Dans l’Eglise catholique, se déroule chaque année la célébration des funérailles chrétiennes. Au Burkina Faso, dans tous les diocèses cette tradition est respectée chaque année. Quels sont les fondements de cette cérémonie, quelles en sont les implications ?
L’origine de la célébration des morts remonte jusqu’à la loi ancienne, jusqu’au peuple d’Israël. Ce peuple, en effet, qui seul possédait alors le véritable Esprit de Dieu, ne se contentait pas de proclamer dans ses livres que c’était « une sainte et salutaire pensée de prier pour les morts ». Il a réglé le temps et la durée de ce temps de prière. Ainsi, après le trépas du patriarche Jacob, ses fils l’ont pleuré pendant trente jours, et déterré ses ossements pour lui offrir une sépulture digne de ce nom à la terre promise quand ils ont quitté l’Egypte.Aussi, dans les livres des Maccabées et de Tobie, cette pratique consistant à rendre un digne hommage aux ancêtres a perduré jusqu’à nos jours.
C’est donc cela que l’Eglise catholique répercute par la commémoration des fidèles défunts le 2 novembre chaque année en célébrant des messes dans les cimetières. Ce mois a été institué pour la prière en faveur des âmes du purgatoire, d’où la célébration des funérailles chrétiennes dans celui-ci.
Pourquoi célèbre-t-on des funérailles chrétiennes après la fête de Pâques ?
Cela a un fondement biblique, notamment dans le Nouveau Testament quand on considère la mort et la résurrection du Christ. Selon la croyance des fidèles chrétiens de l’Eglise catholique, après la mort il y a une seconde vie dans le royaume des cieux. Cette seconde vie a été facilitée par la mort et la résurrection du Christ.
En Afrique, et surtout après le concile Vatican II en 1962, le Pape Paul VI, s’adressant aux Africains, dit : « Vous, Africains, vous pouvez et devrez avoir une évangélisation africaine ». Ce concile a ouvert la voie à l’inculturation, ce qui a permis d’introduire des éléments des cultures africaines dans les célébrations liturgiques. Et dans ces éléments peuvent intervenir ceux qui n’enfreignent pas les normes de l’Eglise. Pour cela, on trouve des célébrations de funérailles chrétiennes empreintes de cultures africaines.Pour l’abbé Cyriaque Hien, directeur de la Radio ONITAS du diocèse de Diébougou, « cette inculturation permet à chaque diocèse d’introduire les pratiques culturelles locales qui ne vont pas à l’encontre de la liturgie ». A en croire ce dernier, l’Eglise est assez regardante sur le déroulement de ces funérailles pour éviter des dérapages comme les sacrifices de poulets et bien d’autres.
Pourquoi célébrer des messes pour les morts ?
L’Eglise catholique à des dogmes, dont celui de croyance en l’existence du purgatoire qui, pour elle, est un passage obligé pour toute âme n’ayant pas fini l’expiation de ces péchés avant de s’envoler pour le royaume des cieux. Pour l’abbé Carlos Somé du diocèse de Dori, « en ces lieux, l’âme ne peut plus prier pour elle-même, elle a donc besoin de nos prières, de notre charité pour se délivrer de cette souffrance au purgatoire ». Pour saint Thomas d’Aquin ; « Dieu accueille avec plus de ferveur les prières en faveur des morts que celles que nous lui adressons pour les vivants ».
De nos jours, que peut-on dire de la célébration des funérailles chrétiennes ? Est-ce une commémoration ou des festivités organisées ?
Il est vrai que faire des demandes de messe à la mémoire de nos défunts est une idée noble, mais souvent le côté festif est privilégié au détriment de la prière, si bien que cela prend des allures de mariage, voire plus. Sans condamner ceux qui s’en justifient par la croyance que nos défunts seraient dans de bonnes conditions de vie dans l’au-delà, nous pensons que rendre ces cérémonies modestes et faire œuvre de charité au profit des plus démunis de la société serait plus bénéfique et profitable à nous, vivants, et aux défunts.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Bekuoné
