Le mois de décembre rime depuis plusieurs années avec perturbation des activités scolaires. En effet, c’est au cours de ce mois que sont commémorés les assassinats du journaliste Norbert Zongo et de l’élève Flavien Nébié. Mais le constat qui peut être fait est que les élèves qui ont fait de ces deux affaires un problème personnel étendent les revendications de justice au-delà des jours marquant les dates anniversaires et usent souvent de méthodes peu orthodoxes pour faire adhérer leurs camarades à leurs causes. Une situation qui perturbe énormément le calendrier scolaire et à laquelle les autorités en charge de l’éducation peinent à trouver une alternative définitive. Radars info Burkina a tendu son micro à quelques éducateurs et parents d’élèves, qui font ici des propositions pour une fin du premier trimestre plus sereine.
Comment venir à bout des troubles qui secouent les établissements scolaires chaque année au mois de décembre ? De l’avis de Souleymane Badiel, secrétaire général du F-SYNTER, il convient de s’attaquer aux causes de ces manifestations. En effet soutient-il, « il faut prendre en compte un aspect important qui regroupe les éléments déclencheurs de cette situation qui sont entre autres l’assassinat du journaliste Norbert Zongo et de l’élève Flavien Nébié. Il est important qu’il y ait des avancées sur ces facteurs déclencheurs, qui permettent de montrer qu’il existe une volonté de s’attaquer courageusement à la question de l’impunité. Si des réponses sont apportées aux causes, cela permettra de faire la distinction entre un certain nombre d’acteurs qui agissent dans cette situation ». Mis à part cela, il convient, selon M. Badiel, de repenser le système éducatif burkinabè car il ne serait pas adapté. « Il faut souligner que notre école est en crise. Le système éducatif n’est pas véritablement adapté à nos réalités. Il faut courageusement oser une réflexion dans le sens de construire une école qui correspond à nos réalités et pour la construction de laquelle tous les acteurs voudraient apporter leur contribution. Cela devrait permettre d’apporter des réponses à un certain nombre de maux qui sont aujourd’hui récurrents dans l’éducation ».
Pour Dieudonné Ouédraogo, professeur des lycées et collèges, il faut passer par la sensibilisation des premiers concernés que sont les élèves mais envisager aussi des solutions palliatives. « Il ne faut pas se lasser de sensibiliser les élèves pour qu'ils prennent conscience qu'ils sont les premières victimes de ces perturbations, d'autant plus que perdre beaucoup d'heures de cours est synonyme d'inachèvement des programmes scolaires. Mais en attendant que les dossiers pris pour prétexte par les scolaires pour perturber les cours soient jugés par la justice, et dans l'impossibilité pour la police de déployer des fonctionnaires de police devant chaque lycée du pays pendant cette période de perturbation des cours, la solution qui pourrait être envisagée, c'est que les cours débutent dans les établissements secondaires en début septembre et non en octobre. Ainsi, le gouvernement pourrait fixer désormais les congés du 1er trimestre au début du mois décembre, la période qui coïncide avec les dates anniversaires de l'assassinat de Norbert Zongo et de Flavien Nébié ». De l’avis de notre interlocuteur, l’arrestation de certains élèves responsables des troubles et leur incarcération pourraient être un couteau à double tranchant, en ce sens que cela pourrait engendrer des mouvements d'humeur des autres apprenants pour exiger leur libération et par conséquent occasionner des suspensions de cours. « Le remède à un mal ne doit pas être plus préjudiciable que le mal lui-même », a-t-il ajouté entendre.
Pour Céline Zoungrana, parent d’élève, il revient à chaque parent de savoir conseiller son enfant sur les bons comportements à adopter. « Toutes ces grèves durant le mois de décembre font que beaucoup d’établissements n’arrivent pas à finir les programmes et les résultats sont catastrophiques aux examens de fin d’année. Il est vrai que les autorités doivent prendre des dispositions afin que cela prenne fin, mais il faut que chaque parent parle à son enfant et lui dise de se consacrer à ses études et laisser la justice faire son travail dans ces deux affaires. Leurs manifestations, à ce que je sache, n’ont jamais pu faire bouger les choses », soutient-elle.
Armelle Ouédraogo