samedi 23 novembre 2024

Pesticides dans les champs : du poison dans nos assiettes

pesticides uneLes pesticides sont de plus en plus utilisés dans le maraîchage au Burkina Faso, et le véritable problème c’est qu’ils le sont de manière incontrôlée. Ainsi, ni le dosage, ni les mesures d’application ne sont suivis comme cela est recommandé. Ce qui n’est pas sans conséquences sur la santé du consommateur et du producteur lui-même.

 L’utilisation des pesticides dans le maraîchage a des répercussions inimaginables sur la santé du consommateur. « L’utilisation des pesticides dans les fruits et légumes est dangereuse pour le consommateur, car cela peut modifier l’organisme de l’homme, par exemple les hormones », confie Mme Sawadogo, agronome, coordonnatrice des filières du Groupement d’intérêt économique (GIE) Bioprotect.

Selon cette promotrice de l’agriculture bio, ces produits chimiques qui font des ravages dans les champs au Burkina Faso n’étaient pas destinés à l’origine aux cultures, mais étaient plutôt utilisés comme arme de guerre. « Les pesticides étaient par moments utilisés sur les champs de guerre pour tuer les herbes et rendre l’ennemi visible. Ce n’est qu’après qu’ils ont commencé à être utilisés dans l’agriculture, ce qui a contribué à augmenter le rendement. Peu de temps après, cela a montré ses limites, avec des effets secondaires comme les malformations », souligne-t-elle.

De l’avis de cette spécialiste en agronomie, les pesticides ont leur part de responsabilité dans la hausse vertigineuse des cas de cancers diagnostiqués dans le monde ces dernières années.  « Sur certains emballages, il est recommandé  d’attendre une semaine ou deux avant d’entrer dans son champ après traitement, sous peine d’empoisonnement, ou de  laisser le temps au produit de s’évaporer des légumes. Il arrive que certains maraîchers fassent le traitement, récoltent en moins de trois jours et le produit se retrouve donc sur le marché. Alors qu’il y a un temps de rémanence. La consommation d’un tel produit contribue à modifier les hormones. Du coup, on se retrouve avec des problèmes de santé que l’on ne connaissait pas auparavant comme le cancer », explique-t-elle.

pesticides 2« Prenons le cas des courgettes, des pastèques qui sont exposées aux pesticides tous les trois jours jusqu'à la récolte. Quand tu récoltes le fruit, le pesticide est toujours à l’intérieur. Consommer un tel fruit reviendrait à boire du pesticide à petite dose, puisque ça passe par les feuilles et descend jusque dans les racines. En outre, il faut savoir que l’utilisation excessive des pesticides obsolètes, laisse des résidus chimiques dans les légumes. Il est formellement interdit à une femme enceinte  de s’approcher d’un endroit où il y a un traitement des pesticides, pourtant cette mesure n’est pas respectée sur le terrain», ajoute-t-elle.

Pour notre interlocutrice du jour, de plus en plus, les Burkinabè prennent conscience du danger sur le plan sanitaire de l’utilisation des pesticides et réclament des produits bio. À la question de savoir ce que peut faire le consommateur pour se mettre à l’abri d’éventuels problèmes liés aux pesticides, Mme Sawadogo est formelle : c’est le consommateur qui pousse les producteurs à utiliser des pesticides. « Nombreux sont les producteurs qui ont tenté de faire du 100% bio, mais pour finir ils ont dû laisser tomber car  le consommateur veut les légumes qui sont agréables à regarder et non par exemple des choux percés par des insectes. Si vous voyez  ces choux et tomates qui sont si beaux,  posez-vous la question de savoir pourquoi même les insectes n’y ont pas touché. Il faut que le consommateur sache que les choux  percés  sur le marché sont les meilleurs pour la santé », conclut-elle.

Edwige Sanou

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