La sexualité précoce est fléau qui gagne du terrain au Burkina Faso, malgré les multiples conséquences dont la plus directe est la grossesse précoce et non désirée. Une étude du ministère de l’économie et des finances, de 2012 à 2016, a recensé 6400 cas de grossesses précoces et non désirées en milieu scolaire au Burkina Faso. Plusieurs actions sont menées dans le but de venir à bout de ce fléau, sans succès. C’est dans ce contexte que les structures de sensibilisation comme le Centre de recherches et d’intervention en genre et développement (CRIGED), invite l’Etat à prendre ses responsabilités, en intégrant la question de l’éducation sexuelle dans les curricula de formation. Ce qui s’avère pour elles, la condition sine qua non pour la réussite de la lutte en milieu scolaire.
Ces dernières années, certains lycées et collèges brillent par le taux de grossesses enregistré au cours de l’année scolaire. Dans le but de venir à bout de ce problème, des structures comme le Centre de recherches et d’intervention en genre et développement (CRIGED) proposent en plus des autres actions qui sont déjà menées sur le terrain, l’intégration de la santé sexuelle et reproductive dans les curricula de formation. Pour elles, il est nécessaire d’éduquer sexuellement les élèves. Elles estiment que cela ne constitue en rien à les pervertir. Bien au contraire, pour elles, c’est un moyen de prévenir et de lutter contre tous les dangers possibles à ce niveau. « Au niveau de l’école, il faut vraiment que l’Etat fasse des efforts pour intégrer la question de l’éducation sexuelle dans les curricula de formation. Beaucoup de jeunes vont aux rapports sexuels sans avoir l’information minime », explique madame Ketura THIOMBIANO, chargé de communication et chargée de suivi-évaluation du projet « le genre, les droits sexuelles et la santé de la reproduction ».
Ketura THIOMBIANO, chargé de communication et chargée de suivi-évaluation du projet « le genre, les droits sexuelles et la santé de la reproduction »
« En 2017 nous avons été convié aux activités du ministère de l’éducation nationale où nous avons participé à l’élaboration d’un manuel sur les thématiques relatives aux mutilations génitales féminines, à la santé sexuelle reproductive et au mariage d’enfants et dont le CRIGED. Les personnes ressources du CRIGED ont aidé à monter ce manuel. Le processus au niveau du MENA va jusqu'en 2020 pour que l’intégration de ce manuel soit effectif. Présentement, l’expérimentation se fait dans 6 régions et au fur et à mesure, la généralisation se fera en 2020 », indique Mme THOMBIANO.
Pour les responsables de ce projet, ce document donnera non seulement aux élèves la capacité se prendre en charge sur le plan sexuel, mais aussi, il leur permettra d’avoir les bonnes informations et le courage de partager avec les autres. « L’introduction de l’éducation scolaire sera une reforme vraiment institutionnelle. Si les plaidoyers au niveau régional aussi aboutissent, nous pourrons dire que nous avons atteint nos objectifs, parce que les élèves seront informés » précise la chargée de communication du CRIGED.
Malgré sa pertinence, cette question ne fait pas l’unanimité. Si certains l’appréhendent comme une façon de montrer et d’habituer le sexe à l’enfant, d’autres par contre voient en cette initiative, une manière d’apporter une éducation complète à l’enfant, en ne le laissant pas découvrir le sexe à travers la télévision outre autre technologie de l’information et de la communication. « Les enfants sont de plus en plus précoces. Donc je trouve que c’est une bonne idée d’introduire l’éducation sexuelle dans les curricula de formation du secondaire. Si la jeune fille à toutes les informations qu’il faut, elle saura mieux organiser sa vie et sa santé sexuelle », confie Alimata OUEDRAOGO, parent d’élève. Issa TIENDREBEOGO, lui émet des réserves quant à ce projet dans la mesure où il estime que cela va contribuer à aggraver le fléau des grossesses précoces et non désirées en ce sens que l’éducation dans les écoles va donner l’effet inverse, car elle risque d’éveiller la curiosité des enfants.
Edwige SANOU