dimanche 24 novembre 2024

Les moustiques génétiquement modifiés : Y a-t-il péril à la demeure ?

837fde9 15380 1oj6hswL’Agence Nationale de Biosécurité (ANB) est une autorité de régulation sur les questions liées à la biotechnologie et à la biosécurité. Après maintes interpellations à examiner avec neutralité et à analyser finement la demande de lâcher des moustiques introduits par Target Malaria, celle ci a autorisé le projet à faire ses lâchers tests de moustiques « mâles stériles » en milieu ouvert dans les villages de Bana et de Souroukoudingan aux encablures de Bobo-Dioulasso ; et ce, par l’Arrêté N°2018- 453/MESRSI/SG/ANB du 10/08/2018 portant autorisation de dissémination contrôlée de moustiques mâles stériles génétiquement modifiés dans le village de Bana ou de Souroukoudingan sans la participation du public selon les opposants du projet, en l’occurrence le Collectif citoyen pour l’agro écologie (CCAE).

Au Burkina Faso, la loi 064-2012 portant régime de sécurité en matière de biotechnologie fait obligation à l’Agence Nationale de Biosécurité (ANB) de créer les conditions pour une « participation du public à l’utilisation de la biotechnologie et des organismes génétiquement modifiés et à la prise de décision ».  Cependant, selon les responsables du Collectif citoyen pour l’agro écologie (CCAE), jusqu’à preuve du contraire, l’ANB n’a procédé ni à une enquête publique, ni à une enquête ordinaire, ni à des consultations, ni à des audiences publiques, ni à un forum citoyen avant de délivrer son autorisation. «  C’est une violation flagrante de la loi, un « forçage juridique », et nous promettons d’agir en conséquence », dénonce Ali TAPSOBA, porte-parole du Collectif citoyen pour l’agro écologie.

Dans le souci de prendre le taureau par les cornes en  s’attaquant  aux problèmes à la racine, deux missions de prospection  ont été mises en place par le collectif dans les villages respectifs. Ces missions ont été marquées par des incidents majeurs. « Nous avons été l’objet d’attaque d’atteinte à notre intégrité physique de la part de personnes manipulées quand nous avons accompagné une journaliste canadienne dans les villages concernés il y a deux semaine  », confie Ali TAPSOBA.

 IMG 20180926 WA0005« À la suite des deux missions que nous avons effectuées à Bobo-Dioulasso  dans les villages prévus pour les lâchers, il est ressorti clairement que les autorités administratives et politiques n’avaient pas pris la pleine mesure de ce qui se trame avec ce projet. Les communautés locales également » explique t-il. En effet, selon le collectif, Target malaria a pris le soin de présenter ses ambitions aux leaders communautaires sans leur expliquer les enjeux de la recherche. « Le terme « transgénique » a été préféré à celui d’ « OGM » pour éviter que les populations ne fassent le lien avec le coton OGM dont l’échec n’est pas encore digéré », a-t-il confié. «  Il est donc hors de question pour nous de laisser des chercheurs continuer à mener, en dehors de leurs laboratoires, des expérimentations hasardeuses, hors de tout contrôle, aux conséquences improbables pour l’homme, les animaux et l’environnement » s’insurge t-il.

Même son de cloche du coté du Mali, un autre pays concerné par cette expérimentation des moustiques génétiquement modifiés. Pour la Coalition Nationale du Mali,  membre de la Coalition pour la protection du patrimoine génétique africain (COPAGEN) régionale, ce projet est une fausse solution à l’éradication du paludisme. Comme toute manipulation génétique forcée par la biotechnologie comporte des risques pour la santé et l’environnement, la Coalition Nationale du Mali met en garde l’opinion publique dans la mesure où ce projet comporte beaucoup d’incertitudes et sa vision erronée dévie des vraies stratégies de lutte contre le paludisme.

Si le Mali n’en est qu’à la demande d’autorisation pour l’expérimentation en milieu confiné, chose que la Coalition Nationale du Mali refuse, Le Burkina Faso est dans une phase où le lâcher de ces moustiques OGM est imminent, car ce projet a l’aval du l’ANB et des autorités politiques.

Edwige SANOU

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