vendredi 3 mai 2024

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Forum national de la diaspora : « Nous sommes certes à l’extérieur, mais d’une manière ou d’une autre, nous contribuons au développement de notre pays », Agathe NANGA

20180716 141727Ouvert le mercredi 11 juillet 2018 à Ouagadougou, le premier forum national de la diaspora a clos ses travaux le vendredi 13 juillet 2018 avec le face à face entre le président du Faso, Roch Marc Christian KABORE et les délégations de Burkinabè, venues des quatre coins du monde. 72h durant, les participants, ont réfléchi sur les voies et moyens à mettre en œuvre afin de mutualiser et de fédérer leurs efforts, en vue de participer efficacement au développement de la patrie mère, le Burkina Faso. Aussi, ont-ils exposé les difficultés qu’ils rencontrent dans les différents pays d’accueil et émis des recommandations pour un développement harmonieux du Burkina. Au lendemain de cette rencontre, grandeur nature, Radars Info Burkina a rencontré madame Agathe NANGA, assistante exécutive pour la direction des finances au siège de l’Union Africaine en Ethiopie. Elle est par ailleurs déléguée au Conseil supérieur des Burkinabè de l'étranger (CSBE) de la diaspora burkinabè à Addis-Abeba. Dans l’interview qu’elle nous a accordée, elle revient sur les enjeux de ce forum et sur les attentes de la diaspora pour une meilleure participation à l’édification d’un Burkina Faso en marche.

 

RIB : Du 11 au 13 juillet dernier, s’est tenu à Ouagadougou le premier forum national de la diaspora. En tant que déléguée CSBE, comment appréciez- vous l’organisation de ce cadre d’échanges avec les Burkinabè de l’extérieur ?

AN : Il faut dire que c’est une très bonne  initiative, car la tenue de ce forum atoujoursfait partie des propositions de la diaspora d’Addis-Abeba.Nous avons préparénos propositions en Janvier 2016 et il yavait une requêteadressée au président du Faso où nous demandions à ce qu’on puisse avoir un cadre autour duquel la diaspora allait se réunir et discuter afin de voir dans quelle mesure elle pourrait contribuer efficacement à la construction de la patrie mère.

 

RIB : Alors peut-on dire qu’avec ce cadre le chemin est tout trouvé pour que la diaspora s’implique enfin comme il le faut pour le développement harmonieux du pays ?

AN :Oui, je suis d’accord avec vous je pense que nous étions tous très heureux de voir qu’enfin on veuille prendre en compte les Burkinabè qui sont à l’extérieur. Nous sommes certes à l’extérieur, mais d’une manière ou d’une autre, nous contribuons au développement de notre pays, donc on s’est senti honoré et valorisé.

 

RIB : Ce cadre d’échanges, la diaspora burkinabè l’attendait depuis des années. Alors, à l’issu de ces trois jours de pourparlers, quel est l’état d’esprit de la diaspora burkinabè ? La diaspora repart-elle satisfaite ou désenchantée ?

AN :Pour le moment, on ne peut pas parler de désenchantement. On est plutôt heureux et confiant, parce que le chef de l’Etat nous a fait voir qu’il est un homme d’écoute et très ouvert. Pour preuve, à plusieurs reprises on a pu le rencontrer à Addis-Abeba, au cours de ses voyages. En plus de cela, il a de très bonnes idées et une bonne vision que nous partageons également. Ce qui fait que ce forum de la diaspora est vraiment la bienvenue.

 

RIB : Mais on sait que toute œuvre humaine n’est pas parfaite.Est ce qu’il y a des choses  à redire quant à cette formule ?

AN : Disons que comme c’est un premier test, on ne peut pas dire que c’est parfait. Comme vous l’avez dit tantôt, une œuvre humaine n’est jamais parfaite. C’est pourquoi, nous espérons que les prochaines années, nous aurons des propositions concrètes avec des plans d’affaires concrets à présenter afin que l’on nous diseoù est ce que nous pouvons utilement investir.Il faut aussi et surtout la mise en place d’un comité qui puisse suivre l’évaluation des projets qui seront mis en œuvre. Là-dessus, les délégués CSBE sont unanimes et je pense que la prochaine fois, nous allons présenterdes choses concrètes. Néanmoins, lors du forum il y a eu des propositions assez concrètes. Par exemple, une de nos CSBE a proposé qu’il yait une cotisation entre nous pour créer un barrage de la diaspora. Il ya aussi une proposition de l’Ethiopie demandant qu’on remette à jour voireinstitutionnaliser une périodicité pour les opérations « manamana » (campagne de salubrité). Cela, pour éviter que la mairie n’injecte des millions chaque année pour le curage des caniveaux.

