Autrefois zone de transit, l’Afrique de l’Ouest est devenue aujourd’hui une zone de grande consommation de drogue ces dernières années. Plusieurs variétés de drogues font leur apparition dans ladite zone. Ce fléau touche principalement la jeunesse, qu’il décime un peu plus chaque année. Pour certains acteurs de la vie nationale, la sensibilisation et la répression ayant montré leurs limites, il faut envisager la légalisation de la consommation des drogues douces comme moyen de lutte.
Faut-il dépénaliser la consommation des drogues douces au Burkina Faso ? Voilà un sujet qui divise l’opinion publique. En effet, après des années de lutte inefficace, certains acteurs de la lutte contre la drogue ont proposé comme solution la dépénalisation de la drogue douce, qui est principalement le cannabis, encore appelé marijuana ou herbe. Certains pays africains tels l’Afrique du Sud ont déjà fait le grand saut en annonçant le mardi 18 septembre 2018 la dépénalisation de la consommation de cannabis. « Ce ne sera plus un délit pour un adulte de consommer ou de posséder du cannabis à titre privé pour sa consommation personnelle à domicile », a confié le juge sud-africain, Raymond Zondo. La Tunisie, quant à elle, serait en passe de dépénaliser la consommation de ces drogues douces. Mais qu’en est-il du cas du Burkina Faso?
« Pour ma part, je suis contre la légalisation des drogues douces », soutient Léonard Dominique Compaoré, directeur de l’institut « la joie de vivre ». Selon lui, au vu de leurs expériences dans la prise en charge des drogués, la dépénalisation nuira grandement à la jeunesse. « La plupart de ceux qui en consomment, avec le temps, finissent par avoir des troubles comportementaux : pas de concentration à l’école, une volonté de ne rien faire. Cela cultive la fainéantise et peut même pousser d’autres à commettre des actes tels que le vol. C’est vrai que ce n’est pas tout le monde, mais à 90% les effets sont beaucoup plus néfastes », ajoute-t-il.
Un point de vue que le Dr Hubert Traoré du Programme régional de réduction des risques VIH/SIDA et autres comorbidités et la Promotion des droits humains auprès des consommateurs de drogues injectables en Afrique de l’Ouest (PARECO) défend avec ferveur : « Notre contexte ne nous le permet pas. D’abord, nous ne sommes pas encore à un niveau avancé de la lutte qui nous permette de dépénaliser les drogues douces ». En effet, la loi du Burkina ne répond pas aux standards internationaux. En outre, s’agissant de la perception sociale, les gens ne sont pas pour une dépénalisation de la consommation de la drogue, qu’elle soit douce ou dure ; il faut donc aller progressivement en tenant compte de l’évolution des mentalités. Pour M. Ouédraogo, enseignant, légaliser la drogue douce, c’est la porte ouverte à la consommation de la drogue en général, puisque les consommateurs passeront plus tard de la drogue douce à la drogue dure.
En rappel, la drogue douce est considérée comme une drogue n’ayant que des effets mineurs sur l’organisme, donc qui provoque une faible dépendance. Au vu de ses effets néfastes sur la jeunesse, on peut se poser la question de la qualité du cannabis qui entre au Burkina Faso.
Edwige Sanou