Pour ce premier jour tant attendu à la barre du Général Gilbert Diendéré, ils étaient nombreux à prendre d’assaut les lieux du procès. Parents des victimes, blessés, organisations de la société civile, centrales syndicales ou simples citoyens, personne n’a voulu se faire raconter le grand déballage du général de brigade.
Parking plein à craquer et longue file d’attente, c’est le constat qu’il nous a été donné de faire en cette matinée du 26 novembre 2018 dès notre arrivée sur les lieux du procès du putsch manqué de septembre 2015. Pour avoir accès à la salle, il fallait se soumettre à deux reprises à un contrôle de sécurité : le premier, dès les barrières, consistait en une fouille minutieuse au corps, et le second, à l’entrée, en une présentation obligatoire de la carte d’identité et en l’interdiction formelle de garder sur soi un téléphone portable. C’est sans rechigner que beaucoup se soumettent aux différents contrôles de sécurité. Un nombre important de personnes n’ont pu avoir accès à la salle, du fait du manque de places entre-temps constaté à l’intérieur. Certains ont rebroussé chemin ; d’autres, par contre, ont préféré attendre la pause de 13 h pour envahir la salle une fois les premiers occupants sortis se restaurer.
S’agissant de ce qui l’a motivé à venir assister à cette première journée d’audition du général Diendéré, Seydou Ouédraogo, commerçant, soutient qu’il est venu pour entendre tout ce que le général a à dire et qu’il ne voudrait rien rater du récit de celui-ci. Sayouba Sawadogo, étudiant, lui, affirme vouloir connaître la vérité en venant assister à l’audition. Il espère connaître, au sortir de la salle, les vraies raisons qui ont poussé le général Diendéré et ses hommes à prendre le pouvoir, surtout à quelques mois des élections qui étaient prévues pour décembre 2015.
Bassolma Bazié, secrétaire général de la CGT-B, quant à lui, a ainsi justifié sa présence à l’audition : « Nous avons exigé et revendiqué ce procès. Nous exigeons la justice. Il y a beaucoup de familles endeuillées et des personnes rendues impotentes. Notre présence a pour but de soutenir les blessés et les familles éplorées.
Nous ne voulons pas de justice théâtrale ni de justice des vainqueurs. Nous voulons une justice de laquelle chacun pourra tirer une leçon pour que de tels comportements soient bannis de notre pays.
Il faut qu'il y ait vérité, justice et réparation pour les victimes. Si nous aboutissons à des verdicts, il faut qu'ils soient appliqués. C'est la manipulation et l'ingérence politique qui conduisent souvent à de tels travers. » Etaient également présents dans la salle d’audience d’autres acteurs de la société civile. Il s’agit notamment de Chrysogone Zougmoré de la CCVC, de Marcel Tankoano du M21 et d’Hervé Ouattara du CAR, qui a été plusieurs fois cité par le général au cours de son récit.
En rappel, Gilbert Diendéré, général de brigade, est poursuivi pour attentat à la sûreté de l’Etat, meurtres, coups et blessures, incitation à commettre des actes contraires au devoir et à la discipline et trahison.
Armelle Ouédraogo (Stagiaire)