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             Agathe NANGA, assistante exécutive pour la direction des finances au siège de l’Union Africaine en Ethiopie, déléguée CSBE de la diaspora burkinabè à Addis-Abeba

 

 

RIB : La diaspora dans son ensemble a aussi du mal à investir au pays à cause des taxes très élevées qui sont appliquées. Quelle a été la proposition de la diaspora pour rendre le pays plus attractif ?

AN :Cela est une réalité. On a beaucoup d’exemples où des Burkinabè de l’extérieur viennent pour investir au pays,  mais au finish ils abandonnentau profit  des pays voisins où ils sont mieux accueilliset où il y a moins de taxes. Nous pensons que ce n’est pas une obligation pour un jeune entrepreneur d’investir dans son pays, donc quand il prend cette initiative de venir il faut qu’il y ait des structures qui puissent l’accompagner avectransparenceet honnêteté. Nous avons constaté qu’à peine tu as pu t’installer, les taxes commencent à t’envahir. Cela est décourageant. C’est pourquoi, on ademandé au président de voir dans quelle mesure on peut revoir la copie à ce niveau. Dans le cas de Bagré Pôle par exemple, les montants sont tellement élevés que cela n’encourage pas l’investissement. Quand tu sais que tu vas investir des millions et que l’année suivante tu vas mettre la clé sous le paillasson, ce n’est pas du tout encourageant.

 

RIB : Mais est ce qu'avec ce forum, il y a une lueur d’espoir qui montre que les choses peuvent changer les années à venir ?

AN : Oui, nous avons confiance et nous espérons que les autorités vont prendre en compte nos propositions afin de nous donner le courage de venir investir dans notre propre pays.Ce n’est pas seulement les taxes qui sont un frein à l’investissement de la diaspora. Comme je l’ai dit lors du forum, on a aussi le problème de l’insécurité. Si je sais que je vais prendre mon argent pour venir investir dans mon pays et pour un « oui » ou un « non » des gens mal intentionnés viennent détruire tout ce que j’ai pu faire comme investissement, ce n’est pas du tout encourageant.

 

20180716 141825RIB : Le Plan national de développement économique et social (PNDES) est à mis parcours et les financements se font toujours attendre. Est ce que cette confiance qui renait entre les Burkinabè de l’extérieur et les autorités, fait que  la diaspora va désormaisse lancercorps et âme dans cette mise en œuvre du PNDES ?

AN :Bien sûr !Comme je l’ai dit, si nous sommes venus avec certaines propositions, c’est justement parce que nous avons confiance. Mais dans la mise en œuvre, il faut de la transparence, parce que quand on investit dans quelque chose surtout pour le changement des conditions de vie de la population au niveau sanitaire et au niveau de l’éducation, on a besoin de savoir que les bénéficiaires entrent vraiment en possession ce qui leur est envoyé comme aide. Doncon espère vraiment qu’il y aura de la transparence dans la gestion et surtout une rigueur, parce que je pense qu’au Burkina il y a des textes, mais ils ne sont pas toujours appliqués.

 

RIB : Autre point d’honneur de cette rencontre est la question de la cité de la diaspora. Quelle est votre appréciation quant à cette initiative du gouvernement ?

AN :Je suis nouvelle comme déléguée CSBE, mais à entendre nos aînés c’est quelque chose qu’ils attendent depuis plus d’une vingtaine d’années. C’estune promesse qui avait été faite et qui n’avait pas été honorée. Donc cela fait plaisir de voir que c’est en phase d’être une réalité. Mercialors aux autorités et surtout merci au président du Faso d’avoir crééun ministère destiné à la diaspora. La cité de la diaspora d’une manière générale est la bienvenue.

 

RIB : Mais concrètement  qu’est ce qu’elle va apporter dans la vie de la diaspora burkinabè ?

