nigeria. Il a aussi la lourde tâche de resserrer les liens avec les partenaires sociaux de son département en essayant de trouver le juste milieu en ce qui concerne notamment la question du fonds commun. Si le départ de dame Rosine peut être applaudi par les syndicats des finances, Rosine Sori/Coulibaly peut pousser un ouf de soulagement et se féliciter d’avoir fait bouger quelques lignes dans ce ministère, perçu par une frange de l’opinion publique comme une caserne d’Ali Baba pour une partie des agents de l’Etat.
D’autres départs sont également enregistrés, notamment dans les départements de la Santé, qui échoit à Léonie Claudine Lougué/Sorgho, de l’Agriculture, qui revient à Salif Ouédraogo, et de la Jeunesse dont Salifo Tiemtoré prend la tête.
Les autres départements n’ont pas connu grand changement. Les ministres de la Communication, des Infrastructures, de l’Habitat, des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et des Enseignements qui s’élargit avec la Promotion des langues nationales, conservent leurs portefeuilles. Pas de changement non plus dans les secteurs des Sports, de la Fonction publique, des Mines, de l’Energie, de l’Economie numérique, de la Femme dont les ramifications s’étendent maintenant à l’Action humanitaire. Idem pour les portefeuilles de l’Environnement, des Ressources animales, des Transports, du Commerce, de l’Eau et de la Culture qui reste la chasse gardée du Parti pour la renaissance nationale (PAREN) du professeur Laurent Bado.
En définitive, on peut aussi noter de ce gouvernement Christophe Dabiré I que même si certains départements sont tenus par les mêmes têtes, ils connaissent tout de même quelques modifications. Ainsi, le ministère de l’Administration territoriale devient un ministère d’Etat et s’occupe désormais de la question de la cohésion sociale. Le portefeuille de la justice est scindé en deux pour former celui de la Justice, garde des Sceaux, tenu par René Bagoro, et celui des Droits humains et de la Promotion civique, désormais confié à Maminata Ouattara.
Cette équipe gouvernementale se caractérise aussi par l’absence de secrétaires d’Etat et l’augmentation du nombre de ministres délégués. En effet, le gouvernement Paul Kaba Thiéba III comptait quatre secrétaires d’Etat et un ministre délégué. Celui qui vient d’être mis en place compte quatre ministres délégués et aucun secrétaire d’Etat.
Les grands sortants de ce gouvernement sont incontestablement Simon Compaoré et Clément Sawadogo qui, vraisemblablement, sont repartis pour tenir les rênes du parti dans la perspective des échéances électorales de 2020.
Candys Solange Pilabré/ Yaro