dimanche 24 novembre 2024

Zone industrielle de Kossodo : Des travailleurs et des ouvriers expliquent leur situation de précarité

industr uneLe Burkina Faso est un des pays les moins industrialisés d'Afrique de l'Ouest. L’industrie compte pour 23 % du PIB et emploie au moins 10 % de la population active. La capitale Ouagadougou et la ville de Bobo-Dioulasso sont les zones où sont implantées  les industries. Radars Info Burkina est allé à la rencontre de travailleurs et ouvriers dans la zone industrielle de Kossodo.

En cette matinée du samedi 14 septembre, nous arrivons dans la zone industrielle de Kossodo. Des camions chargés de fer, de ciment et de boissons occupent les voies principales. Quelques clients sont visibles dans les restaurants à ciel ouvert.

Nous constatons un groupe de personnes sous un hangar derrière le mur d’un grand magasin en train d’échanger pendant que des camions sont positionnés devant la porte. Ce sont des manutentionnaires. Ils ont comme tâche quotidienne de décharger des camions qui arrivent dans la zone avec des denrées alimentaires comme le riz et les tourteaux de coton  et le fer.

« J’ai 20 ans d’activés ici dans la zone industrielle. Je suis un journalier comme tous mes collègues. Nous travaillons en groupe de 10 personnes. Nous sommes payés à 500F par tonne de riz déchargée.  Dans la soirée, chacun peut espérer avoir 5000F. Dans ces conditions, il est difficile d’économiser. Ce serait mieux si les patrons pouvaient payer 1500F par tonne de marchandises déchargées. Mais nos tentatives de négociations pour obtenir une augmentation du prix sont restées vaines», explique ce monsieur de 42 ans.

A l’en croire, à la descente, les magasiniers les rackettent  en plus. Pour espérer revenir travailler le lendemain, il faut leur tendre de l’argent.

Nous les quittons pour arriver à un autre lieu. C’est un jeune vigile qui est posté devant une brasserie. Il est placé par une société de sécurité. « J’ai une seule journée de repos dans la semaine. Je monte la garde de 6h à 18h.  J’ai 50 000F par mois comme salaire. Je ne parviens pas à subvenir à mes petits besoins, en plus les conditions de travail ne me permettent pas d’exercer d’autres activités. Pourtant selon les informations, la société qui  soustraite avec l’usine gagne sur chaque vigile 250 000F le mois », confie ce vigile.

Dans un restaurant, nous trouvons un monsieur qui vient de quitter une usine de brasserie. « Je suis à mon 4e mois dans la brasserie. C’est une société d’électricité, de soudure, de mécanique et de maçonnerie qui m’a placé ici. Je fais la soudure et le montage. Nous tous de la même section sommes payés entre  250, 300, 400 et maximum 900 F à l’heure. Le problème est que je travaille avec cette société sans contrat, sans prise en charge des risques de travail.  Quand le salaire tombe tôt, c’est le 12 du mois », indique-t-il.

industr 2Près de lui, un monsieur en tenue de travail est en train de prendre un café. Il travaille dans une usine de fer depuis 2 ans en tant que conducteur. Il conduit un camion de transport des matériaux  de construction.

«Tous les jours sauf dimanche, je travaille de 8h à 17h, souvent jusqu’à 21h. C’est un contrat de travail à durée déterminée avec un salaire de moins de 100 000F par mois. Les travailleurs sont beaucoup exploités ici. Les employeurs ne veulent pas engager des discussions avec nous dans le but d’améliorer nos conditions de vie et de travail.  Je pense que c’est mieux que l’Etat passe souvent s’entretenir avec les travailleurs ici sur leurs conditions de travail», confie un conducteur de 38 ans, père de trois enfants.

Devant une usine de production de fer, un travailleur qui a plus de 10 ans de service nous raconte : « Seuls Dieu et nous savons les difficultés que nous rencontrons dans cette usine. Il y a des travailleurs ici qui ont 17 ans de service, qui ont un salaire de moins de 100 000 F CFA. Je suis dans l’usine ça vaut 16 ans. Mon salaire a atteint 80 000F il n’y a pas un an, suite à nos luttes. A vouloir discuter pour l’amélioration des conditions de vie et de travail, ce sont les licenciements qui s’opposent. En plus  il y a des discriminations  dans le traitement salarial. Des travailleurs qui ont des indemnités de logement, de transport.  Leurs indemnités sont trois fois supérieures au salaire  d’un  travailleur qui a 17 ans de service. »

Selon lui, c’est pire au niveau des journaliers. Certains ont 6 ans d’activités sans être déclarés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Ils travaillent à 1250F  par jour pendant 7h de travail sans la moindre protection. Beaucoup ont été blessés gravement ici sans être accompagnés dans les soins.  Pour éviter d’être épinglé par la CNSS, l’employeur ne les laisse pas travailler continuellement. Après trois semaines de travail, ils se reposent une semaine avant de revenir.

Aly  Tinto (Stagiaire)

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