Bien qu’à l’origine de plusieurs accidents mortels de la route, les motos grosse cylindrée sont loin de décourager les passionnés. Sur les bords de la lagune Ebrié, il y a eu un cas tout récent qui a eu un retentissement continental, voire mondial, à savoir le décès de l’artiste musicien Arafat DJ des suites d'une collision avec un véhicule automobile. Comment sont organisés les passionnés de ces gros engins au Burkina Faso reste une grande interrogation pour plusieurs personnes. Radars Info Burkina a tendu son micro à l’Association des motards du Burkina pour en savoir davantage.
Radars Info Burkina (RB) : Quelles sont les activités menées par l’Association des motards du Faso ?
Sergio Silvano Kaboré (SSK) : Comme activités, l’association fait de la sensibilisation à la sécurité routière et au port du casque dans presque toutes les villes. Quand les membres que nous sommes sortent pour des virées en motard, ils en profitent pour sensibiliser les habitants des localités traversées à la sécurité routière. Car une chose est d’entrer en possession d’une moto et une autre est de savoir rouler dans des conditions de sécurité pour soi-même et pour les autres. Et notre public cible, ce sont souvent les élèves que nous touchons pour leur montrer l’importance du respect du Code de la route et celle du port du casque.
RB : En matière d’activités, que faites faites-vous exactement ?
Pendant ces activités, on procède à des dons de matériel de protection à la population mais aussi à certaines autorités de la police nationale et de la gendarmerie.
RB : Quels sont les critères d’adhésion à votre association ?
SSK : L’adhésion à cette association est volontaire et libre. Toute personne propriétaire d’une moto ayant plus de 250 cm3 de cylindrée et qui a la passion de la moto peut être membre de l’association. L’inscription est précédée d’un acte d’intégration que le nouveau membre signe. Cet acte l’engage à avoir tous ses papiers en règle, c’est-à-dire une carte grise, sa visite technique à jour, une assurance moto et enfin de s’engager à faire le permis moto. Il faut préciser qu’à ce niveau, il y a plusieurs personnes qui ont un permis de voiture qui leur permet de rouler les motos de moins 90 cm3 , mais elles ne sont pas autorisées à rouler avec de grosses motos. Ainsi, nous donnons un délai de six mois à une année à tout nouvel adhérent pour qu’il régularise sa situation. Il faut préciser qu’il y a des propriétaires de grosses motos qui ne sont pas dans l’association. Quand nous rencontrons des propriétaires de grosses motos en ville qui roulent sans le minimum de protection tels le casque et les chaussures, nous les accostons pour les sensibiliser, mais cela souvent n’est pas bien perçu par ceux-ci, parce qu’ils se disent indépendants, ils disent qu’ils ont payé leur moto avec leurs moyens. Cela fait que tout le monde ne peut pas faire partie de l’association ; la condition sine qua non, c’est le strict respect du règlement intérieur.
RB : Quel est exactement le type de permis qu’il faut détenir pour conduire ces grosses motos ?
SSK : Il faut avoir le permis de conduire moto, notamment celui de la catégorie A1. Dans les auto-écoles, c’est enseigné et la plupart du temps, chaque candidat au permis peut rouler à moto, car il est censé en maîtriser la conduite. Nous appelons nos motos nos femmes. Et on ne peut prêter son épouse à quelqu’un d’autre.
RB : Dans quelles dispositions doit-on être pour conduire ces engins ?
SSK : De manière pratique, il faut dire que la moto et l’alcool ainsi que les autres excitants ne font pas bon ménage. Même si la moto est une expression de liberté, il faut avoir une certaine tenue, un certain état d’esprit pour la conduire. Quand on consomme de l’alcool ou des stupéfiants, on n’est plus dans un état physique, émotionnel et mental normal, ce qui peut conduire à des accidents de la route.
La règle sacrée en plus de cela, faut-il le rappeler, c’est de se protéger en tout temps quand on est à moto. Aux parents qui achètent des motos à leurs enfants, je dirai qu’il faut savoir qu’il faut leur donner les rudiments du Code de la route et les sensibiliser à la protection à travers le port du casque. Quand on se déplace à moto, il faut éviter de slalomer entre les véhicules, il faut circuler sur la piste destinée aux cyclomoteurs. Car il y va de la sécurité du conducteur et de celle des autres.
RB : Quelle est la réglementation en matière de circulation de ces engins en agglomération et quels sont les endroits pour faire les acrobaties ?
SSK : Dans la réglementation, les acrobaties de motard ne sont pas permises en pleine ville. La réglementation veut que tout engin qui doit faire l’objet d’acrobaties soit acheminé dans un endroit prévu à cet effet par un véhicule. A Ouagadougou, il y a un endroit aménagé à cet effet à Saaba. Cela est une initiative d’Etalon moto club, une association sœur, et des Endurés du Faso. Ceux-ci exercent leur sport en toute sécurité parce que le terrain est aménagé à cet effet et qu’ils ont le matériel pour protéger leur intégrité physique. Il faut aussi signaler que les acrobaties se font avec les moto-cross ou semi-cross. Les cross ne sont pas autorisés à circuler en agglomération. Les autres motos ne sont pas adaptées pour faire des acrobaties.
Pour mémoire, l’association les motards du Faso a été créée depuis 2014 par quatre personnes amoureuses de grosses motos, à savoir Moussa Derra, WilioAlidou, Jonas Coulibaly et Bruno Barthèse. Elle a été reconnue officiellement par le ministère de l’Administration territoriale en 2015. Elle compte de nos jours plus de 100 membres. Cette association est en contact avec les autres de la sous-région.
Propos recueillis par Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné