Le sergent-chef Roger Koussoubé, dit le Touareg, est le troisième sur la liste des cinq accusés appelés à passer à la barre du tribunal militaire pour un interrogatoire complémentaire. Il campe sur ses positions et ne reconnaît pas avoir été le messager du général Diendéré auprès des adjudants Jean Florent Nion et Eloi Badiel. Pour lui, c’est parce qu’il était hors du pays qu’il a été chargé de tous les péchés d’Israël.
A son deuxième passage à la barre, le sergent-chef Roger Koussoubé, dit le Touareg, a maintenu les déclarations qu’il avait précédemment faites devant le tribunal. Il affirme n’avoir jamais été le messager du général Diendéré et ajoute que celui-ci ne l'a jamais envoyé rencontrer les adjudants-chefs Jean Florent Nion et Eloi Badiel en vue d'exécuter un coup d'Etat, comme tentent de le faire croire certains. « Etant donné que Nion et Badiel étaient chargés de la sécurité du président Kafando, si j'étais allé les voir pour leur dire que le général avait dit de faire un coup d'Etat, leur premier acte allait être de me mettre aux arrêts. Et s’ils voulaient vraiment vérifier l'information, ils pouvaient me conduire chez le général pour cela. Je sais qu'un coup d'Etat est un acte illégal et qu’aucun chef militaire ne va donner l'ordre de le faire... Et si j'avais vraiment été le messager du général, pourquoi suis-je resté dehors lorsqu’avec Nion et Nebié nous sommes allés chez lui ?» questionne-t-il.
Le Touareg va plus loin en soutenant que s’il avait su dès le départ que c’était un coup d’Etat, il se serait retiré plus tôt. C’est une fois à bord du véhicule en partance pour le domicile du général qu’il a demandé à l’adjudant Nion ce qui se passait. Celui-ci a alors affirmé que c’était une « énième crise ». Le sergent-chef Koussoubé a aussi refusé de revenir sur l'existence de clans au sein du RSP car, estime-t-il, le général Djibril Bassolé a déjà dit qu'il n'avait pas de clan et que lui, il est trop « petit » devant un général pour y revenir.
De l’avis de l’accusé et de son conseil Me Sandwidi, plusieurs de ses coaccusés, dans leurs déclarations, font des confusions sur les dates des évènements, confondant celle du 16 septembre avec celles de la crise de juillet 2015. Les personnes qui font les déclarations ne sont pas sûres de leur mémoire, il faut donc retenir l’essentiel. Et l’essentiel, selon Me Sandwidi, est que le parquet manque crucialement de preuves, accusant clairement son client. Il ne fait qu’user des procès-verbaux qui ont été malmenés et contestés par certains accusés et est même obligé d’en appeler à des preuves versées dans le dossier par la partie civile pour obliger son client à reconnaître ce qu’il n’a pas fait. « Ne comptez pas sur Koussoubé pour compléter votre dossier en étant accusé et témoin contre d’autres accusés », a-t-il martelé. Le parquet n’a donc pas, de son point de vue, fait son travail et il ne serait pas honteux de sa part de reconnaître qu’il manque d’éléments de preuves factuelles et de constance contre son client.
A la question du parquet de savoir si le Touareg avait remis des devises étrangères à garder au caporal Sami Da, l’accusé est formel : il n’en est rien. Il dit avoir certes remis des devises en francs CFA au caporal, mais pas au moment du putsch. Il s’agirait de huit millions qu’il aurait reçus de la part du colonel Yacouba Isaac Zida. Il dit en avoir rendu compte à ses supérieurs hiérarchiques avant d’en donner la moitié à Sami Da, qui a été l’intermédiaire du colonel Zida. L’autre moitié, il l’a gardée. Le caporal, dans sa déposition, a pourtant affirmé avoir reçu un sac plein de devises étrangères qui serait resté dans un véhicule et avoir participé au putsch au nom du sergent-chef Koussoubé.
En rappel, Roger Koussoubé, dit le Touareg, est inculpé de cinq chefs d’accusation qui sont : attentat à la sûreté de l’État, meurtres, coups et blessures volontaires, complicité de dégradation volontaire aggravée de biens et incitation à commettre des actes contraires au règlement et à la discipline militaires.
Armelle Ouédraogo (Stagiaire)