La Journée des droits de l’homme est célébrée le 10 décembre de chaque année, jour anniversaire de l’adoption par l’Assemblée générale des Nations unies de la Déclaration universelle des droits de l’hommeen 1948. Cette année, la Journée des droits de l’homme marque la célébration du 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, même si ceux-ci sont encore et toujours bafoués un peu partout dans le monde. En voici la preuve dans quelques extraits de discours de fervents défenseurs des droits humains.
Ioli Kimyaci, représentante du HCR au Burkina : « Près de 10 % de la population au Burkina Faso et 3% de la population du Sahel sont des apatrides, selon une étude réalisée par le HCR. Un apatride est une personne qui n’appartient à aucun pays. Au moins 10 millions de personnes dans le monde n’ont aucune nationalité. Une personne apatride connaît des déceptions, des exclusions le long de sa vie parce qu’il ne peut pas aller à l’école, ni avoir un bon travail, ni ouvrir un compte bancaire, ni acheter une maison, ni se marier, ni avoir une carte Sim et voyager sans être inquiétée. »
Petrus Barry, directrice régionale d’Amnesty international : « Les jeunes hommes et femmes victimes de l’ordre politique économique et international se retrouvent dans des situations inhumaines, sont obligés de migrer et de voir le cercle vicieux se refermer sur eux. Nous avons mené de nombreuses campagnes pour revendiquer les droits des migrants. Tout au long de leur voyage et de leur quête d’une vie décente, ces personnes sont extrêmement vulnérables et victimes d’innombrables atteintes à leurs droits fondamentaux, à leur statut ou souvent leur non-statut. De nombreux migrants vivent souvent sous la menace quotidienne d’être arrêtés arbitrairement, voire détenus dans des conditions inhumaines et dégradantes. S’il arrive que certains travaillent, ils perçoivent des salaires qui ne correspondent pas aux standards du pays ou ne sont pas du tout payés pour leur travail. Leurs documents d’identité sont souvent confisqués, ce qui est une atteinte aux droits humains. Certains Etats ont recours à la détention prolongée ou indéfinie, à des reconduites aux frontières sans aucune possibilité de demander un droit d’asile, en violation du droit humanitaire international. Par exemple, un de mes collègues d’Amnesty international a rencontré en 2017 un homme détenu pendant trois mois, qui a déclaré avoir été affamé et roué de coups dans un centre de détention… »
Serge Bambara, alias Smockey : « Camarades, à bas les caméléons équilibristes, les tortues à double carapace, les charognards qui veulent se faire passer pour des pigeons. Comme le disait le Che Guevara, je veux être capable de ressentir n’importe quelle injustice commise contre n’importe qui, n’ importe où dans le monde. Et dans l’actualité d’aujourd’hui, cette injustice a un nom, elle s’appelle Foly Satchivi, un activiste militant cofondateur du mouvement « en aucun cas » au Togo, dont le seul crime est de s’être opposé au régime sanguinaire et assassin de Faure Gnassingbé Eyadema, un des derniers dinosaures du règne du clan familial sans partage encore existant en Afrique. Aujourd’hui, Foly Satchivi croupit dans une cellule et reste miraculeusement en vie malgré des semaines de grève de la faim. C’est sûr que cette grève de la faim ne pourra en aucun cas faire couler une larme sur les joues maudites de ce geôlier tortionnaire… »
Claudy Siar : « J’étais triste lorsque Luc Nkulula, après avoir été emprisonné, torturé, humilié, a été assassiné dans sa modeste demeure. Je dis bien modeste demeure car tous ces combattants-là n’avaient rien. Leur plus grande richesse, c’était leur détermination à changer le monde, à changer le quotidien des leurs. On dit qu’ils sont des utopistes, mais c’est avec les utopies qu’on change le monde ».
Propos recueillis par Edwige Sanou