Ouagadougou, la capitale politique du Burkina Faso, est aussi celle des engins à deux roues en Afrique de l’Ouest. Et c’est peu dire d’affirmer que c’est également l’une des villes où on enregistre un fort taux d’accidents de la circulation, dont certains sont mortels. C’est en vue de remédier à cette situation que le décret no78-107/PRES/TPTU du 30 novembre 1978 a été adopté. Il rend obligatoire le port du casque pour tous les utilisateurs d’engin à deux roues motorisé au Burkina Faso, conducteurs comme passagers. Cette mesure a été entérinée par le décret 2003-418/PRES/PM/MITH/SECU/MJ/DEF/MATD du 12 août 2003 portant définition et répression de contraventions en matière de circulation routière. Mais force est de reconnaître qu’elle n’est, malheureusement, pas respectée jusqu'à ce jour.
40 ans après l’adoption du décret portant port obligatoire du casque au Burkina Faso, rares sont les motocyclistes dans les rues de la capitale Ouagadougou qui s’y conforment. En effet, sur dix motocyclistes par exemple, moins de trois portent un casque. Or, les accidents de la circulation sont quotidiens. Tenez : selon l’Observatoire de sécurité de la commune de Ouagadougou (OSCO), en 2016, cette commune a enregistré 6 845 accidents de la circulation routière ayant fait 7 544 victimes. 282 parmi elles ont perdu connaissance et 61 sont décédées des suites de leur accident. Malgré ces chiffres qui font froid dans le dos et bien que conscients de l’utilité de ce dispositif de protection en cas de choc, nombre de motocyclistes refusent de porter un casque.
A la question de savoir pourquoi elle ne porte pas de casque ce matin, Mme Ouédraogo, répond : « C’est juste de la négligence, sinon on sait que c’est important et obligatoire pour notre propre sécurité à cause des accidents mortels qui peuvent subvenir à tout moment. Ce n’est pas de la méconnaissance ». Si pour Mme Ouédraogo ne pas porter de casque relève de la négligence, ils sont nombreux, les usagers de la route qui, eux, affirment ne pas être à l’aise quand ils portent un casque. « Je n’en porte pas parce que ça me gêne. En plus, ça me fait mal au cou. En temps de chaleur, le port du casque est vraiment insupportable», affirme Alif Diallo, un étudiant.
Mais il importe de rappeler qu’après plusieurs années de répression infructueuse, l’heure est à présent à la sensibilisation. En effet, après avoir tenté sans succès la manière forte, le gouvernement burkinabè a opté aujourd'hui pour la sensibilisation à travers plusieurs campagnes. À cela s’ajoute l’organisation de caravanes par des associations et même des concessionnaires d’engins à deux roues ainsi que la gratuité des casques à l’achat d’une moto. Malgré toutes ces actions, il faut reconnaître que le port du casque peine à faire partie des habitudes des Burkinabè.
« Mon problème, c’est que je n’ai pas de casque actuellement», nous a confessé Mme Ouédraogo. Tout comme elle, Miriam Birba affirme ne pas porter de casque dans la mesure où cela ne prend pas en compte tous les paramètres. « Habituellement je porte un casque, mais depuis que j’ai fait cette coiffure il m’est impossible d’enfiler mon casque. Je propose donc qu’on tienne compte aussi des coiffures des femmes dans la confection des casques », a-t-elle souhaité.
Beaucoup de raisons sont avancées pour battre en brèche le port du casque, certes, mais personne n’ignore l’importance de ce dispositif, surtout en cette période de fin d’année où le taux d’accidents est généralement démultiplié. A chacun de faire preuve de responsabilité donc en se protégeant et en protégeant les autres usagers de la route.
Edwige Sanou