De 2012 à 2016 une étude du ministère de l’économie et des finances, a recensé 6 400 cas de grossesses précoces en milieu scolaire et non désirées au Burkina Faso. Ces dernières années, on assiste à une recrudescence de ce fléau. Plusieurs structures éducatives on fait de cela leur cheval de bataille. Toutefois, on constate une contradiction criarde des messages de ces différentes structures. Ce qui pourrait égarer d’avantage cette cible fragile. Pour résoudre ce problème, il faut une collaboration imminente de tous ces acteurs.
Au Burkina Faso, la sexualité précoce en milieu scolaire est un phénomène grandissant. Compte tenu de la gravité du fléau, plusieurs structures interviennent en milieu scolaire sur la problématique des grossesses précoces à travers des sensibilisations. Cependant, la difficulté majeure de ces structures se situe au niveau de la multiplicité des messages.
Certaines structures ont fait de l’abstinence leur crédo. Ce qui signifie que pour elles, il faut dire non franchement aux rapports sexuels pour pouvoir terminer ses études. « Notre message central, c’est vraiment l’abstinence, dire non franchement. Dire non franchement, c’est d’abord être conscient des dangers de la sexualité précoce pour les jeunes. Dire non franchement, c’est aussi pouvoir donner des arguments aux partenaires qui sont en face, qui proposent le rapport sexuel. Dire non franchement, c’est également exprimer le non consentement clairement pour ne pas que le non soit traduit en un oui », explique Ketura THIOMBIANO, chargée de communication et chargée de suivi-évaluation du « projet le genre, les droits sexuelles et santé de la reproduction ».
Tout comme ce projet, d’autres structures s’appuient aussi sur l’abstinence pour gagner ce combat contre les grossesses précoces et non désirées surtout en milieu scolaire, mais à défaut, elles préconisent l’utilisation des moyens de contraception. « Certaines structures viennent dire qu’il faut se protéger et montrent les méthodes. Ils y en a qui vont jusqu’à insérer les méthodes contraceptives, les norplants même aux filles de moins de 18 ans. Ils proposent même des services post-avortements. On dit post-avortements pour ne pas dire avortement mais, si on dit déjà post-avortement, si les jeunes filles savent qu’une fois enceinte, elle peut avorter et que quelques soient les conséquences il y’aura quelqu’un qui pour la secourir, elle sera encouragée et cela veut dire aussi qu’on les encourage », déplore Ketura THIOMBIANO.
Certes, les combats de toutes ces structures sont nobles, mais toutefois, la multiplicité des messages, souvent même contradictoires, joue sur la finalité des luttes. Il y a donc lieu d’harmoniser les messages pour venir à bout de ce fléau. « Dans le même milieu scolaire, si l’on a trois à quatre messages, cela ne permet pas aux enfants de prendre la bonne décision. Il faut donc que tous les acteurs s’asseyent pour pouvoir harmoniser. On pourra aller donner le message, mais tant que d’autres viendront aussi donner un contre-message, cela ne peut pas résoudre le problème. Il faut vraiment avoir un seul langage envers les jeunes », insiste Ketura THOMBIANO.
Edwige SANOU