Il est 20h. Sur le boulevard des Tensoba, certains commerçants ferment boutique et se préparent à rentrer chez eux. Les mécaniciens, pour la plupart ont quitté les lieux il y a un grand laps de temps. Mais Adama BIRBA est différent des autres mécaniciens. Pendant que ses collègues, après une longue journée de labeur, regagnent leurs familles la nuit pour se reposer, Adama BIRBA fait tout le contraire ; c’est pendant la nuit qu’il exerce son métier de mécanicien. Une façon de travailler qu’il a choisie et dont il ne regrette pas.
Adama BIRBA est du genre à ne pas se compliquer la vie. Il ne trouve aucun inconvénient à se partager son aire de travail avec une vendeuse de fruits, qui l’exploite dans la journée. « Le matin, la dame vend ses mangues et ses bananes. Elle rentre chez elle vers 18h30. Moi je viens une ou deux heures plus tard. Donc il n’y a pas d’embouteillages », plaisante le jeune homme.
Cela fait huit (8) ans qu’Adama BIRBA travaille comme mécanicien de nuit sur le boulevard des Tensoba. Durant toutes ces années, sa méthode de travail est restée la même : pas de matériel superflu. Juste une table, quelques tournevis, des pinces, mais toujours de nombreuses bougies de rechange. Car la panne de bougie est plus récurrente, nous explique-t-il. « En général, ce sont les bougies qui ne fonctionnement pas. Soit elles sont de mauvaise qualité, soit elles se sont amorties. C’est pourquoi je prévois toujours de nombreuses bougies de rechange », démontre l’expérimenté.
« Je reste ici jusqu’au petit matin »
Adama BIRBA est un forcené du travail. C’est le moins que l’on puisse dire au regard du rythme de vie surhumain auquel il est soumis. « Je travaille au cours de la journée, dans un atelier de mécanique dans la quartier Benogo de Ouagadougou. Et la nuit à partir de 20h, je viens dans mon propre atelier. Je reste ici jusqu’au petit matin. Il y a clients qui viennent à trois (3) heures du matin pour que j’arrange leurs motos », confie le couche-tard.
Mais à y bien réfléchir, Adama BIRBA ne se repose presque pas. Mais comment fait-il pour ne pas craquer ? « Je n’ai pas de secret particulier. Je ne travaille pas à temps plein toute la nuit. Il y a des moments où il n’y a pas de clients. J’en profite pour m’endormir un peu. Et lorsque je rentre à la maison au petit matin, je me repose un peu avant de rejoindre l’atelier à Benogo. J’arrive à jongler. Mais je suis tout de même obligé de fumer de la cigarette pour pourvoir tenir », avoue le mécanicien.
« Il y a des nuits pendant lesquelles je peux avoir plus de quinze mille francs CFA »
Adama BIRBA est conscient de la particularité de son métier et confie rencontrer pas mal de difficultés. « Travailler la nuit est beaucoup risqué car tu rencontres toutes sortes de personnes aux intérêts divergents. J’ai été plusieurs fois agressé et volé. Mais tout travail comporte des risques », se console-t-il.
Malgré tout, le métier s’avère juteux et le jeune mécanicien ne compte pas s’y défaire pour rien au monde. « Je peux dire que dans la ville de Ouagadougou, je suis l’un des rares mécaniciens qui travaillent la nuit. Ce qui fait que de nombreux clients viennent chez moi. Cela m’arrange car il y a des nuits, surtout les weekends, où je peux avoir plus de quinze mille francs CFA », se félicite Adama BIRBA. « Je ne regrette pas d’exercer la nuit et je ne changerai de place pour rien au monde car j’ai réussi à fidéliser ma clientèle », prévient-il.
RGB