La Télévision numérique terrestre (TNT) est le passage de l’analogique au numérique. Elle permet un autre mode d’émission et de réception des chaines sur les postes téléviseurs numérique. Toute chose qui comporte des avantages mais aussi des inconvénients.
La TNT est une étape de l’évolution du monde. Le Burkina s’inscrit en droite ligne avec cette technologie, qui à n’en pas douter, a des avantages. Avec elle, les téléspectateurs reçoivent des images plus nettes, comme celles retransmises par les antennes paraboliques. « Les images sont vraiment belles comme si tu regardais sur canal », témoigne Mme SAWADOGO.
Pour le Directeur technique de la Société burkinabè de télédiffusion (SBT) Dr. Philippe KAHOUN, la TNT permet d’éviter les « embouteillages » de chaînes de télé que l’on constatait. En effet, certaines chaines de télévision avaient tendance à prendre des routes qui ne sont pas les leurs, interférant ainsi avec d’autres chaînes. Avec la télévision terrestre, chaque chaîne a sa route à elle toute seule.
Mais cette facilité d’accès expliquée par le directeur technique de la SBT, n’est pas ressentie par beaucoup d’utilisateurs à l’instar de la famille KABORE. « Je ne sais pas pourquoi, mais mes images crachent, ce n’est pas du tout intéressant à regarder alors que j’ai un post téléviseur avec TNT incorporé », a déploré Pierre KABORE.
Il est évidemment inutile de vouloir passer au numérique avec des postes récepteurs analogiques. Ce ne sont pas tous les postes téléviseurs qui pourront capter la TNT. Toutefois, rassure Dr. Philippe KAHOUN, « Il y a ce qu’on appelle un adaptateur TNT qui est mis à leur disposition. Cette adaptation permet aux postes analogiques de recevoir le signal numérique».
Dr. Philippe KAHOUN, Directeur technique de la Société burkinabè de télédiffusion (SBT)
C’est là d’ailleurs que se trouve le souci de Mme SAWADOGO. « Le véritable problème c’est que tu dois aller acheter un décodeur pour adapter ta télé. L’acheteur a dit que ma télé répond aux nouvelles normes technologiques et à la TNT. Mais je vous assure que lorsque par exemple une télévision est en test je reçois les images, mais après le test plus rien, je ne retrouve plus la chaîne. Ça donne un goût amère en moi concernant la TNT », s’est-elle indignée.
Quoi qu’il en soit, ce passage au numérique est un bon point pour les Burkinabè qui ont maintenant un paysage médiatique télévisuel plus animé et pluriel au regard de toutes ces chaines de télévision qui sont actuellement en test. « Avec la TNT, la possibilité sera donnée aux chaînes privées de pouvoir se déployer sur l’ensemble du territoire si elles le veulent bien. la population qui n’avait accès qu’à la chaîne publique qu’est la RTB, aura en plus de la RTB des chaînes privées, donc une diversité de programmes à leur choix, ce qui leur permettra de regarder les forums qui les intéressent » explique Dr. Philippe KAHOUN.
« Notre identité culturelle est menacée »
L’omelette ne pouvant être croustillante sans l’inconvenante brisure des coquilles d’œufs, la TNT a aussi des désavantages. Sa mise en œuvre comporte des enjeux culturels et économiques.
Pour le Dr. Philippe KAHOUN, nos programmes locaux sont en danger. « La TNT est entrain de faire en sorte qu’il y ait beaucoup d’autres possibilités de voir des chaînes étrangères sur nos territoires. Et bien ! Ce sont nos programmes locaux qui prendront le coup, plus personne n’aura envie de suivre nos chaînes locales. Notre identité culturelle est menacée », a-t-il expliqué.
Mais pour affronter cette menace, le patron de la technique de la SBT pense que les chaînes locales doivent mettre l’accent sur une meilleure formation des agents, avoir des bonnes productions et programmations. « Il faut réaliser des productions de qualité et de proximité. Il faut aussi que ces produits soient attrayants. Il faut ensuite qu’au niveau de la programmation, il y ait un agencement de sorte qu’un programme ne chasse pas un autre » a-t-il conseillé.
La TNT n’est pas un projet comme tout autre projet, affirme Dr. Philippe KAHOUN. C’est un projet avec des contraintes financières et sa mise en œuvre bouscule l’ordre des priorités du gouvernement.
Judith TCHIMADI