Le Conseil supérieur de la communication (CSC) veut réguler la diffusion des séries brésiliennes dites « télénovelas » pour atténuer leurs effets néfastes sur le public jeune. A ce propos, il a eu le vendredi 27 septembre 2019 une rencontre d’échanges avec les responsables des télévisions publiques et privées nationales ainsi que Canal+Burkina sur le contenu de leurs programmes servis au public. Après quoi, le « gendarme » burkinabè des médias a décidé en début janvier qu’à compter du 1er février 2020, les télénovelas devront être diffusées tard dans la soirée sur les chaînes locales et verrouillées par un code parental sur Canal+Burkina.
« Depuis quelque temps, le CSC est interpellé par des parents et des organisations de la société civile sur les conséquences sur la jeunesse burkinabè des ‘’télénovelas’’ diffusées par les chaînes de télévision. En effet, ces séries, qui comportent souvent des scènes peu pudiques et promeuvent des mœurs légères, sont diffusées à des heures de forte audience et accessibles au public jeune», a indiqué le CSC en septembre 2019.
Selon l’organe de régulation, à l’issue de la rencontre du 27 septembre 2019, ces responsables des télévisions ont donc décidé, pour assumer leur part de responsabilité dans l’éducation et la protection du public jeune, de repousser les heures de diffusion à plus tard dans la soirée, au moment où les enfants sont censés dormir ou à une heure où leurs parents sont à la maison et peuvent les empêcher de suivre les programmes inadaptés à leur jeune âge. Ils proposeront d’ailleurs très bientôt à l’instance de régulation un créneau horaire dans ce sens.
«Il était attendu que les responsables de médias reviennent avec leurs propositions d'horaires. Comme cela n'a pas été fait trois mois après, le CSC a pris l'initiative de donner un délai qui court jusqu’au 31 janvier 2020, espérant que cela puisse faire avancer les choses. Evidemment, le débat est lancé et cela va permettre à tous les acteurs de trouver la solution appropriée. La réflexion continue d’être menée pour trouver la bonne décision », explique le directeur de la Communication et des Relations publiques (DCRP) de l’institution, Hamidou Idogo.
Quant aux chaînes « Novelas » et « Nollywood » sur Canal + Burkina, elles seront cryptées. « Le cryptage fait que le signal n’est pas automatiquement disponible et il faut un code parental pour déverrouiller la chaîne concernée pour accéder aux images. Du coup, ça responsabilise les parents », a précisé le vice-président du CSC, Abdoulazize Bamogo, sur la Télévision nationale du Burkina (TNB).
Comment certains téléspectateurs et téléspectatrices des télénovelas apprécient-ils cette décision du « gendarme » des médias ?
«Selon moi, avec le modernisme ce ne sont pas seulement les télénovelas qui ont des effets néfastes sur les enfants. Ce que les enfants savent est ahurissant. Dans leurs téléphones portables, il y a du tout. J’aime suivre les feuilletons indiens. Actuellement, c’est « L’amour sans limites » qui est diffusé sur une chaîne nationale que je suis. Les Indiens n’aiment pas les scènes obscènes dans leurs films. C’est rare de voir deux jeunes Indiens s’embrasser dans un feuilleton », affirme Mariam, une commerçante. « Diffuser ces feuilletons aux heures tardives, précisément à partir de 22h, c’est mieux. Au moins les parents sont rentrés du boulot et ils peuvent à ce moment-là empêcher les enfants de suivre les feuilletons. Sinon les codes, les enfants sont tellement doués qu’ils sont capables de les trouver », déclare pour sa part Mme Sanou.
Quant à Alassane Zagré, il dit ne pas suivre les télénovelas mais cela ne l’empêche pas de dire : « Le problème ne réside pas dans les feuilletons ; c’est le monde qui est devenu ainsi. Même si les enfants ne suivent pas la télévision, il y a les réseaux sociaux auxquels ils ont facilement accès.»
Aly Tinto