Au Burkina Faso, le cancer du col de l’utérus est un problème de santé publique, car étant le deuxième cancer de la femme après celui du sein. Si cette maladie est mortelle, elle n’est cependant pas une fatalité, car si elle est détectée à temps, elle peut être traitée et guérie. Si, aujourd’hui, elle touche de milliers de femmes à travers le pays, elle peut tout de même être évitée à condition de respecter une bonne hygiène sanitaire.
Classé au Burkina Faso comme la première cause de mortalité due à un cancer chez les femmes, le cancer du col de l’utérus reste un sérieux problème de santé publique. En 2012, il a été diagnostiqué selon Dr Alimata Jeanne Diarra NAMA, représente de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Burkina Faso, chez cinq-cent-vingt-huit mille (528 000) femmes de part le monde et deux-cent soixante six mille (266 000) d’entre elles, en sont décédées.
Selon l’OMS, le nombre de décès dans les pays en voie de développement, comme le Burkina Faso avoisine 90% des cas chaque année. C’est pourquoi, des campagnes de sensibilisation et de dépistage gratuit sont organisées pour non seulement informer des dangers de cette maladie, mais aussi et surtout motiver les femmes à se faire dépister davantage. Malheureusement, en dépit de toutes ces actions de communication, ce nouvel ennemi de la santé féminine reste méconnu par certaines femmes. « Je ne connais que le cancer de seins et de la gorge. Je ne connais pas le cancer du col de l’utérus. Je n’ai aucune information sur cette maladie », déclare Mme YODA, ménagère.
Dr Clotaire HIEN, gynécologue obstétricale
Il faut tout de même noter que le cancer du col de l’utérus est l’un des cancers que l’on peut prévenir, et qui peut être pris en charge s’il est détecté à temps. « Le cancer du col de l’utérus est l’un des cancers chez la femme dont les causes sont connues, donc la prévention et la guérison sont possibles. C’est le seul cancer que l’on peut vraiment prévenir à 100%. Il est dû à l’infection du col par un virus, appelé PAPILLOMA Virus Humain (HPV). C’est un virus cosmopolite, c’est dire que l’on peut le trouver partout dans le monde. En plus de cela, il est dans l’air ambiant. Ce qui explique la facilité de sa contraction. Les rapports sexuels et certaines manipulations de l’organe de la femme, peuvent favoriser l’introduction de ce virus à l’intérieur du vagin qui vont profiter se fixer et se développer pour donner le cancer du col de l’utérus », explique Dr Clotaire HIEN, gynécologue obstétricale.
Un signe anormal au fonctionnement de l’appareil génital, devrait tirer la sonnette d’alarme et emmener chaque femme à aller se consulter le plus rapidement possible. « Il se manifeste par plusieurs signes. Mais les signes les plus visibles sont d’abord les saignements. Ces saignements n’ont rien à voir avec les menstrues. Cela peut être observé lors du rapport. C’est un signe d’alarme qui doit nous motiver à nous rendre dans les centres de santé. Un autre signe alarmant peut être les douleurs. Cela peut être des douleurs du bas ventre ou des douleurs intra vaginales permanentes qui montrent déjà l’état avancé de la maladie. Il y a aussi les écoulements, les pertes blanches, ou même la pue qui coule à travers le vagin due à l’infection du col fragilisé par le cancer », note t-il.
Quoi qu’il en soit, « il ne faut pas attendre l’apparition de ces signes pour se rendre dans les centres de santé. En effet, c’est l’un des cancers visible à l’œil nu, comparativement aux autres cancers. Toutes les femmes qui ont une vie sexuellement active, doivent en principe faire une suivie fréquente du col afin qu’en cas de problème, l’on puisse détecter et traiter à temps et le traiter. Le cancer met près de dix (10) ans pour se manifester. C’est pourquoi, à partir de vingt cinq (25) ans, toutes les femmes doivent commencer une suivie de leur col et ce, tous les trois (03) ans », insiste Dr HIEN qui déplore tout de même la précocité de cette maladie, d’où les nombreuses victimes enregistrées chaque année.
« Prévenir vaut mieux que guérir », dit-on. C’est pourquoi, les femmes selon le gynécologue doivent avoir une hygiène de vie et de santé à toute épreuve. « Des précautions d’hygiène doivent être prises lors des rapports sexuels et lors de la manipulation de l’appareil génital. Actuellement, la meilleure prévention reste le vaccin. Il existe deux vaccins qui peuvent protéger la femme. Ils doivent être administrés à des périodes précises de la vie de la femme ; le premier se fait avant le premier rapport sexuel de la jeune fille. Mais, ces vaccins sont un peu couteux et demandent des rappels. Ce qui n’est pas toujours évidents, surtout au Burkina Faso où la pauvreté a un visage féminin. Comme autre moyen de prévention il y a le dépistage régulier. L’examen régulier du col peut aussi nous permettre de diagnostiquer la maladie à temps et de la prendre en charge rapidement », confie t-il.
Edwige SANOU