En plus des armes comme moyen de lutte contre l’extrémisme violent, la culture est un moyen assez efficace pour l’Afrique de venir à bout de ce phénomène. De ce fait, chefs coutumiers, artistes musiciens et anciens ont une part contributive importante à apporter dans cette lutte. Vie communautaire, respect des anciens, solidarité et hospitalité sont, de l’avis du ministre burkinabè de la Culture, des valeurs cardinales qui permettront d’endiguer le péril terroriste.
Selon le ministre burkinabè de la Culture, Abdoul Karim Sango, « si les valeurs culturelles de références que sont notamment le respect, la tolérance, l’hospitalité et la solidarité sont promues et enseignées, nous réussirons et viendrons à bout des fondements idéologiques et culturels de l’extrémisme violent ». Pour lui, le déclenchement des mécanismes de l’extrémisme violent est parfois dû à la méconnaissance ou au mépris de nos systèmes de valeurs en raison des influences extérieures mondialisées qui les relèguent au rang de traditions désuètes.
De l’avis de l’artiste musicien Oskimo, la culture est essentielle dans la lutte contre l’hydre terroriste. Pour lui, c’est parce que les peuples ont mis de côté leurs coutumes et connaissances endogènes au profit des droits de l’homme que nous en sommes là aujourd’hui. Il estime que si nous revenions dans une vie communautaire très bien hiérarchisée de nos campagnes à nos villes, ce problème ne serait pas à ce niveau de gravité. Selon lui, la musique est un puissant moyen de sensibilisation qu’il faut privilégier comme additif aux moyens de lutte.
Le Naaba Tanga d’Antenne ville, lui également, estime que nos valeurs ancestrales, les rites et traditions, le respect des anciens, l’intérêt pour la vie en communauté et surtout l’éducation des enfants de tous par tous étaient des valeurs incommensurables qui évitaient aux Burkinabè certains problèmes que vit le pays des hommes intègres. Par le passé, il indique que tout visiteur était présenté au chef du village avant son intégration. Pour le ministre de la Culture burkinabè, chaque peuple, chaque groupe social a sa culture qui peut s’enrichir au contact de celles des autres. Pour lui, il convient que chaque membre de la société africaine respecte les valeurs communément admises et concourt au bien de chacun et de tous. Il ajoute que pour que la médiation culturelle assure notre vivre-ensemble, il faut éviter que des groupes armés arrivent à imposer leurs comportements, leurs valeurs aux paisibles populations. De plus, il indique qu’il est inacceptable pour un Africain d’accepter que des bandes armées arrivent à renier le droit à la différence culturelle et à imposer leurs préférences à nos communautés qui ont une longue tradition de vivre-ensemble. Abdoul Karim Sango, embouchant la même trompette que la philosophe Hannah Arendt, affirme que seul ce qui dure à travers les siècles peut revendiquer d’être objet culturel. De ce fait il estime que la culture africaine en elle-même contient les sources de la résilience à la barbarie ambiante.
De ce fait, un appel a été lancé aux acteurs du monde culturel à œuvrer pour un retour à ces valeurs ancestrales en vue d’une lutte efficace contre ces forces du mal.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné