Le Mouloud ou Mawlid an-nabab, qui marque la naissance du prophète Mohamed, bien que célébré par bon nombre de musulmans, est absent des textes coraniques. De ce fait, et vu que cette fête n’a jamais été célébrée du vivant du prophète de l’islam, certains courants musulmans estiment qu’elle n’a pas lieu d’être.
Selon Abdel Hafid Benchouk Muqqadam, écrivain et représentant de la voie soufie Naqshbandi, fêter le Mawlid el nabaoui, c’est-à-dire la naissance du prophète Mohamed, c’est se souvenir de cet envoyé de Dieu pour rappeler son message. C’est donc, à son avis, une fête pour tous ceux qui aiment le prophète Mohamed. A titre indicatif, l’on peut citer les soufis qui maintiennent cette célébration par amour pour le prophète. Ils justifient cela par le fait que, selon eux, le prophète de l’islam a été accueilli à Médine par des chants et des cris de joie. Ce qui traduit, pour eux, une marque de son acceptation de cette célébration. Pour lui, cette fête populaire se caractérise par des chants et écrits dans un style poétique et hagiographique racontant la vie du prophète, sa naissance, la manière dont il a reçu la révélation en tant qu’envoyé de Dieu, parce qu’il personnifie ces qualités que nous recherchons, le noble dont parle le Coran. Pour les adeptes des courants musulmans qui célèbrent cette fête, si Mohamed ne l’a pas instituée comme telle, c’est surtout à cause du fait que lui-même ne pouvait pas le faire parce que cela aurait été considéré comme de l’orgueil de sa part.
A l’opposé de ceux qui célèbrent cette naissance du prophète, Abdel Hafid Benchouk indique que les musulmans salafistes ne la célèbrent pas pour plusieurs raisons. Selon lui, ce courant de musulmans affirme que le Mouloud n’est pas d’une fête religieuse. Pour les adeptes de ce courant, se fondant sur une parole prêtée au prophète, il n’existe que deux fêtes en islam, à savoir le petit aïd (Ramadan) et le grand aïd (Tabaski). Ceux-ci accusent donc ceux qui célèbrent la naissance du prophète d’innover, d’ajouter quelque chose à la religion qui n’existait pas.
Pour Abdel Hafid Benchouk, écrivain Muqquadam représentant de la voie soufie Nasqhbandi, depuis que les Wahhabites d’Arabie saoudite inondent le monde entier de leurs livres et de leurs fatwas, les célébrations du Mawlid se raréfient. Pour cela, ce dernier estime que l’islam a été dépouillé de son esprit vivant et qu’il ne reste plus que son squelette.
Cette fête,bien que sa célébration soit controversée, se célèbre partout dans le monde entier dans le 12 rabi al awal (le 3e mois du calendrier musulman). Au Burkina Faso cette année, la célébration se fera dans la nuit du 9 au 10 novembre.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné