jeudi 21 novembre 2024

Enseignement de l’alphabet braille : Une insertion socioprofessionnelle pas des plus aisées

braille uneDepuis 30 ans, l’Union nationale des Associations burkinabè pour la promotion des aveugles et malvoyants du Burkina Faso (UN-ABPAM /BF) s’est inscrite dans une dynamique d’instruction des handicapés visuels, pour faciliter leur insertion socioprofessionnelle par le biais de l’alphabet braille. Durant leur parcours préscolaire, scolaire et universitaire, ceux-ci, en plus de leur handicap, font face souvent à des pesanteurs socio-économiques qui entravent leur plein épanouissement.

Pour une centaine d’inscrits au niveau scolaire par an, c’est au final une cinquantaine d’anciens élèves que comptent l’UN-ABPAM /BF comme travailleurs au sein de la fonction publique, selon le président de l’association précitée, Christophe Oulé. A en croire ce dernier, après un cursus scolaire, voire universitaire, parsemé d’embûches, les malvoyants sont confrontés à de sérieux problèmes d’insertion professionnelle, quand bien même ils seraient compétents.

Selon Seydou Ouédraogo, ancien élève de l’établissement, quand il était lycéen, entre ses camarades de classe et lui ce n’était pas l’entente parfaite. En plus de cela, certains enseignants ne lui facilitaient guère la tâche. Et pendant que la plupart de ses camarades étaient peu coopératifs, refusant de lui dicter les cours après les classes, certains enseignants n’étaient pas disposés à aller à son rythme.  Pensant être sorti de l’auberge quand il a réussi au baccalauréat, il sera vite confronté à l’université à d’autres difficultés, certains de ses enseignants le prenant pour un plaisantin. Mais à force de persévérance, M. Ouédraogo a pu tirer son épingle du jeu en décrochant une maîtrise en droit privé. Mais après ce diplôme et sa réussite à un concours de la fonction publique, son insertion professionnelle dans son service était aussi un autre challenge pour lui. C’est pourquoi Seydou Ouédraogo en appelle à la sensibilisation des populations afin qu’elles aient davantage de considération pour les malvoyants.

braille2Parlant de la sensibilisation, Christophe Oulé estime que la collaboration de l’Etat est certes louable mais que des efforts restent à faire. Pour le cas de l’employabilité, dame Soulama, inspectrice de l’enseignement à l’inspection Ouaga I, indique que malgré sa bonne volonté, elle n’arrive pas à employer convenablement un de ses agents handicapé visuel pour indisponibilité du matériel de travail de celui-ci dans son service. Pour l’inspectrice, son agent affecté au secrétariat doit disposer d’un logiciel d’un coût d’environ un million, somme qui est au-delà du budget. Elle indique que cet état de fait ne laisse pas entrevoir les compétences de ces malvoyants, même s’ils sont souvent plus qualifiés que certaines personnes voyantes.

Mis à part ces difficultés, il faut reconnaître que certains des anciens élèves sortent du lot. C’est le cas d’Abdoulaye Traoré, entrepreneur à Bobo, qui encourage ses camarades à la persévérance en ces termes : « On n’a pas la vue mais on a la tête ; les yeux ne voient pas, c’est l’esprit qui voit. Même les voyants quand ils veulent voir une chose, ils disent ‘’donne-moi je vais voir’’, ce qui signifie que le toucher est très important ». Abdoulaye Bandaogo, journaliste à radio braille3Oméga est également un exemple de réussite de l’enseignement braille, car il a été bénéficiaire de l’encadrement de l’UN-ABPAM.

Selon le président de l’ABPAM, la numérisation des manuels scolaires et universitaires, l’acquisition des logiciels spécifiques de travail et la prise en compte de la spécificité des handicapés visuels peuvent contribuer à résoudre cette équation qu’est l’insertion socioprofessionnelle.

 

Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné

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