Le monde entier est en lutte actuellement contre la pandémie de coronavirus. Au Burkina Faso, a la date du dimanche 5 avril 2020, on comptait au total 345 cas confirmés, 90 guérisons et 17 décès. Pour comprendre comment nos sociétés faisaient naguère face à une épidémie, Radars Info Burkina s’est entretenu tour à tour avec un sociologue et un tradipraticien.
Selon Anicet Sawadogo, sociologue, quand autrefois une épidémie survenait en Afrique, les populations étaient persuadées que cela relevait du mystique. « On attribuait cela aux sorciers. L'épidémie la plus fréquente était la rougeole. En ce qui concerne la quarantaine, si par exemple une épidémie de rougeole survenait au moment où une femme était allée rendre visite à sa famille, celle-ci était tenue d'y rester jusqu'à la fin de ladite épidémie. En règle générale, en Afrique on croyait que la fin de la saison sèche était synonyme de fin des épidémies. Et dès que les premières pluies commençaient à tomber, on mettait fin à la quarantaine. Les sous-groupes organisaient la gestion de l'épidémie. C’est ainsi qu’au sein des familles, on limitait drastiquement les déplacements. Seuls les chefs de famille étaient autorisés à sortir. En cas de nécessité, des personnes-ressources, par exemple les féticheurs, qui sont supposés jouir d’une protection particulière, pouvaient se rendre dans un village voisin touché et donner un produit pour le traitement d'un patient non lié à l'épidémie. En outre, on faisait des sacrifices pour conjurer le mal », a-t-il expliqué.
« En cas d'épidémie, il était fortement déconseillé de rendre visite aux malades pour éviter la propagation de la maladie. On se contentait alors de dire qu'il y avait du mieux, même si le malade était à l’article de la mort. La propagation des maladies les plus contagieuses était évitée grâce au confinement. Ainsi, les contacts avec les malades étaient très réglementés en Afrique comme c’est le cas de nos jours dans les hôpitaux. Les chefs de famille ainsi que les chefs de village étaient très respectueux et respectés si bien que généralement, il n'y avait aucun souci quant au respect des consignes », a poursuivi le sociologue.
Qu'en était-il de la gestion des malades autrefois ? A cette question, M. Sawadogo répond qu’on isolait ces derniers. « Quand les malades n’étaient pas nombreux, on les mettait dans une case isolée des autres. C’étaient, pour la plupart, des maladies dont on était immunisé quand on les avait contractées et qu’on en était guéri, si bien que les malades rétablis étaient mieux outillés pour s'occuper des autres. Pour certaines épidémies, on construisait des abris temporaires sur des collines ou dans des clairières pour héberger les malades », a-t-il fait savoir.
A en croire Ousmane Ouédraogo, président de la Fédération nationale des tradipraticiens du Burkina (FENATRAB), par le passé, il y avait des médicaments pour se laver afin d'être immunisé contre les maladies contagieuses. « Les malades étaient pris en charge par les sages du village, qui leur faisaient boire des décoctions ou leur en donnaient pour se laver et ils recouvraient ainsi la santé », a soutenu le tradithérapeute.
Aly Tinto