vendredi 19 avril 2024

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« Il ne faut pas compter sur nous pour regretter l’insurrection populaire », dixit Éric Ismaël Kinda, porte-parole du Balai citoyen

balLe Balai citoyen est l’un des principaux mouvements de la société civile burkinabè qui ont organisé les manifestations de rue en 2013 et 2014 qui ont abouti à la chute de Blaise Compaoré. Depuis le mois d’août dernier, Éric Ismaël Kinda en est l’un des porte-parole. Dans cet entretien accordé à Radars Info Burkina, il revient sur l’insurrection populaire et la gouvernance actuelle.

Radars Info Burkina : Il y a cinq ans, Blaise Compaoré quittait le pouvoir sous la pression de la rue. En tant qu’acteur de cette contestation populaire, quels souvenirs gardez-vous de la journée chaude du 31 octobre 2014 ?

Éric Ismaël Kinda : J’ai le souvenir d’un peuple qui était déterminé et qui faisait barrage à une imposture. L’autre chose qui me revient en tête, ce sont ces personnes anonymes qui n’ont pas toujours été devant les caméras mais qui ont apporté leur contribution à la réussite de l’insurrection. Je n’oublie pas les femmes qui étaient à toutes les manifestations et qui sont même sorties avec des spatules et des balais le 26 octobre 2014 pour empêcher Blaise Compaoré de modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir.

RB : Au regard des insuffisances de la gouvernance actuelle, certains insurgés expriment aujourd’hui des remords. N’ont-ils pas raison ? 

EIK : Des remords ? En tout cas en ce qui nous concerne au Balai citoyen, il ne faut pas compter sur nous pour regretter l’insurrection. C’est un mouvement qui avait pour objet d’apporter quelque chose pour que notre démocratie se renforce, donc nous n’avons pas de regrets. Cela ne signifie pas que nous sommes entièrement satisfaits de la gouvernance actuelle. Il y a eu l’insurrection et après les élections. Un régime a été élu ; malheureusement il est venu pour se servir. On est unanime que la gouvernance actuelle ne satisfait pas. Les gens dans ce pays savent conquérir le pouvoir mais ne savent gouverner au profit du peuple. C’est une situation qui n’étonne pas ceux qui sont avertis. Ceux qui sont actuellement au pouvoir ont géré le pays avec Blaise pendant 27 ans. Ils savaient quand même ce qui se passait ! Les problèmes sécuritaires que connaît le Burkina semblent surprendre les autorités actuelles. Pourtant, elles savent que le pays a été pendant longtemps une base arrière de terroristes. Chaque jour il y a des attaques terroristes par-ci par-là avec le même mode opératoire et pratiquement les mêmes réponses aussi. Cela veut dire qu’on n’était pas préparé à ça. On se demande s’il y a une stratégie de défense du régime actuel. Je crois qu’il n’y en a pas. S’il y en avait, cela n’allait certes pas empêcher les attaques mais aurait contribué à réduire leurs effets. La gouvernance actuelle ne va pas. Chaque jour la presse révèle des scandales dans la gestion du bien public. L’une des plus grandes révélations scandaleuses est l’affaire du charbon fin. Et vous avez vu la réaction du ministre de tutelle ! Elle est également scandaleuse.

RB : Parlons des solutions contre le terrorisme. D’aucuns prônent l’unité nationale à travers une réconciliation avec le retour des exilés politiques. Qu’y répondez-vous ?

EIK : Quand on parle de réconciliation, il faut en préciser le contenu. Est-ce qu’aujourd’hui la préoccupation majeure des Burkinabè, ce sont les bagarres entre les politiciens d’une certaine génération ? Ce sont les politiciens qui ont gouverné ensemble pendant 27 ans qui ne s’entendent pas. Les autres  Burkinabè n’ont rien à y voir. Nous disons aussi que la réconciliation ne peut pas se faire sans justice.

RB : Blaise Compaoré, parlons-en. Ses partisans appellent à son retour ; lui-même l’a souhaité et a exprimé sa volonté de se mettre au service de son pays dans la lutte contre le terrorisme. Qu’en pensez-vous ?

EIK : Que ses partisans appellent à son retour, c’est leur droit. Que lui-même souhaite rentrer dans son pays, c’est aussi son droit. D’ailleurs quand nous sommes sortis les 30 et 31 octobre, ce n’était pas pour exiger qu’il quitte le pays mais plutôt pour qu’il ne modifie pas la Constitution et ensuite pour qu’il quitte le pouvoir. Nous sommes preneurs  de toute solution visant à permettre aux Burkinabè de vivre ensemble, mais cela doit se faire conformément à la loi.

Propos recueillis par Péma Néya

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