Le web 2.0 a transformé l’internaute en éditeur de contenu, développant ainsi deux nouvelles formes de journalisme qui cohabitent : le web journalisme et le web activisme. Pour le public consommateur de contenu, il n’est souvent pas évident de déterminer la frontière entre ces deux types d’activité qui ont certes un point commun, le même procédé de diffusion, mais ne sont pas astreintes aux mêmes règles de tri et de traitement de l’information.
En 2011, l’usage des réseaux sociaux dans la vague des « printemps arabes » ainsi que dans les différents mouvements de contestation au Sénégal a démontré, si besoin était, le rôle de contre-pouvoir du web activisme au point qu’il soit intégré par le public comme un type de journalisme. Quels points de ressemblance y a-t-il entre ces deux activités et quels sont les éléments qui les différencient ?
Les activistes sur le web et les journalistes de la presse en ligne sont bel et bien différents. Le procédé de tri et de traitement de l’information varie d’un type de pratique à l’autre. Le web journalisme se caractérise en effet par la diversité des formes, la multiplication des titres, l’augmentation du lectorat et l’émergence de nouvelles compétences et pratiques journalistiques. Le web activisme prend fait et cause pour des évènements sociaux pour lesquels le traitement n’est pas exempt de neutralité et le recoupement des faits et la vérification des informations sont souvent absents. Pour ce type d’écrit, le risque de manipulation est grand et de ce fait peut constituer un instrument de déstabilisation alors qu’une déontologie devrait guider les acteurs de ce domaine d’activité.
L’avènement des téléphones androïdes et la prolifération des réseaux de distribution internet ont permis un développement fulgurant du web activisme qui a élevé les praticiens de cette activité en leaders d’opinion, qui souvent ravissent la vedette au web journalistes. Du point de vue du contenu, certaines publications laissent souvent à désirer quant au crédit qu’on peut leur accorder.
Pour l’activiste Basic Soul, « le web activisme au Burkina connaît aujourd’hui beaucoup de dérives avec les nombreux procès que l’on note. Il y aura certainement une décantation avec le temps. Même si je ne suis pas très optimiste sur l’avenir car un certain nombre de groupes d’intérêt politiques et économiques ont trouvé moyen de prolonger leur combat sur le Web avec des brigades de défense qui essaient de donner le maximum de coups sous la ceinture à l’adversaire ». Pour sa part, Cheick Fall, activiste Sénégalais, pense qu’un activiste doit s’assumer en prenant la responsabilité de son engagement vis-à-vis de sa communauté et ne jamais perdre de vue la neutralité, l’objectivité et la crédibilité des informations diffusées.
Nous concernant, nous pensons que la frontière entre ces deux activités est clairement la procédure de contrôle de l’information avant sa diffusion.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné