Derrière la Société nationale burkinabè d’hydrocarbures (SONABY), dans l’arrondissement numéro 6 de Ouagadougou, se cache un site de granite à ciel ouvert, communément appelée « carrière de Pissy ». Dans ce lieu, des hommes et des femmes concassent ces granites au quotidien pour assurer leur pitance.
Les bruits de concassage, les fumées et les tiraillements des vendeurs accueillent tout visiteur de la carrière de granite de Pissy. Pendant que certaines femmes, assises sous des tentes et des arbres réduisent en petits morceaux les granites, d’autres les approvisionnent de blocs de pierres transportés dans des récipients.
Parmi les travailleurs, de nombreuses femmes concassent les granites du lundi au samedi, de 8 heures à 17 heures. Elles sont bien organisées. En effet, il y a des femmes qui descendent dans la fosse pour récupérer les blocs de granites. Elles les transportent dans des récipients et les font remonter en surface pour les concasseuses. « Nous achetons les blocs de granites avec ceux qui les enlèvent dans le trou à deux mille (2000) francs CFA le tas. Les dockers sont chargés de nous les apporter à huit cent (800) francs CFA. Pour faciliter le travail des vieilles, des jeunes sont payés pour casser les plaquettes en gros morceaux. Chaque tas de plaquettes morcelés coûtent huit cents (800) francs CFA aux femmes », a expliqué Alimata TAPSOBA. Ainsi, les blocs de granites achetés à deux mille (2000) francs CFA au départ, reviennent à trois mille six cent (3 600) francs CFA.
Ces blocs sont vendus à 2000 francs CFA par plat
Après avoir concassé le tas de deux mille (2 000) francs, elles arrivent à obtenir neuf plats de gravillons qu’elles commercialisent à six cent (600) francs CFA l’unité.
Une fois que les gravillons sont rassemblés en grande quantité, les revendeurs viennent charger avec leurs bennes. « Nous achetons au moins cent (100) plats pour que cela puisse faire le chargement d’une benne. Le prix d’une benne varie entre cent mille (100 000) et deux cent cinquante mille (250 000) francs CFA, selon la taille du camion », a indiqué Mahamadi KOUBILSOUGRE, un revendeur.
Une femme en train de concasser les granites sous sa tente
Parmi les travailleurs de cette carrière, il y a ceux qui s’y adonnent par saison. C’est l’exemple de Abdoul Aziz OUEDRAOGO, âgé de dix-huit ans, qui se retire dans son village pendant les saisons pluvieuses pour cultiver. « C’est seulement pendant la saison sèche que je travaille sur ce site, et ce, depuis trois ans. J’ai dû arrêter mes études à causes des problèmes sociaux », a-t-il expliqué.
De l’avis d’Abdoul Aziz OUEDRAOGO, ils brûlent des pneus sur les granites durant une semaine avant le concassage des gros morceaux. Pour tout métier, les risques d’accidents sont inévitables. Cependant, les travailleurs de cette carrière ont leur boîte à pharmacie composée de produits de première nécessité pour les blessures légères. « Mais lorsque le cas est grave, on le transfère à l’hôpital. Tous ceux qui travaillent sur ce site cotisent pour soutenir l’accidenté », a notifié Mahamadi KOUBILSOUGRE.
Cryspin LAOUNDIKI