Au premier jour de l’audition du général de brigade Gilbert Diendéré, considéré comme le cerveau du coup d’Etat du 15 septembre 2015, le Premier ministre d’alors, Yacouba Isaac Zida, a été longuement accablé par ce dernier, qui le considère d’ailleurs comme la cause principale de ce coup de force. Selon l’ex-chef d’état-major particulier de la présidence du Faso, Zida avait un agenda caché et utilisait les fonds publics pour avoir à sa botte certaines organisations de la société civile. Objectif : lancer une vaste campagne d’intoxication contre les éléments du défunt Régiment de sécurité présidentiel (RSP). Nous avons rencontré Smockey, un des membres fondateurs du Balai citoyen, qui donne son avis sur la comparution de l’officier supérieur.
RIB : Que dites-vous des déclarations du général Diendéré selon lesquelles Yacouba Isaac Zida aurait distribué la somme de 50 millions de francs CFA aux OSC présentes à la rencontre à l’état-major général des armées pour que ces derniers pèsent de leur poids pour sa désignation comme président du Faso ?
Smockey : C’est avec consternation que j’ai entendu cette déclaration. Je m’attendais à un général qui allait s’assumer et être droit dans ses bottes. Ce genre d’allégations sont des mensonges juvéniles et moi, je trouve que ce serait m’abaisser que de faire un commentaire là-dessus.
Ce que je peux dire, c’est qu’à cette rencontre tous les corps de l’armée étaient représentés. Il y avait tout un parterre d’officiers. Nous étions sous la pression de la rue et chacun réfléchissait aux solutions idoines pour sauver la situation. Dans ces conditions, distribuer des billets de banque me paraît très ridicule.
RIB : Qu’attendiez-vous donc de lui comme déclaration ?
Smockey : Je m’attendais à ce qu’il assume ses responsabilités dans ce coup d’Etat comme il l’avait fait publiquement quand le coup a été déjoué avant de se réfugier à la nonciature. J’ai honte qu’un général burkinabè se dédise de la sorte. Je préfère qu’il parle des canards de sa basse-cour et laisse ceux qui ne sont pas chez lui. S’il pense que c’est en accusant X ou Y de tel ou tel acte qu’il pourra échapper à la justice…
Qu’attendez-vous comme verdict à l’issue de ce procès ?
J’espère que la justice sera impartiale, que le droit sera dit et que chacun répondra de ses actes. Nous avons remarqué que depuis le début de ce procès, presque tous les accusés nient les faits. Finalement personne n’a rien fait. Pourtant, il y a bien eu coup d’Etat, mort d’hommes et des blessés. J’attends aussi la justice sur les dossiers Thomas Sankara et les autres crimes de sang dans lesquels ce Monsieur a été cité.
Votre mot de fin ?
Je reviens sur les déclarations du général, qui sont fallacieuses. Moi, je le considère maintenant comme un général félon. J’ose croire qu’il n’a pas prêté serment avant de faire de telles déclarations. Sinon c’est catastrophique ! Moi, en tant que Smockey ou membre du Balai citoyen, je me mets à la disposition de la justice si besoin est. J’assume tout ce que je fais. Si l’on m’appelait à la barre pour quoi que ce soit, je serais droit dans mes bottes, bien que n’ayant pas le grade de général.
Propos recueillis par Saâhar-Iyaon Christian SOME BEKUONE