samedi 23 novembre 2024

Insécurité au Sahel : Des explications sur la non-revendication de la majorité des attaques au Burkina

ins uneSelon les Nations unies, les attaques terroristes au Mali, au Niger et au Burkina ont fait au moins 4000 victimes (civils et militaires confondus) en 2019. On enregistre une hausse de 174% du nombre d'incidents en 2019 au Burkina Faso. Ces attaques terroristes sont à l’origine du déplacement de 700 000 personnes au Burkina Faso. Fait notable, la majorité desdites attaques sur le territoire burkinabè ne sont, curieusement, pas revendiquées par les groupes terroristes. Pour en savoir davantage à ce propos, Radars Info Burkina s’est entretenu avec Mahamoudou Sawadogo, ancien gendarme et spécialiste de l'extrémisme violent dans le Sahel.

De l’avis de Mahamoudou Sawadogo, attaques terroristes ne riment pas forcément avec revendications. « Dans la définition de l’attaque terroriste, le terme ‘’revendication’’ n'apparaît pas. Néanmoins, on avait l'habitude, dans des pays comme l'Irak et la Syrie, de voir les attaques être revendiquées », a-t-il précisé. M. Sawadogo a souligné que dans le cas spécifique du Burkina Faso, le pays est attaqué par deux types de groupes terroristes qui ont des modes opératoires différents. « Il y a le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), qui revendique couramment ses attaques. Il a un appareil de communication bien élaboré qui permet de revendiquer ses attaques et même de faire chaque mois le point de la situation de ses attaques, de ses réussites. Il a un site Internet sur lequel il fait de la propagande. Par contre en ce qui concerne l'autre groupe, à savoir l'Etat islamique au grand Sahara (EIGS), dont la sphère d'influence est plus ou moins l'Oudalan et l'Est, la revendication est l'exception. Il revendique rarement ses attaques. ins 2Donc c'est en fonction du mode opératoire des groupes qu'il y a revendication ou non. Pour le cas du Burkina, il y a des attaques qui ont été revendiquées dans certaines zones ; par contre, dans d'autres lieux c'est le silence après les attaques », a argumenté l'expert.

« En outre, un autre phénomène s'est greffé au terrorisme : il s’agit de la grande criminalité transnationale. En effet, les groupes terroristes se servent également de ces grands criminels pour mener des attaques. Donc lorsque ces derniers perpètrent leurs attaques, ils n’en font pas l'écho parce que l'objectif n'est pas terroriste mais plutôt criminel.  ins 3Voilà qui pourrait expliquer pourquoi la majorité des attaques ne sont pas revendiquées par les groupes terroristes au Burkina », a ajouté le spécialiste.

Dans cette situation, un dialogue est-il envisageable par les autorités burkinabè ? « Le GSIM est bien structuré. Avec lui, il est donc possible d'envisager un dialogue. Les Maliens par exemple sont en contact avec ce groupe. Il s'agit de la katiba du Macina d’Amadou Koufa et d’Al-Qaïda avec Iyad Ag Ghali. Etant donné que nous sommes tous dans le bloc du G5 Sahel, il n'y pas de raison que le Mali dialogue avec ces groupes et que le Burkina n’en fasse pas autant. En vertu du principe des relations diplomatiques entre le Mali et le Burkina, on doit pouvoir entrer en contact avec ces groupes et dialoguer. Par contre, pour ce qui est de l'EIGS, qui est un groupe très radical, le dialogue va être difficile. Il n'y a vraiment pas de contact en tant que tel avec ce groupe. Mais déjà si on arrive à dialoguer avec un des groupes, ça peut être un avantage sérieux pour nous, une occasion qui va nous permettre peut-être d'être assez fort pour combattre l'autre groupe qui est radical », a dit en guise de conclusion Mahamoudou Sawadogo.

Aly Tinto

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