dimanche 24 novembre 2024

Marche de protestation de la CCVC : les élèves dans la danse !

hausse uneAprès la décision du gouvernement burkinabè, le 08 novembre dernier, d’augmenter de 75 francs CFA le prix du litre de carburant à la pompe, la Coalition nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l'impunité et pour les libertés (CCVC), appuyée par des responsables syndicaux et politiques, a décidé de marcher ce jeudi 29 novembre 2018 pour protester et exiger le retour aux anciens prix. A cette marche se sont joints les élèves des lycées et collèges qui ont déserté les salles de classe pour la Bourse du travail. Ceux qui ont tenu mordicus à se rendre à l’école s’en sont vu vider manu militari par leurs camarades en cagoule à certains endroits, qui ont pris fait et cause pour les marcheurs de ce jeudi matin.

Ce sont des élèves qui ralliaient les domiciles qu’il a été donné de voir dans les rues de la capitale ce jeudi matin vers 8h30mn. A la question de savoir pourquoi ils se trouvent hors des classes aux heures de cours, ils nous expliquent que cela est en lien avec la marche de protestation lancée par certains partenaires sociaux pour dire non à l’augmentation du prix du carburant. « Nous étions en classe lorsque nous avons entendu le bruit des motos dans la cour de l’école. Nos encadreurs nous ont fait savoir que ce sont les grévistes qui sont venus interrompre les cours. Le bureau des élèves de mon école dont je suis membre est sorti pour discuter avec eux, connaître leurs motivations et négocier afin qu’ils nous permettent de continuer les cours. Des discussions, il est ressorti qu’au regard de la marche de ce jour, tous les cours devaient être suspendus et cela était non négociable. Nous avons fait le point à l’administration qui a décidé de suspendre les cours pour sécuriser les élèves, car les grévistes étaient prêts à appeler du renfort si l’administration leur tenait tête », a expliqué Abdoul Karim Guiré, délégué aux sports du lycée Wend Manega de Ouaga 2000.

C’est avec un pincement au cœur que beaucoup d’élèves regagnent leur domicile sans recevoir le savoir qui leur était dû aujourd’hui. « Je crois qu’il faut que nous, les élèves, nous prenions conscience de la situation et arrêtions de nous faire instrumentaliser. C’est vrai que nous ne pouvons vivre en dehors des problèmes de notre société, mais cela ne devrait pas entraver notre  quête du savoir. On ne devrait pas perturber les cours à cause de cette marche, car c’est nous faire plus de tort que de bien », a ajouté Abdoul Karim Guiré.

hausse 2Approchés, certains responsables d’établissement disent avoir été ahuris de voir des élèves en cagoule malgré le communiqué du ministère de la Sécurité mettant en garde contre ce genre de pratique. « N’ayant pas entendu un communiqué officiel déclarant la journée fériée, nous avons donc ouvert nos portes. A notre grande surprise autour de 8 h, nous avons vu arriver un groupe d’élèves, une vingtaine, dans un tintamarre de klaxons, et certains étaient même cagoulés. Le bureau de l’établissement, composé du délégué général et des différents autres délégués, est sorti parlementer avec eux, histoire de comprendre la situation. Malheureusement la troupe de grévistes n’a pas été réceptive, car leur seul objectif était de vider l’établissement. Selon eux, ils ne conçoivent pas qu’eux soient en grève pendant que les autres font cours », a expliqué Issaka Kaboré, directeur des Etudes du lycée Wend Manegda de Ouaga 2 000.

Cette grève de la coalition nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l'impunité et pour les libertés (CCVC), appuyée par des responsables syndicaux et politiques, à laquelle des élèves se sont ralliés,  n’est-elle pas la brèche dans laquelle certains élèves attendaient de s’engouffrer afin de pouvoir perturber les cours du mois de décembre ? Comme il est de coutume maintenant au Burkina Faso depuis le 13 décembre 1998, date de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, la moindre occasion est bonne pour perturber la tenue des cours. « À cette allure, je crains que le mois de décembre ne soit pris en otage avec bientôt l’affaire Flavien Nébié et l’assassinat du journaliste Norbert Zongo. Ce qui pose problème au niveau de la progression dans les programmes de formation et cela joue sur le niveau des élèves », s’inquiète M. Kaboré.

Au-delà de la marche de protestation à caractère de grève nationale de ce jour, les élèves doivent revoir leur copie quant à leur manière de mener la lutte au mois de décembre. En effet, durant ce mois, les scolaires semblent ne plus avoir la concentration nécessaire pour étudier. Les esprits sont aux congés et tout est mis en œuvre pour retrouver l’ambiance des fêtes avant l’heure. « Ce que les élèves font, c’est à la limite du terrorisme : ils viennent cagoulés, avec des armes blanches, des pierres, des sifflets. C’est tout un traumatisme qu’ils causent hausse 3à la conscience collective. Et pour la relève qu’ils constituent, l’accent est plus mis sur la violence au détriment des valeurs, des méthodes civilisées comme la force des arguments. On sent une certaine instrumentalisation, de la récupération derrière leurs actions », note le directeur des Etudes de lycée Wend Manegda de Ouagadougou.

Si les élèves qui ont participé à cette marche de la CCVC ne seront nullement inquiétés, ce n’est pas le cas des fonctionnaires, à qui la hiérarchie a clairement notifié que les absences non justifiées seraient sanctionnées.

Candys Solange PILABRE/YARO et Armelle OUEDRAOGO

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