« Le terme addiction vient du mot latin « addictus » qui signifie « esclave pour une dette ». L’addiction est synonyme de dépendance et sa définition se base sur des critères établis par des classifications internationales des troubles mentaux. Néanmoins nous pouvons retenir qu’elle est un phénomène caractérisé par l’impossibilité répétée de contrôler un comportement, celui-ci visant à produire du plaisir ou à écarter une sensation de malaise interne, et qu’il est poursuivi malgré la connaissance de ses conséquences négatives sur le plan médical, psychologique et social », explique le Dr Richard OUEDRAOGO, Addictologue. Il y a plusieurs types d’addictions qui existent. Nous distinguons les addictions avec substance (alcool, tabac, cannabis, cocaïne, certains médicaments, etc.) et les addictions sans substance ou comportementales (sexe, écrans, jeux de hasard, achats pathologiques, la dépigmentation, le travail, etc.). Très souvent méconnue, la dépendance aux médicaments existe et ne touche pas uniquement les consommateurs d’héroïne en recherche de produits plus faciles d’accès. Elle est une maladie grave en ce sens qu’elle fait souffrir le patient et son entourage en raison de ses conséquences négatives sur la santé.
Les addictions médicamenteuses sont une forme d’addiction qui se traduit soit par une consommation excessive de médicaments, soit par une difficulté à ralentir ou stopper un traitement médicamenteux après une maladie. Elle est une réalité en ce sens que certains médicaments provoquent de véritables dépendances. « Il s’agit généralement des médicaments utilisés pour leurs effets tels les tranquillisants, les somnifères, les produits utilisés pour traiter l’anxiété et autres », explique Hamidou ILBOUDOU, secrétaire par intérim du Comité national de lutte contre la drogue.
L'addiction est un problème majeur de santé publique, car elle peut avoir des conséquences graves au plan sanitaire. « Les conséquences vont dépendre du type de médicament à l’origine de l’addiction. Sur le plan psychiatrique, nous pouvons citer les altérations cognitives (mémoire, attention par exemple), les troubles anxieux (attaque de panique), la dépression, l’irritabilité et l’agressivité. Au niveau physique, il est possible d’observer des problèmes cardiaques et respiratoires, un risque d’hépatite ou de VIH s’il y a une utilisation par voie injectable, un risque de décès à des doses élevées, des troubles sensoriels et musculaires », confie Dr Richard OUEDRAOGO, psychiatre et Addictologue.
Dr Richard OUEDRAOGO, psychiatre et Addictologue
Il faut noter « qu’il est possible de guérir de son addiction, mais les rechutes sont plus fréquentes en l’absence d’accompagnement par un spécialiste », ajoute Dr OUEDRAOGO. En effet, le corps médical et l’entourage doivent être attentifs au report possible des consommations sur d’autres produits, ainsi qu’au risque d’aggravation d’une pathologie psychiatrique.
Edwige SANOU