AN : Il faut dire que de nombreux Burkinabè ont des parents à l’extérieur et il est très difficile de faire confiance aux gens quand on est hors du pays. Il y a des exemples où les enfants ont envoyé des fonds pour tel ou tel projet et cela n’a jamais abouti. C’est pourquoi, cette cité est la bienvenue et nous en sommes fiers. Cependant, ce n’est pas pour critiquer, mais c’est juste pour que les gens constatent qu’investir dans une maison de type F3 à 30 millions de francs CFA en une année, ce n’est pas donné à tout le monde. Nous avons donc demandé l’indulgence des autorités pour voir dans quelle mesure elles peuvent revoir les délais et pourquoi ne pas proposer des terrains nus à ceux qui veulent construire. Les coûts ne sont pas accessibles, mais peut-être que  les estimations ont été faites par un cabinet d’études et cela,  en fonction des réalités du terrain ; donc à défaut de pouvoir revoir les coûts, il faut qu’on puisse revoir au moins les délais de paiement.

 

RIB : Est ce que cette citéede la diaspora n’a pas son revers de la médaille si l’on sait qu’au Burkina Faso pour avoir un logement décent c’est tout un casse-tête chinois pour ceux mêmequi résident au pays et là, on offre sur un plateau d’or des logements décents à ceux qui ont un pied-à-terre ailleurs. Est ce que vous ne trouvez pas que c’est de la discrimination positive ?

AN : Vous avez peut être raison, mais si vous avez suivi un peu l’entretien que nous avons eu avec le président, il ressort que cette cité n’est pas seulement dédiée a la diaspora. La diaspora a peut être une priorité, mais elle est dédiée à tous les Burkinabè qui peuvent y investir. En effet, selon les explications que je trouve assez convaincantes, les Burkinabè de l’extérieur pourront aussi en être bénéficiaires, afin que la diaspora ne soit pas isolée des autres Burkinabè.Quand on est à l’extérieur on est loin de la famille, donc quand on revient au pays, il faut au moins qu’on ait des gens avec qui on  peut partager le quotidien, au lieu de nous retrouver uniquement entre diaspora.Cette cité n’est donc pas seulement dédiée au Burkinabè de l’extérieur, mais également aux Burkinabè de l’intérieur.Cela veut dire que vous et moi pouvions déposer notre demande et si on vous l’octroie, vous pouvez avoir votre résidence et y résider avec la diaspora qui y sera. C’est pourquoi, nous disons qu’en fait c’est tout simplement une cité burkinabè.

 

RIB : Le vote des Burkinabè de l’extérieur sera effectif une effectivité en 2020. Le président du Faso l’a réaffirmé lors de ce forum. Mais pour y prendre part,  il est proposé d’avoir deux  documents, la carte consulaire et le passeport, excluant ainsi la carte consulaire.Quel est votre commentaire sur la question ?

AN : Le vote des Burkinabè de l’étranger est quelque chose qui est attendu aussi depuis fort longtemps et qui enfin selon la promesse de nos autorités aura lieu en 2020. Effectivement, nous avons cherché à connaitre les documents qu’il nous nous faudrait pour voter et ce qui est ressorti d’une manière globale c’est que c’est toujours en discussion. Mais il faut que ce soit un document qui permette à tous ceux en âge de voter et qui veulent exercer ce droit de le faire.Si l’on impose un document qui ne permet pas par exemple à une diaspora de pouvoir le faire, cela veut dire qu’il y a une frange de la diaspora burkinabè qui sera mise à l’écart. On a l’exemple des parents qui sont au Ghana et qui peut être sont là-bas depuis des générations, donc qui n’auront pas par exemple l’extrait de naissance du papa qui montre qu’il est du Burkina pour pouvoir établir le certificat de nationalité qui va l’amener à faire son document officielle de vote. On sait qu’en Côte d’Ivoire ils sont aussi très nombreux dans ce cas, donc pour ma part, il faudrait que les autorités y réfléchissent d’avantage pour que par exemple la carte consulaire qui n’est pas très compliquée à faire puisse être un document de vote, étant donné qu’elle se fait sur la base de document légal qui montre que tu es Burkinabè. Pour moi, quand tu l’as, elle devrait te permettre de voter.

 

Propos recueillis par Candys Solange PILABRE/ YARO et retranscrits par Alexiane YAMEOGO

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