Selon les statistiques provenant d’une enquête de la police municipale sur les lieux de beuverie que compte la ville de Ouagadougou, on comte 1279 bars, 1383 buvettes, 1705 kiosques, 93 jardins, 25 boites de nuit, 99 caves, 286 cabarets, 250 restaurants dans la capitale burkinabè. Dans ces lieux, les jeunes filles sont beaucoup utilisées pour le service et constitue de facto des « des proies faciles » pour certains hommes. Ce qui fait que très facilement dans ces lieux l’alcool coule à flot avec à côté le sexe.
C’est un secret de Polichinelle, dans la plupart des maquis et bars très fréquentés, on y retrouve de jolies serveuses. Ce qui montre que ces filles sont la base du succès de ces débits de boissons. Mais si beaucoup d’entre elles se sont retrouvées à être serveuse et à être beaucoup convoitées par des hommes avides de sexe, c’est à cause de l’adversité de la vie. « Nous sommes là, parce qu’on a cherché du travail ailleurs et on n’a pas eu gain de cause. Nous avons quitté Manga pour venir travailler à Ouagadougou pendant les vacances », confie Sonia SAWADOGO, une serveuse de 16 ans et élève en classe de 3e. Tout comme Sonia, nombreuses so²nt les filles qui n’ont pas atteint l’âge de la majorité et qui travaillent dans ces lieux où l’alcool et le sexe font souvent bon ménage.
Pourtant compte tenu de leur vulnérabilité, elles sont perçues comme des proies faciles pour certains prédateurs sexuels. « La plupart des serveuses, sinon 100% des serveuses se prostituent. Cela, parce que le salaire n’est pas consistant. Pour gonfler leur revenu, ces filles acceptent facilement les avances des clients afin de pouvoir envoyer de l’argent à leurs parents pour ce qui concerne celles qui ne sont pas nationaux. Il y a généralement deux formes. Il y a en a qui sont toujours disponibles, même aux heures de service ; d’autres c’est après la fermeture du maquis qu’elles se livrent aux clients », explique M. K, enseignant et habitué des bars et maquis.
Ces filles ont pourtant conscience de leur vulnérabilité et de la réputation qu’elles ont aux yeux de l’opinion publique et surtout des clients des bars et maquis qui les considèrent le plus souvent comme des objets sexuels, prêts à satisfaire à tout moment leur libido, moyennant quelques billets de banque. « Beaucoup de clients nous drague. Pour eux, nous sommes là pour vendre notre corps. Il y en a même s’ils gagnent l’occasion, ils vont passer à l’acte dès qu’ils t’abordent » déplore Balkissa ILBOUDO, serveuse de 17 ans en classe de 3e.
Pour M. K, la responsabilité de cette situation n’incombe pas seulement aux serveuses dans la mesure où le milieu de l’alcool peut conduire à toutes les bassesses. « Dès que l’alcool atteint un certain niveau et tu vois certains habillements des serveuses, le désir sexuel monte et pour satisfaire ta libido pressante, tu leur fait des avances » explique t-il.
Exposées à elles-mêmes, ces filles ne bénéficient pas le plus souvent de la protection des responsables des lieux. « Si le gérant lui-même gagne l’occasion pour coucher avec nous, il ne va même pas hésiter. Souvent, c’est lui-même qui nous drague pour les clients », déclare clarisse Bouda, serveuse de 16 ans et élève en classe de 3e.
Ces filles ignorant le danger des grandes villes et voulant assurer leur rentrée scolaire sont venues innocemment et naïvement travailler à Ouagadougou. Et n’ayant pas eu plus de chances que d’autres, elles se sont retrouvées dans ces milieux où l’alcool et le sexe coulent souvent à flot. Pour elles, l’heure est actuellement au regret. « C’est la première et la dernière fois que nous faisons le métier de serveuse », martèle Balkissa ILBOUDO excédée par toutes ces avances et le désir sexuel qu’elle attise chez beaucoup d’habitués des bars et maquis.
Edwige SANOU Alexiane YAMEOGO (stagiaire)