La musique objet de plaisir, mais comme les autres sons, elle peut aussi devenir un danger si on l’écoute trop longtemps à un volume trop élevé. Dans la capitale burkinabè, nombreux sont les bars et maquis qui sont aménagés sans une étude acoustique poussée. Les disques joker n’étant pas acousticiens malgré leur intention de bien faire, ils n’arrivent pas à contrôler convenablement le niveau de décibels pendant leurs animations.
Selon Leon Dah, professeur de musique à l’institut national de la formation artistique et culturelle, « au Burkina Faso, les gens font de la musique à partir de l’oreille, parce que jusqu’à l’heure où je vous parle, il n’y a pas encore un acousticien au Faso. L’acoustique, c’est la discipline qui permet de régler le son par rapport à l’espace dans lequel l’évènement se déroule. Il peut s’agir du réglage du volume des instruments quand c’est un jeu d’orchestre de sorte que le son de tous les instruments soit agréable à entendre. Dans une salle de spectacles ou un bar, l’espace qui rayonne devrait être calculé pour doser la musique, pour régler le son pour que le spectateur ou le client écoute la musique sans être dérangé ni perturbé par la hauteur du son. Si la musique est dominante, les gens entendent de la mauvaise musique et ça dérange. C’est une question d’acoustique et cela se calcule. Si par exemple vous jouez dans le stade du 4-Août, tout ce que vous émettez comme son doit être bien réglé et bien dosé sinon vous assourdissez les gens. Trop de bruit peut assourdir ou endommager les oreilles ».
A en croire le Docteur Minh Dung NGHIEM, « la musique agit sur l’homme par la mélodie, l'harmonie, la masse orchestrale et le rythme ». Pour lui, la mélodie, ou suite des tonalités (tons, notes) ou air de la chanson, est perçue par le cerveau droit qui peut concevoir un plaisir esthétique, agissant sur l'humeur et conditionnant, semble-t-il, « la sensibilité d'un peuple ». 
La dominante harmonique dépendant des relations entre les sons aigus et les sons graves, leur codification, dans le contrepoint permet de combiner plusieurs mélodies en produisant un effet agréable pour la sensibilité européenne (musique baroque). La partie harmonique de la musique est perçue par la fonction analytique du cerveau gauche. Elle provoque l'éveil et est réputée développer l'intellect en augmentant le Q.I. (quotient intellectuel).
S’agissant de la masse orchestrale ou puissance sonore des instruments de musique, « la loi reconnaît que les sons sont dangereux pour l'oreille au-dessus de 85 décibels ». Or, l'écoute des « musiques jeunes » et des « musiques nouvelles » se fait souvent dans une ambiance sonore de plus de 120 décibels (concerts rock, rap, couper décaler discothèques, baladeurs), indique Dr Minh Dung NGHIEM.
Aussi la surdité générale ou partielle est-elle en croissance continue chez certains mélomanes. Si la fréquence est trop grande, certains circuits n'ont pas le temps de récupérer avant l'arrivée de nouvelles ondes et leur conduction finit par se bloquer : c'est la « tétanisation ». Il s'ensuit que certaines parties du cerveau, notamment les organes servant à la perception fine des sons, se coupent du monde extérieur, qui cesse d'être perçu et reconnu. Pendant ce temps où la perception est comme suspendue, annihilée, le cerveau droit émotionnel continue à être stimulé par certains battements. Cet état de fait plonge souvent l’intéressé dans une transe. « La transe serait un état de conscience altérée où le cerveau intellectuel est perturbé puisque coupé du monde extérieur et le cerveau émotionnel excité au maximum », martèle le Dr Minh Dung Nghiem.
De ce fait, dans les bars et maquis, tous ces paramètres doivent être pris en compte pour éviter que les clients subissent certains désagréments pendant les écoutes sur un long temps de musique.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné
