Les Sages du comité « Appel de Manéga » ont formulé des recommandations pour la réconciliation nationale au Burkina Faso. Ces prescriptions sont-elles bien accueillies par les deux parties (victimes et bourreaux) ? Quel est le délai de leur mise en œuvre ? Y a-t-il une différence entre les recommandations du collège de Sages sous le régime déchu et celles de l’Appel de Manéga ? Le Secrétaire général du comité de l’Appel de Manéga, Lookman Sawadogo, nous donne des éléments de réponse.
La facilitation par les autorités du retour des exilés politiques, la tenue d’un forum de réconciliation nationale inclusif auquel devront prendre part les exilés politiques, une contrition publique de la part de tous les auteurs du coup d’Etat du 16 septembre 2015 et de la part des acteurs de l’insurrection, voilà, entre autres, les recommandations des Sages de l’Appel de Manéga.
Les recommandations des Sages de l’Appel de Manéga et celles du collège de Sages en 2001, selon le Secrétaire général du comité de l’Appel de Manéga, sont les mêmes pour ce qui concerne le cas des crimes de sang. A l’en croire, les recommandations, même si elles ne sont pas formulées de la même façon, ont la même visée, c'est-à-dire la réconciliation nationale. « Par exemple, le collège de Sages en 2001 a recommandé une journée de pardon, Des indemnisations. Les Sages de l’Appel de Manéga, eux, recommandent la justice traditionnelle comme préalable», a-t-il rappelé. Pour lui, ces recommandations conduiront, si elles sont bien menées, inexorablement à la réconciliation nationale. 
« La différence fondamentale, c’est que le collège de Sages de 2001 avait été mis en place par l’Etat sous le régime de Blaise Compaoré. Pour celles issues de l’Appel de Manéga, c’est la société civile qui a pris les devants », a soutenu le SG du comité de l’Appel de Manéga. Il ajoute que c’est une différence structurelle importante qui mérite d’être soulignée.
Ces recommandations, a indiqué M. Sawadogo, au regard de l’urgence qu’il y a en termes de réconciliation, de sécurité et de paix, les Sages avaient suggéré qu’elles soient mises en œuvre avant 2020, précisément avant les élections du 22 novembre prochain, pour éviter qu’il y ait des crises majeures. Au demeurant, le SG du comité a déclaré que sur une échelle de 0 à 10, ils peuvent se donner une note de 8/10 pour ce qui est de l’acceptation dans chaque camp. Le seul point d’achoppement, c’est la contrition publique demandée par les Sages. A ce sujet M. Sawadogo déclare que c’est un problème de compréhension et un amalgame. « Ce que les Sages entendent par contrition ici, c’est d’abord le tort fait à la société par tout le monde. Il s’agit plutôt d’une affaire d’humilité et de grandeur d’esprit en non d’une sanction politique », a-t-il expliqué. Il a remercié ceux qui ont apprécié positivement les recommandations de l’Appel de Manéga. « Il n'y a pas d’autres solutions que de mettre tout en œuvre pour créer des conditions d’apaisement et de réconciliation », a-t-il conclu.
Obissa Juste Mien
