La planification familiale permet aux populations d’avoir le nombre souhaité d’enfants et de déterminer l’espacement des naissances tel qu’elles le souhaitent. Cette pratique consiste à utiliser des méthodes contraceptives et à traiter l’infécondité. Elle se présente donc comme un moyen sûr d’aider les couples à planifier les naissances de leurs enfants afin de pouvoir s’en occuper. Si le bien-fondé de la PF n’est plus à démontrer, il reste que le faible taux de prévalence contraceptive, qui est de 26,4%, dénote une faible adhésion aux méthodes contraceptives. Pourquoi donc cet état de fait ? Eléments de réponse.
Selon le département des affaires économiques des Nation unies, le Burkina Faso compte cette année plus de 19 millions d’habitants. Une population constituée en majorité de jeunes de moins de 25 ans, pour la plupart confrontés à plusieurs problèmes qui ont principalement pour noms le chômage ainsi que le difficile accès à l’éducation et aux services de santé. Pour assurer le plein épanouissement de la population, au regard de la rareté des ressources, il est urgent d’encadrer la démographie galopante. La planification familiale se révèle alors la solution appropriée pour permettre aux populations d’espacer les naissances et d’avoir le nombre d’enfants souhaité. Conscient de cela, le gouvernement burkinabè, dans le souci de rendre accessibles les méthodes contraceptives, subventionne leur achat à hauteur de 500 000 000 FCFA par an. Malgré tous ces efforts, force est de reconnaître que la planification familiale ne rencontre pas l’assentiment de tous. Plusieurs rumeurs sur les supposées conséquences négatives des contraceptifs tendent à dissuader les femmes de les utiliser. Mme Tall, commerçante, a ouï dire par exemple que le « Norplan avait beaucoup d’inconvénients et qu’il causait de nombreux problèmes de santé aux femmes ». Et Mme Coundeba d’ajouter que «la planification familiale est la bienvenue. Seulement on entend souvent dire qu’elle a des conséquences négatives. Il y a des femmes qui, lorsqu’elles arrêtent l’utilisation des contraceptifs, ont du mal à tomber enceintes et souffrent de plusieurs maladies. D’autres aussi prennent du poids ou voient leur cycle menstruel perturbé ». Aux différentes rumeurs, s’ajoute le fait que certains maris s’érigent en véritables opposants à la planification familiale. Pour eux, l’utilisation des méthodes contraceptives par leurs épouses est la porte ouverte aux infidélités. Dans la plupart des religions révélées, les méthodes modernes de contraception ne sont pas tolérées car considérées comme abortives. Pour l’abbé Benoît Sawadogo, «nous, nous considérons la plupart des méthodes contraceptives comme des méthodes abortives. Voilà pourquoi l’Eglise a opté pour les méthodes naturelles. C’est par rapport à la dignité même de l’Homme. Ce n’est pas tout ce qui est scientifiquement possible que nous devons accepter moralement». Souleymane Issaka, étudiant, embouche la même trompette que l’homme d’Eglise : « La planification familiale a des avantages et des inconvénients. Sur le plan religieux, on ne peut pas décider d’un nombre fixe d’enfants voulus. La religion permet certes d’espacer les naissances, mais pas trop non plus. La prise des contraceptifs n’est pas autorisée, mais l’utilisation de méthodes naturelles comme le coït interrompu est admise». Pour ces religions, les jeunes n’ont pas le droit d’utiliser les méthodes contraceptives car la sexualité ne doit se pratiquer que dans le mariage. Difficile de suivre cette logique quand on considère la précocité sexuelle des jeunes et leur forte contribution à la fécondité. En effet, les jeunes de 15 à 24 ans contribueraient à 12,7% de la fécondité nationale, selon le Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) 2006.
Une communication plus soutenue à l’endroit des différents acteurs sur l’opportunité de la planification familiale pour l’amélioration des conditions de vie des populations ainsi que des services de qualité adaptés à la demande pourraient contribuer à améliorer l’adhésion à l’utilisation de la contraception
Armelle OUEDRAOGO (Stagiaire)