dimanche 24 novembre 2024

Les élèves cagoulés au Burkina : Le paroxysme de l’incivisme scolaire

cagouleAu Burkina Faso, on constate de plus en plus que  les années scolaires  connaissent régulièrement des  perturbations dues notamment à des manifestations d’élèves. Aussi, ces derniers temps, constate-t-on des groupes de jeunes cagoulés,  passant dans les établissements d’enseignement dans le seul but de semer du désordre et d’empêcher la tenue des cours. Face à cette situation, le ministère de la sécurité, dans un communiqué rendu public le 11 octobre dernier, a tapé du point sur la table en annonçant la fin de la récréation à travers  des actions fortes que les forces de défense et de sécurité vont déployer pour réprimer ces élèves indisciplinés, et ce, à cause de la situation sécuritaire marquée par la recrudescence des attaques terroristes. Pour les acteurs de l’éducation, cette prise de responsabilité du gouvernement est à saluer, surtout en ce  début d’année scolaire.

 

Les grèves à répétition et l’incivisme en milieu scolaire sont devenues presque monnaie courante au Burkina Faso, pis, cet incivisme va crescendo. En effet depuis quelques temps, des élèves en cagoule sillonnent les artères de la ville de Ouagadougou, se livrant à des scènes de perturbation des cours dans les établissements scolaires. « Je pense que c’est assez grave, parce que des personnes cagoulées,  c’est d’abord l’expression du terrorisme de la voyoucratie, des hors la loi, des personnes qui viennent pour tout casser. Ce sont des personnes assez suspectes. Les personnes se cagoulent  pour ne pas qu’on puisse les dévisager dans leurs funestes actions. Du coup, quand ces personnes de mauvaise foi, sans foi  ni loi deviennent un model et une référence  pour les élèves, future génération et futurs cadres, je pense qu’il y a péril en la demeure. Cela veut dire quelque part qu’on est mal parti. C’est triste et véritablement c’est un mal qu’il faut endiguer dès maintenant, car ce n’est pas bon pour une nation. Pour moi, c’est l’expression de la violence. C’est l’expression de l’incivisme caractérisé, de l’anarchie dans la citée et du libertinage », explique Issaka KABORE, Directeur des études au lycée Wend Manegda de Ouaga 2000.

prof kabore

                                                          Issaka KABORE, Directeur des études au lycée Wend Manegda de Ouaga 2000

 

Pour M. KABORE,  ces élèves veulent imposer des diktats à travers la force et la violence, sans pour autant poser de visage et de noms après leur passage funeste. « Cela me rappelle à quelque part un mouvement dans le temps aux Etats-Unis qu’on appelait le Ku Klux Klan qui semait la zizanie au sein du peuple noir», note-t-il.

cagFace à cet acte de barbarie et de violence,  le ministère de la sécurité a fait sortir un communiqué pour mettre en garde ces individus mal intentionnés. Pour et éducateur, ce communiqué tombe à pic, car la dérive et le libertinage en milieu scolaire ont atteint leur summum. « Comme on le dit, la nature à horreur du vide. Hier il y avait de la violence en milieu scolaire, mais les faiseurs de trouble n’étaient pas sanctionnés et cagoulés. Comme il y a eu un laisser-aller, ils ont décidé de se relooker pour venir semer la zizanie d’une autre manière. Donc je pense que pour le gouvernement est dans  son rôle, un rôle qui consiste à dissuader les faiseurs de troubles, les hors la loi, comme le disait le philosophe Nietzsche, l’Etat est un monstre froid parmi les montres froids. C’est-à-dire que l’Etat doit s’imposer à travers ses symboles républicains, sa vision. C’est l’expression d’un début d’une force légale et d’une autorité légale et légitime.  Il faut que ces jeunes sachent qu’il y a un Etat qui est là pour que l’anarchie ne soit pas la chose la mieux partagée au Burkina Faso » indique-t-il.

Il y a donc lieu  d’instaurer la discipline au sein des établissements à travers  une éducation civique pour que ces deniers prennent réellement conscience des conséquences des actes qu’ils posent.  « La méthode est orthodoxe. Déjà depuis le premier cycle, il faut instaurer l’éducation civique et morale dans les établissements, afin que les enseignants aient le temps de diffuser les  valeurs de civisme  et de la  moralité aux élèves. Cela, car c’est à cet âge qu’il faut façonner l’enfant qui est encore fragile, d’autant plus que c’est une personnalité qui n’est plus maniable quand il prend de l’âge », suggère M .KABORE.

 Egalement, il faut dans les écoles, mettre un point d’honneur sur la montée du drapeau qui est un acte civique et citoyen. Cet acte doit nécessairement être accompagné de discours fort afin que l’élève s’approprie de ses devoirs citoyens et sache comment exercer aussi son droit dans la société. 

Par conséquent, qui veut s’en prendre à l’école et à ses valeurs,  s’en prend à toute la nation parce que l’école c’est le lieu de formation des futurs cadres, des citoyens honnêtes qui pourront à travers ce qu’ils ont appris durant leur cursus scolaire, défendre la nation et relever les défis. Si cette institution est attaquée, notamment par ses principaux acteurs, c’est l’effondrement de la Nation qui se dessine à petit feu.

 

Edwige SANOU

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